BAA a deux ans pour céder trois de ses sept aéroports britanniques

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éroport de Gatwick, le 19 novembre 2008 (Photo : Adrian Dennis)

[19/03/2009 15:39:19] LONDRES (AFP) La commission britannique de la concurrence a confirmé jeudi sa volonté de briser le monopole de fait de l’opérateur aéroportuaire BAA, en lui donnant deux ans pour céder trois de ses sept aéroports au Royaume-Uni, dont Stansted que l’intéressé voudrait conserver.

“Nous avons décidé que la seule manière de résoudre les atteintes aux passagers et aux compagnies aériennes résultant de l’absence totale de concurrence entre les aéroports de BAA dans le sud-est (de l’Angleterre) et entre ceux d’Edimbourg et Glasgow, était d’obliger BAA à céder à la fois Gatwick et Stansted, ainsi que Edimbourg ou Glasgow”, a résumé la Competition Commission, dans son rapport final sur le marché aéroportuaire britannique.

BAA, qui a déjà mis en vente Gatwick en septembre, à la suite de la publication des recommandations préliminaires de la commission, a deux ans pour exécuter cette décision, et devra vendre ces trois aéroports dans l’ordre suivant: d’abord Gatwick, puis Stansted, et enfin l’un des deux aéroports écossais.

Comme elle avait dit en avoir l’intention, la commission va par ailleurs recommander au gouvernement de renforcer la régulation du secteur aéroportuaire. Celle-ci est dévolue à une autorité indépendante, la Civil Aviation Authority (CAA), qui est accusée par les compagnies aériennes d’être trop favorable à BAA.

BAA, qui avait lancé dès septembre la vente de Gatwick sans attendre la remise de ce rapport final, mais qui conteste la nécessité de céder l’aéroport de Stansted (deuxième aéroport de l’agglomération londonienne), a répondu qu’il allait étudier en détail les décisions de la commission, avant de décider ou pas d’en faire appel.

“Nous acceptons le besoin de changer, et BAA est déjà en train de changer: nous nous sommes déjà réorganisés pour améliorer nos services, et nous avons lancé la vente de Gatwick”, a souligné le groupe aéroportuaire dans un communiqué.

“Cependant, nous estimons que l’analyse de la Commission est faussée, et que les solutions qu’elle préconise pourraient ne pas être réalisables dans les conditions économiques actuelles”, a ajouté BAA.

De leur côté, les compagnies aériennes se sont globalement réjouies, notamment la compagnie irlandaise à bas coûts Ryanair, qui a fait de Stansted sa principale base, ou encore sa rivale britannique easyJet, qui a salué “un excellent travail”.

“L’un des monopoles les plus puissants de l’histoire de la Grande-Bretagne va être brisé sur l’enclume de ce qui semble également être le régulateur le plus puissant que l’on ait jamais vu”, a commenté de son côté Douglas McNeill, analyste de la maison de courtage Blue Oar Securities.

Il a balayé les arguments de BAA mettant en avant la crise pour tenter d’amadouer la Commission: “récession et crise du crédit ou pas, BAA ne pourra pas prétendre qu’il ne trouve pas d’acquéreur, car il y a toujours des acheteurs, du moment que le prix est assez bas”, a-t-il souligné.

BAA, ancien groupe public privatisé en 1987 et racheté en 2006 par le groupe de BTP espagnol Ferrovial pour 10,1 milliards de livres, possède avec Heathrow (premier aéroport international de la planète), Gatwick et Stansted, les trois plus grands des cinq aéroports desservant l’agglomération londonienne.

Même configuration en Ecosse, où BAA possède les trois principaux aéroports, Edimbourg, Glasgow et Aberdeen, et où la concurrence est donc pratiquement réduite à néant.

Son septième aéroport britannique est situé à Southampton, sur la côte sud de l’Angleterre.