En pleine crise financière, les PME allemandes inquiètes pour leurs crédits

 
 
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Une entreprise de plasturgie en Allemagne, en avril 2008 (Photo : John Macdougall)

[05/10/2008 08:28:02] BERLIN (AFP) En Allemagne c’est dans le tissu très fourni de petites et moyennes entreprises qu’une crise du crédit, corollaire de la crise financière mondiale, pourrait faire le plus de victimes, une évolution dont les prémices se dessinent déjà.

“Le souci principal, c’est que les banques accordent moins de crédits”, indique à l’AFP Johann Stiegler, de la Fédération des PME allemandes, ce “Mittelstand” qui est “la colonne vertébrale de notre économie”, assurait cette semaine encore le président de la Bundesbank Axel Weber.

Ces entreprises, souvent familiales et industrielles, dont beaucoup occupent des niches et contribuent largement à la place de premier exportateur mondial du pays, “ont des possibilités limitées pour leur financement”, explique M. Stiegler. Si elle doit investir, “soit l’entreprise prend l’argent dans le porte-monnaie de l’entrepreneur, soit elle a recours au crédit”.

Et ce dernier pourrait devenir une denrée rare, alors que les banques allemandes sont entraînées dans la tourmente du secteur financier mondial.

Ainsi, la banque immobilière Hypo Real Estate (HRE) a annoncé samedi soir l’échec du plan de sauvetage de 35 milliards d’euros – le plus gros de l’histoire allemande – censé la sauver de la faillite. Désormais, elle “lutte pour sa survie”, selon un porte-parole.

Plusieurs instituts spécialisés dans le financement des PME ont déjà eu maille à partir avec la crise: IKB par exemple, qui n’a survécu que grâce à l’intervention de l’Etat, ou encore la banque publique KfW, qui va afficher une perte cette année.

Pour le moment toutefois, il y a certes “un danger de contraction du crédit”, mais “il ne s’est pas encore matérialisé” en Allemagne, selon Thomas Hüne, de la fédération patronale allemande BDI.

Même écho du côté des intéressées, les banques. Localement, c’est d’abord vers la caisse d’épargne ou la banque mutualiste du coin que se tournent les patrons de PME pour obtenir des financements, surtout les plus petites. Et ces instituts, pour le moment, sont relativement épargnés par la crise.

A la Banque populaire de Karlsruhe dans le sud-ouest de l’Allemagne, région au tissu industriel très fourni, “l’attribution de crédits n’est pas plus difficile”, assure Werner Reuter, chargé du portefeuille de clients professionnels. La banque “n’est pas active sur le plan international” et à ce titre n’a pas souffert pour le moment. Et chez les clients “il y a une certaine incertitude, mais pas de panique, non”, raconte-t-il.

Chez les fabricants de machines-outils, un des domaines où l’Allemagne excelle, “il n’y a pas eu pour l’instant d’appel à l’aide de la part des entreprises”, selon Josef Trischler, chargé des questions économiques auprès de la fédération de la branche. Mais les industriels pourraient subir de façon décalée un retour de bâton par le biais de leurs clients, si eux-mêmes se voient refuser les prêts nécessaires à l’achat de machines, explique-t-il.

Déjà “dans certains domaines, les banques y regardent à deux fois” avant de débloquer des crédits pour des investissements de ce type, selon lui. Le résultat se lit dans les entrées de commandes au secteur des machines-outils en août: elles ont chuté de 10% sur un mois, selon des chiffres publiés cette semaine. “Et la crise financière est susceptible d’aggraver le mouvement”, pronostique M. Trischler. Bémol toutefois: ce sont surtout les commandes en provenance de l’étranger qui ont plongé.

Car globalement pour l’instant, pour les industriels allemands, “on en est encore largement au stade du pressenti”, résume M. Stiegler de la fédération des PME.

 05/10/2008 08:28:02 – Â© 2008 AFP