La BAD au chevet du Continent

Grâce à une initiative de la BAD, les pays africains ont pu mettre sur pied
un comité ministériel de suivi de la crise financière. Le souhait de la
Banque est d’œuvrer à une relance sinon continentale du moins concertée
entre pays africains.

Heureux hasard du calendrier, ce 20 janvier au moment même où le président
Obama prenait ses fonctions, Dr Donald Kaberuka, président du Groupe de la
Banque africaine de développement (BAD) réunissait le Conseil des
gouverneurs de la Banque. Il s’agit de l’équivalent du Conseil
d’Administration de la Banque. Les représentants des institutions
multilatérales y sont conviés ainsi que les ambassadeurs des pays donateurs.
La coïncidence historique ajoutait à la superbe de l’événement.

Un bémol toutefois, compte tenu de l’ampleur de la crise, on n’a pas eu
droit comme en chaque année à la présentation des états financiers de la
Banque. On ne sait pas si la Banque a reconduit son rating de triple A
obtenu haut la main en 2008. Les prévisions de sortie de crise trustaient
tout l’ordre du jour.

Un bouclier continental face à la crise

Maudite crise qui rattrape le continent après qu’il a essuyé le roulement
des coups de boutoir de volatilité du marché de l’énergie, de la crise
alimentaire et des divers conflits locaux. La BAD souhaite coordonner sinon
un plan de relance continental unique du moins des plans nationaux
convergents et établis en concertation. Elle s’est préparée à la question et
a, pour sa part, mis en place trois fonds dédiés.

Le premier est un fonds d’urgence et s’adresse aux pays les plus vulnérables
pour les tirer de leur fragilité et réduire leur surexposition à la crise.

Le second est un fonds de liquidités de sorte à prévenir l’assèchement du
crédit auprès des institutions bancaires.

Le troisième est celui du financement du commerce extérieur afin de relayer
les compagnies d’assurance crédit à l’export, très averses aux risques par
temps de crise mondiale et qui réduisent de manière drastique leurs
engagements en faveur des entreprises exportatrices. Il s’agit d’éviter que
les exportations se rétractent pour ne pas amenuiser les recettes
d’exportation.

L’Afrique mérite un siège au G20

Dr Donald Kaberuka pense que la crise pèse sur l’horizon de développement du
continent. Durant dix ans environ, l’Afrique avait connu une croissance
forte au taux moyen de 6,5%. Les projections de la BAD font état d’un taux
prévisionnel en retrait à environ 4%.

Le président du Groupe de la BAD pense que, du fait de cette chute de
tension, les avancées réalisées durant les dix dernières années sont
hypothéquées. L’an dernier à pareille époque, les perspectives étaient toues
différentes et les «forcast» plus optimistes. La BAD présentait son rapport
sur le développement élaboré par un haut panel de 10 économistes
indépendants. La pauvreté était stoppée et l’investissement se consolidait,
on voyait l’avenir avec plus de confiance et meilleur crédit. La crise a
modifié la donne et le continent se trouve injustement pénalisé par la
contraction de sa part dans le commerce international et par une parcimonie
au niveau de l’investissement direct étranger.

Il faudrait que l’Afrique prenne place à cette «Cène» mondiale et dans ce
sillage Dr Donald Kaberuka plaide pour que l’Afrique dispose désormais d’un
siège au sein du G20. Elle est le plus grand pourvoyeur de matières
premières précieuses, donc à l’origine d’une grande partie de la prospérité
de la planète. Ce siège lui revient et sa démarche est recevable outre qu’à
pareille tribune, elle pourra faire un lobbying actif -et il faut le
reconnaître- mérité.

Stop ! La croissance plutôt que l’aide au développement

Le président du Groupe de la BAD a annoncé à l’occasion de la réunion du
Conseil que la BAD a fait adopter son plan de développement quinquennal pour
la période 2008-2012. Les priorités mises en relief portent sur les
principaux leviers de croissance que sont en toute bonne logique
l’infrastructure, la bonne gouvernance et le dynamisme du secteur privé,
enfin…les réformes.

Habile tacticien, Donald Kaberuka rappelle que cette dernière
recommandation, compte tenu de sa portée politique, émane du Comité
ministériel continental. Le but étant de permettre au continent de
s’affranchir de l’aide internationale au développement. La BAD est soucieuse
de l’émancipation financière du continent. D’ailleurs, raisonnablement,
l’Afrique, en se donnant ce standing financier, parachèvera réellement
l’œuvre de décolonisation.

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