Après quatre baisses de taux, la BCE va faire une pause jeudi (PAPIER GENERAL)

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ège de la Banque centrale européenne à Francfort (Photo : Martin Oeser)

[05/02/2009 11:13:36] FRANCFORT (Allemagne), 5 fév 2009 (AFP) Après quatre baisses de taux consécutives, la Banque centrale européenne (BCE) va, selon toutes les attentes, décider de faire une pause jeudi, au contraire de son homologue britannique qui s’apprête à ouvrir de nouveau les vannes du crédit.

Les gouverneurs de la BCE sont réunis à Francfort (ouest de l’Allemagne) pour décider de la politique monétaire du mois à venir. Pour les économistes et les marchés, il ne fait aucun doute qu’ils décideront de garder le principal taux directeur à 2%, son plus bas niveau historique.

Le président de l’institution Jean-Claude Trichet l’avait déjà fait comprendre il y a trois semaines. La décision sur les taux est annoncée à 12H45 GMT. Le Français doit ensuite tenir une conférence de presse à partir de 13H30 GMT pour expliquer le choix du conseil et, espèrent les experts, préciser ses intentions pour l’avenir proche.

M. Trichet pourrait “suggérer qu’une réduction de taux en mars est probable mais pas encore acquise”, avance Holger Schmieding, chef économiste à la Bank of America. Il avait clairement ouvert la voie à un nouvel allègement monétaire lors de la précédente réunion de février, en déclarant que mars serait un rendez-vous important.

Face à une récession très sévère et une inflation qui se replie à vitesse grand V, avec un taux provisoire tombé à 1,1% sur un an en janvier, la grande majorité des experts voient le principal taux descendre d’un demi point début mars, à 1,50%.

La BCE annoncera aussi dans un mois sa nouvelle prévision de croissance et son président a déjà fait savoir qu’elle serait révisée en forte baisse. Jusqu’ici, la BCE mise sur une contraction de 0,5% du Produit intérieur brut en moyenne cette année. La Commission européenne prévoit un recul de 1,9%.

La question qui occupe actuellement les experts est de savoir jusqu’où ira la BCE, alors que la Réserve fédérale américaine et la Banque du Japon ont ramené leur taux à zéro. De son côté, la Banque d’Angleterre s’apprête, pour la cinquième fois de suite, à rabaisser son taux jeudi, à 1% selon les attentes.

“Si le président de la BCE Jean-Claude Trichet a dit (…) que 2% n’était pas le niveau le plus bas pour le taux de refinancement, il devrait toutefois insister sur le fait que le risque de déflation à moyen terme est très limité en zone euro et qu’une politique de taux zéro n’est pas un sujet de considération pour la BCE”, estime Cédric Thellier, économiste chez Natixis.

Les craintes de déflation, d’une baisse généralisée et durable des prix, sont bien plus fondées aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne, argumente l’économiste.

Après avoir réduit son taux de 2,25 points de pourcentage en l’espace de quatre mois, du jamais vu dans l’histoire de l’institution, il est possible que la BCE ait envie de revenir à une cadence plus douce et d’abaisser son taux d’un quart de point en mars puis en mai, juge Laurent Bilke, de la banque Nomura.

Même si elle ne se dirige pas vers un taux zéro, elle pourrait avoir recours à des mesures d'”assouplissement quantitatif” pour relancer l’activité du crédit que ni les injections massives de liquidités sur le marché monétaire, ni les baisses de taux n’ont réussi à dégripper, selon les experts.

Les banques centrales achètent alors des bons du Trésor ou des actifs de banques commerciales et injectent en échange massivement des liquidités pour tenter de détendre le marché monétaire. En clair, elles font “marcher la planche à billets”.

“Le problème pourrait de plus en plus être la disponibilité du crédit, plutôt que le coût du crédit”, note l’analyste de Nomura.