L’inflation s’attenue en Europe mais reste plus préoccupante ailleurs

 
 
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Evolution de l’inflation sur un an dans la zone euro (Photo : null)

[31/08/2008 10:22:47] PARIS (AFP) L’inflation a commencé à marquer le pas en Europe après son pic du mois de juillet, mais reste plus préoccupante aux Etats-Unis et dans les pays émergents, les risques de stagflation (forte inflation sans croissance) étant toutefois jugés limités par les analystes.

Après avoir doublé entre l’automne 2007 et le mois de juillet, où elle a culminé à 4%, la hausse des prix a ralenti en août dans la zone euro, à 3,8%, grâce au reflux des prix du pétrole, qui ont chuté de 20% un en mois et demi.

La ministre de l’Economie française Christine Lagarde a affirmé cette semaine qu’on était “en train d’assister à un retournement de tendance”, un avis que partagent les économistes.

“En Europe, l’inflation est purement liée au pétrole et à l’alimentation”, souligne Stéphane Déo, économiste de la banque UBS, qui “pense que le pic d’inflation a été atteint en juillet”.

Un avis partagé par Eric Heyer, directeur adjoint de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), pour qui l’inflation hors pétrole et alimentation “s’est stabilisée en France à 2% et suit le même schéma pour reste des pays européens”.

“On a une inflation forte mais pas de tensions sur le marché du travail ou l’appareil de production, donc pas de spirale inflationniste. On peut donc s’attendre à retomber à 3% d’ici la fin de l’année et à 2% d’ici un an ou 18 mois”, précise-t-il.

Si l’agence de notation Standard and Poor’s a dit cette semaine craindre une stagflation, en Europe, M. Deo n’y croit pas.

“La stagflation, on en a eu une dans les années 70 quand l’inflation dépassait 10%”, estime-t-il, mais aujourd’hui “les salaires réagissent de manière modérée avec une perte de pouvoir achat pour les ménages, comme en témoignent les chiffres catastrophiques sur la consommation”.

Avec des prix du pétrole qui ont presque quintuplé en 5 ans, “le choc pétrolier d’aujourd’hui est incomparablement plus violent que celui des années 70, mais le choc inflationniste incomparablement plus faible”, ajoute-t-il.

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Un policier passe devant la Bourse de New York le 18 janvier. (Photo : Emmanuel Dunand)

En revanche, l’inflation reste plus persistante aux Etats-Unis, à 5,6% en juillet sur un an, au plus haut depuis 1991, la croissance se montrant toutefois plus résistante que prévu au deuxième semestre, à plus de 3% sur un an.

Le président de la Banque de réserve d’Atlanta Dennis Lockhart s’attend à ce que la hausse des prix reste supérieure à 4% cette année, un niveau “inquiétant” qui pourrait selon lui justifier un relèvement des taux en cas de dérapage.

Pour Eric Heyer, le risque inflationniste est bien réel outre-Atlantique. Même si le chômage y progresse, les Etats-Unis sont presque “au plein emploi, donc les salaires progressent un peu”. Il souligne également que les Etats-Unis “ont une politique monétaire bien moins restrictive qu’en Europe”.

M. Deo s’attend à ce qu’après le sursaut de croissance du deuxième semestre, l’Amérique entre en récession avec un taux de chômage en hausse à 6%, le ralentissement de l’activité enrayant la hausse des prix.

Il balaie également les inquiétudes pour le Japon, où les prix à la consommation hors produits périssables ont atteint 2,4% en juillet, un sommet depuis 11 ans.

“Le problème du Japon depuis longtemps, c’était la déflation, donc un peu d’inflation c’est pas dramatique”, affirme-t-il.

Il admet en revanche que dans certains pays émergents, “on peut avoir choc inflationniste plus important, car les salaires réagissent”.

La hausse des prix en Inde a ainsi dépassé 12% sur un an pour la première fois en 13 ans, déclenchant des manifestations.

Mais en Chine, l’indice des prix à la consommation a décéléré pour le troisième mois consécutif à 6,3% en juillet, et les analystes tablent sur une poursuite de cette tendance.

 31/08/2008 10:22:47 – Â© 2008 AFP