Début du conseil de surveillance extraordinaire à la Caisse d’Epargne

[20/10/2008 14:33:14] PARIS (AFP)

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érindol, directeur général et Charles Milhaud, président du directoire de la Caisse d’Epargne le 6 mars 2008 à Paris (Photo : Patrick Kovarik)

Les deux principaux de la Caisse d’Epargne ont démissionné dimanche, un geste sans précédent après la perte de 600 millions d’euros essuyée par la banque, pour laquelle la classe politique réclamait des sanctions.

“Cette perte est la conséquence à la fois de l’exceptionnelle volatilité des marchés et de la violation des instructions que le directoire et moi-même avions données”, a plaidé le président de la banque Charles Milhaud dans une déclaration écrite à l’issue d’un conseil de surveillance convoqué en urgence dimanche.

“J’en accepte néanmoins l’entière responsabilité. Ayant consacré ma vie entière aux Caisses d’Epargne, je n’ai pas un instant envisagé de me soustraire aux responsabilités qui sont les miennes”, a-t-il assuré.

Alors que plusieurs patrons ont défrayé la chronique en partant avec des parachutes dorés, M. Milhaud a pris les devants: “je ne demande aucune indemnité. Ceux qui me connaissent savent que je ne suis pas un homme d’argent”.

A la tête de la Caisse d’Epargne depuis 1999, M. Milhaud, 65 ans, qui est remplacé par Bernard Comolet, patron de la Caisse d’Epargne d’Ile-de-France, aurait toutefois négocié âprement les conditions de son départ.

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énéral de la Caisse d’Epargne, Yves Hubert, président du conseil de surveillance et Bernard Comolet (d), nouveau président du directoire, le 19 octobre 2008 à Paris (Photo : Francois Guillot)

Il aurait notamment exprimé le souhait, selon une source proche de la direction, de rester dans le groupe encore quelques mois, le temps de mener à bien la fusion avec la Banque Populaire, qui reste d’actualité malgré le changement d’équipe

En outre, M. Milhaud n’aurait pas renoncé de lui-même à son parachuté doré, mais à la demande du conseil de surveillance, a affirmé une autre source proche du dossier. Selon le site d’informations Mediapart, M. Milhaud aurait pu prétendre à une indemnité “proche de 3 millions d’euros”.

Le numéro deux du groupe Nicolas Mérindol a également annoncé sa démission, tout en restant “au service du groupe”.

Avant cette affaire, il était déjà contesté pour avoir mis en oeuvre une stratégie de croissance coûteuse. Alain Lemaire, président de la Caisse d’Epargne Provence-Alpes-Corse, va lui succéder.

Autre partant, Julien Carmona, membre du directoire en charge des finances et des risques.

Alors que le président Nicolas Sarkozy avait exigé vendredi que les responsables de cette affaire “en tirent les conséquences”, seuls les responsables directs de cette perte, des traders jusqu’au directeur financier, avaient jusqu’à présent été sanctionnés.

En novembre 2004, la Commission bancaire, qui contrôle les banques, avait adressé une mise en garde à la Caisse d’Epargne sur sa gestion des risques.

Le départ de trois dirigeants des Caisses d’Epargne après la perte de 600 millions d’euros est “un signal pour chacun”, a estimé lundi la ministre de l’Economie Christine Lagarde, jugeant par ailleurs “légitime” que les pouvoirs publics s’expriment dans ce genre d’affaires.

“C’est un signal pour chacun. On évolue dans un périmètre réglementé, supervisé (…). Quand les règles ne sont pas respectées et quand les superviseurs ont alerté et que les alertes n’ont pas été suivies, il faut que toutes les responsabilités soient tirées jsuqu’au plus haut niveau”, a déclaré la ministre à l’AFP.

“Il est légitime que les pouvoirs politiques s’expriment (dans ce genre d’affaires, ndlr) puisque c’est un principe de responsabilité au niveau de la sphère économique”, a par ailleurs ajouté Mme Lagarde.

Vendredi, le président de la République Nicolas Sarkozy avait exigé que les responsables de ces pertes “en tirent les conséquences”.

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à Paris (Photo : Patrick Kovarik)

Interrogée sur l’éventuel parallèle entre l’affaire Kerviel à la Société Générale et les pertes des Caisses d’Epargne, Mme Lagarde a par ailleurs établi un distinguo basé sur “les faits”.

“D’un côté (à la SocGen, ndlr), on a, semble-t-il, une tentative de fraude construite, organisée. De l’autre, on a du laxisme dans la manière dont les affaires ont été menées”, a expliqué la ministre.

Quant aux épargnants, ils “n’ont pas l’ombre de la moitié d’un risque” a-elle déclaré, rappelant que les livrets A sont “soumis à la garde de la Caisse des dépôts et consignations”.

“Il n’y a pas l’ombre d’une inquiétude sur l’épargne”, a-t-elle assuré.

Un représentant des salariés au conseil de surveillance, Serge Huber, a salué pour sa part une décision “nécessaire et utile”.

La classe politique avait vivement réagi à cette affaire qui a éclaté alors que le gouvernement a annoncé un vaste plan de soutien aux banques pour restaurer la confiance.

Un sujet d’autant plus sensible que la Caisse d’Epargne, symbole de sécurité, est la banque de près d’un Français sur deux.

Le porte-parole du gouvernement Luc Chatel, tout comme le président de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet, se sont dit “choqués” par cette affaire.

La veille, le patron du Parti socialiste, François Hollande, avait estimé que les sanctions “devaient tomber”.