Commerzbank ouvre la voie en acceptant le capital de l’Etat allemand

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ège de la banque à Francfort, le 3 novembre 2008 (Photo : Thomas Lohnes)

[03/11/2008 16:18:15] FRANCFORT (AFP) La Commerzbank est devenue lundi la première grande banque privée allemande à accepter une recapitalisation par l’Etat pour faire face à la crise, et le gouvernement espère bien que l’exemple va faire école.

La banque de Francfort (ouest), numéro deux allemand du secteur, a annoncé qu’elle a demandé une recapitalisation de 8,2 milliards d’euros et des garanties jusqu’à 15 milliards d’euros de nouvelles dettes dans le cadre du plan d’aide de Berlin au secteur bancaire.

Commerzbank est la première grande banque privée du pays à se faire ainsi recapitaliser. Jusqu’à présent, seule la banque publique régionale de Bavière (sud) BayernLB avait demandé 5,4 milliards d’euros de liquidités à l’Etat.

Une autre banque publique régionale ébranlée par la crise, HSH Nordbank (nord), a annoncé lundi qu’elle étudiait une éventuelle recapitalisation, et que dans l’immédiat elle allait demander 30 milliards d’euros de garanties à l’Etat.

Malgré les appels répétés du gouvernement, aucune grande banque privée ne s’était décidée jusqu’alors à utiliser à plein le plan de sauvetage mis en place mi-octobre.

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ège de la banque allemande Commerzbank à Francfort le 17 octobre 2008 (Photo : John Macdougall)

Ce plan se compose de deux volets. D’un côté, l’Etat se propose de garantir, à hauteur de 400 milliards d’euros maximum, les prêts contractés de banque à banque. De l’autre, Berlin tient à disposition 80 milliards d’euros pour recapitaliser directement les banques.

En échange, le gouvernement peut imposer des conditions drastiques aux banques secourues.

Commerzbank a toutefois précisé que la recapitalisation par l’Etat se fera sous la forme d’une “participation passive”, sorte d’emprunt qui sera rémunéré par l’institut et qui ne fait donc pas de Berlin un actionnaire de la banque.

Il n’a “jamais été question” d’une représentation de l’Etat au conseil de surveillance, l’organe de contrôle de la banque, a assuré son patron Martin Blessing lors d’une conférence de presse.

En revanche, “nous ne verserons pas de dividendes en 2009 et en 2010, conformément aux conditions requises par le plan”, a ajouté M. Blessing.

Le plafonnement des salaires des dirigeants, éternel sujet de débat en Allemagne, est une autre clause. M. Blessing verra ainsi son salaire fixe plafonné à 500.000 euros annuels contre 760.000 euros initialement prévus, a précisé à l’AFP un porte-parole de la “Coba”, et aucune prime ne sera versée.

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à Francfort le 1er septembre 2008 (Photo : Thomas Lohnes)

“Commerzbank se comporte de manière très raisonnable”, a estimé lundi un porte-parole du ministère allemand des Finances. “La supposition émise la semaine dernière que personne ne viendrait (s’adresser au gouvernement) était prématurée et fausse”, a-t-il ajouté.

Pour Konrad Becker, analyste de Merck Finck, Commerzbank pourrait bien avoir “brisé la glace”, et ouvert la voie à d’autres banques privées allemandes.

La première d’entre elles, Deutsche Bank, continue toutefois à tourner ostensiblement le dos à l’Etat: son patron Josef Ackermann a répété dimanche soir que sa banque était suffisamment “forte” pour se passer de l’aide publique.

Commerzbank, engagée dans une fusion géante avec Dresdner Bank, qui doit être rachetée pour un montant total de 9,8 milliards d’euros, tente depuis des semaines de rassurer les actionnaires sur le bon niveau de sa capitalisation, en vain: en un mois, la banque a perdu un tiers de sa valeur à la Bourse de Francfort.

Les résultats trimestriels publiés lundi par l’établissement ont confirmé ses difficultés: ses comptes ont viré dans le rouge entre juillet et septembre, avec une perte nette de 285 millions d’euros et une perte d’exploitation de 475 millions d’euros. La crise financière a pesé sur ses opérations de marché à hauteur de 1,1 milliard d’euros.