Allemagne : la récession étend son emprise sur le marché du travail

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à Dresde (Photo : Norbert Millauer)

[26/02/2009 13:12:46] FRANCFORT (AFP) Le chômage en Allemagne s’est de nouveau étendu en février sous l’effet de la récession, mais le pire reste à venir pour la première économie européenne, ce qui risque de réduire à néant l’espoir d’un réveil de la consommation.

Selon les chiffres annoncés jeudi par l’Agence pour l’emploi, le taux de chômage brut, qui fait référence dans le débat public, a grimpé de 0,2 point de pourcentage à 8,5% de la population active en février.

Au total, quelque 3,552 millions de personnes étaient à la recherche d’un emploi, soit 63.000 de plus que le mois précédent, la hausse mensuelle la plus forte depuis 2005. Certains économistes avaient craint une progression de plus de 100.000.

Mais le recours massif au chômage technique, où les salariés sont mis en congé forcé mais reçoivent une partie de leur rémunération payée par l’Etat, a permis d’alléger la facture.

Des géants industriels comme BASF ou Daimler aux petites PME, un large pan de l’industrie allemande a lancé ces mesures pour faire face à la chute de la demande mondiale, qui frappe de plein fouet le pays, très dépendant des exportations.

“Les trois indicateurs clés du marché du travail ont évolué de manière négative : le chômage, l’emploi et la demande en main d’oeuvre”, a déclaré le président de l’agence Frank Weise, cité dans un communiqué. Dans ce contexte, le chômage technique a joué un rôle stabilisateur, a-t-il ajouté.

Selon l’agence, le nombre de personnes concernées par ces mesures pourrait presque doubler pour atteindre quelque 670.000 vers février 2009.

Mais le président de l’agence s’est refusé à jouer les Cassandre. Il n’y a pas pour le moment de signe de plan massif de suppressions de postes, a-t-il souligné lors d’une conférence de presse. Il mise toujours sur un chômage en moyenne de 3,5 millions de personnes cette année, avec des pics au-dessus de 4 millions à l’automne.

Les économistes se veulent plus alarmistes.

Comme le marché du travail est toujours affecté avec retard par les retournements de conjoncture – ce qui explique aussi sa bonne résistance alors que le pays était déjà entré en récession- le nombre de sans emplois devrait continuer à monter jusque dans la première moitié de 2010, prévoient-ils.

Ces perspectives sont de mauvais augure pour l’évolution de la consommation dans le pays. “Même si le chômage n’a pas augmenté aussi fortement qu’ailleurs en zone euro, les intentions d’embauche dans les sondages présagent que le pire reste à venir”, souligne Ben May, analyste chez Capital Economics.

Pourtant, les ménages semblent bien disposés à consommer, si l’on en croit la progression du dernier baromètre GfK publié jeudi. La prime à la casse, un succès du plan de relance gouvernemental dans un pays où la voiture est reine, conjuguée aux baisses d’impôts et de cotisations à venir en juillet et à une inflation faible rendent le terrain propice à la dépense.

Mais une forte augmentation du chômage pourrait facilement réduire à néant cette timide remontée du moral des personnes privées, estime l’institut spécialisé. Et l’Allemagne, qui s’apprête à vivre la pire crise économique depuis l’après guerre, pourrait faire le deuil d’un soutien même modeste de la consommation en 2009.