16ème édition du concours BSB : au secours des inventeurs-innovateurs

Le 16ème concours BSB de l’invention et de l’innovation s’est
déroulé du 22 au 24 novembre 2008 au pôle Al Ghazala. Organisé par la société
BSB et l’Association Tunisienne des inventeurs, il a rassemblé un bon nombre
d’inventeurs et d’innovateurs venus des différentes régions du pays.

Pour cette édition, une convention a été signée entre l’Association
Tunisienne des Inventeurs (ATI) la Chambre de commerce de Tunis (CCIT), le 24
courant. Cette convention permettrait aux inventeurs-innovateurs membres de l’ATI
d’être encadré par quatre centres d’affaires dépendants de la CCIT. Une deuxième
convention a été également signée entre l’ATI et l’INNORPI pour favoriser la
participation de l’institut dans la promotion de l’innovation en créant trois
prix d’encouragement et trois médailles. Notons également la présence de la
Banque de Financement des PME qui s’inscrit dans le cadre de l’identification de
projets prometteurs qui pourraient être financé par la banque.

En effet, les deux conventions constituent un pas en avant vers
l’encouragement de l’invention et l’innovation. Le fait est qu’on a beau vanter
leurs vertus, mais on se rend compte dans des manifestations de ce genre que les
projets qui ont la chance d’être commercialisés sont rarissimes. Les inventeurs
et innovateurs évoquent l’absence de financement qui leur permettrait la
concrétisation de leurs projets. S’agit-il d’un manque d’intérêt ou plutôt d’un
manque de confiance au regard des capacités tunisiennes ?

Manque d’intérêt et de confiance

«Le problème n’est pas lié directement au financement, mais plutôt aux
mentalités. On ne donne pas confiance à l’inventeur parce qu’il n’est pas
personnalisable. Il est seul et n’est pas connu », nous a expliqué M. Tarek
Djobbi, un jeune inventeur. Ce professeur de sport, qui a eu le 4ème prix de l’INNORPI,
avec trois autres candidats, a présenté un appareil qui contrôle l’activité
mentale du sportif et l’aide dans la mémorisation des mouvements physiques qu’il
effectue. Ils deviennent automatisés de sorte que le sportif pourra exécuter le
mouvement qu’il souhaite à tout moment, même en cas de pression. Selon M. Djobbi,
ce dispositif répond à un besoin ressenti par les entraîneurs qui se plaignent
du manque de présence mentale des sportifs. «Je suis allé dans certaines
associations sportives pour présenter mes projets mais personne ne m’a entendu
parce que je ne suis pas connu», nous a-t-il indiqué.

Dans le club «Jeunes et science» de Béja, le même problème existe. M. Chedly
Guizani, président du club, nous a affirmé que plusieurs projets qui ont été
présentés n’ont pas eu l’intérêt qu’ils méritent. «On a eu le prix du 14ème
concours BSB pour notre invention “la cuillère intelligente” qui mesure le taux
du sel dans la nourriture, mais on n’avait pas les moyens financiers nécessaires
pour la fabrication et la commercialisation. On a eu également des médailles
pour notre participation au congrès international de Moscou en 2003 pour notre
projet du contrôle automatique de l’éclairage public. Certaines parties ont
montré leur intérêt à financer pour le projet, mais c’est resté sans suite
jusqu’à maintenant», a-t-il expliqué. Pour cette 16ème édition, M. Guizani a
présenté un dispositif électronique de sécurité routière qui permet de changer
automatiquement la lumière des véhicules du phare à la côte, lors de
l’intersection avec d’autres véhicules la nuit.

Dans le domaine médical, M. Fraj Mili, kinésithérapeute de Jammel, a présenté
sa nouvelle méthode pour le traitement des malformations congénitales des
articulations du pied à la naissance. A l’échelle internationale, il existe deux
méthodes qui nécessitent d’effectuer une opération chirurgicale et de mettre un
plâtre dans les pieds ainsi qu’une période assez longue de traitement (deux
ans). «J’ai essayé cette méthode pendant 27 ans déjà et elle a réussi pour tous
mes patients. Il y a certains qui sont adultes maintenant et qui pratiquent des
activités sportives normalement», a-t-il signalé. M. Mili prévoit un bel avenir
pour son invention. «Une fois homologuée, je pourrais même l’enseigner à
d’autres kinésithérapeutes tunisiens et étrangers », prévoit-il. Comme premier
pas vers la concrétisation de son ambition, il a effectivement eu le troisième
prix BSB, avec un autre candidat, pour cette année.

Besoin de reconnaissance

Concernant la commercialisation des inventions et innovations, la chance
sourit à d’autres comme M. Sofiène Haddad, un jeune inventeur qui fait partie de
l’Association Tunisienne des inventeurs. Il nous a que son adhésion à l’ATI lui
a donné une visibilité sur le marché. «Lorsque j’étais un inventeur individuel,
personne ne s’intéressait à mes projets. Maintenant, on me voit, autrement, je
suis devenu visible, ce qui n’était pas le cas auparavant. Mon projet est
reconnu par l’Association et de surcroît par l’Etat», a-t-il précisé. Ce jeune
inventeur a effectivement eu le 2ème prix INNORPI pour cette année pour son
projet «Destructeur d’étincelles 100». C’est un appareil qui consiste à détruire
les étincelles produites par les échappements de voitures, de véhicules et de
tous types de moteurs. M. Haddad nous a affirmé que son projet a été déjà vendu
à deux sociétés qui sont la SOTRAPIL et la STIR. Il compte également généraliser
sa commercialisation dans d’autres sociétés à l’instar d’Agil, SNDP et Total.

Un autre inventeur a pu avoir la confiance d’un industriel pour tester
l’application de son projet dans son usine. Il s’agit de M. Lotfi Ouannessi,
directeur d’une société spécialisée dans la maintenance thermique et
industrielle. Son projet consiste en une chaudière à vapeur assistée par
ordinateur. Sa spécificité par rapport aux chaudières classiques est qu’elle
comporte un dispositif de sécurité sophistiqué. Ce genre de chaudières existe
sur l’échelle internationale mais très onéreuse. Ajoutons à cela les coûts de
maintenance qui nécessite de faire appel à la maison mère pour régler les
pannes.

La cérémonie de clôture de cette 16ème édition a été effectuée par le
secrétariat d’Etat auprès du ministère de l’Industrie, de l’Energie et des PME,
M. Abdel Aziz Rassâa, qui a remis les prix pour les heureux gagnants.