Pétrole : l’Opep veut jouer la prudence et maintenir ses quotas de production

[27/05/2009 18:38:33] VIENNE (AFP)

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étrolier près de Bassorah en Irak le 3 février 2009 (Photo : Essam al-Sudani)

L’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) semblait mercredi vouloir jouer la prudence et maintenir ses quotas de production à la veille d’une réunion à Vienne car même si ses membres jugent le marché sur-approvisionné, elle ne souhaite pas entraver la reprise économique.

Le chef de file du cartel, le ministre saoudien du pétrole Ali al-Nouaïmi, a relevé mercredi quelques signes positifs sur le marché pétrolier, fortement ébranlé depuis des mois, sans pour autant vouloir que l’Opep, qui fournit 40% de l’or noir mondial, prenne de décision concrète dans l’immédiat.

M. al-Nouaïmi, dont le pays est le premier pays producteur mondial de brut, a reconnu que la récente remontée des prix du baril autour des 60 dollars était “un signe d’optimisme” pour la reprise économique mondiale.

Mercredi, les prix évoluaient en hausse à Londres comme à New York, au-dessus des 62 dollars, touchant même des niveaux pas atteints depuis novembre, dans un marché optimiste sur une reprise de la demande dans les mois à venir.

“Le marché est actuellement déséquilibré mais il commence à s’équilibrer”, a diagnostiqué le ministre saoudien, rejetant toutefois l’hypothèse d’une hausse de production, encore loin des préoccupations actuelles du cartel.

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érien de l’Energie et des mines Chakib Khelil parle à des journalistes le 27 mai 2009 avant une réunion de l’Opep à Vienne. (Photo : Samuel Kubani)

Pragmatique, l’Opep, qui souhaite un baril à 75 dollars pour que les producteurs puissent investir dans l’exploration et la production, ne veut pour l’heure se montrer trop impatiente au risque de saboter une remontée des indicateurs économiques.

Le ministre saoudien avait d’emblée laissé entendre mardi à son arrivée dans la capitale autrichienne que l’Opep devrait opter pour le statu-quo. “Nous allons continuer sur notre lignée”, avait-t-il déclaré.

Et même si le ministre des Ressources pétrolières du Nigeria, Rilwanu Lukman, a estimé que “les prix pourraient être meilleurs”, la posture du chef de file du cartel semble faire consensus.

“Les prix se stabilisent et même augmentent, pourquoi changer ?”, a interrogé le ministre algérien de l’Energie, Chakib Khelil, estimant qu’il y avait un consensus au sein du cartel en ce sens.

Le ministre iranien du pétrole Gholam Hossein Nozari a aussi indiqué qu’il s’attendait à ce que l’Opep ne change pas son niveau de production jeudi.

“Une réduction de l’offre de l’Opep est de moins en moins probable”, ont comme en écho relevé des analystes de JBC Energy, qui avaient auparavant anticipé une baisse des quotas.

Depuis septembre dernier, l’Opep a décidé de retirer du marché 4,2 millions de barils par jour (mbj) pour enrayer la dégringolade des prix du brut qui étaient tombés jusqu’à 32,40 dollars à l’automne, fixant son plafond de production à 24,84 mbj. Il s’agit de son niveau le plus bas depuis 2003.

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étrole à Taft, aux Etats-Unis, le 21 juillet 2008 (Photo : David Mcnew)

Interrogé mardi sur la croissance des volumes de stocks de pétrole, en particulier dans les pays industrialisés, M. al-Nouaïmi s’est cependant dit “constamment préoccupé” par des stocks trop élevés.

Les pays de l’OCDE notamment ont des stocks pour 62 jours. “Nous préférerions que ce soit 53 jours”, a déclaré le ministre.

Le ministre émirati de l’Energie, Mohammad Ben Zaïen Al-Hameli, a de même estimé mercredi que le marché “est certainement sur-approvisionné” mais qu’avant de prendre toute décision, l’Opep devra “regarder les chiffres”, se référant aux efforts de chaque membres pour respecter les quotas.

Parmi les tenants d’une ligne plus dure au sein du cartel, le ministre vénézuélien du pétrole, Rafael Ramirez, a jugé que le marché souffrait d’un excès d’un mbj mais que cette situation s’améliorerait si l’Opep était fidèle à ses engagements. Le ministre algérien a reconnu que les efforts du cartel s’étaient relâchés depuis mars.