Les femmes entrepreneures soutiennent le développement du Micro-Crédit


Par Imededdine BOULAABA

Pour mieux expliciter le rôle des micros
crédits dans la promotion de l’emploi et de la création d’entreprises par
les femmes, la Chambre syndicale des femmes entrepreneures a organisé, le 07
Août 2008, à l’Hôtel Les Berges du Lac Concorde, une table ronde, agrémentée
de discussions aussi enjouées qu’intenses, réunissant des représentants de
certaines associations de développement engagées dans l’amélioration des
conditions de vie des familles démunies, des responsables d’établissements
financiers spécialisés dans l’industrie du micro crédit et des témoignages
de quelques citoyennes à faible revenu ayant bénéficié de l’aide à
l’intégration économique et qui sont, actuellement, dans une logique,
d’initiative, d’autonomie et de reconnaissance sociale.

 

Solidarité et mesures
d’accompagnement :

 

Après avoir souhaité la bienvenue à
l’ensemble de l’assistance, Madame Faouzia Slama, présidente de la C.N.F.C.E,
a loué l’audace des femmes impactives, fondatrices de PME, chefs de service
dans l’administration, cadres d’une multinationale ou élues tout en rendant
hommage aux services financiers du tissu associatif tunisien en zone rurale
qui ont joué, insiste notre interlocutrice, un rôle primordial dans le
lancement d’un programme d’entreprenariat féminin, axé sur la création
d’emplois, la croissance économique et le financement en fonction de la
performance, mettant ainsi en exergue un modèle d’économie solidaire, sans
intermédiaires, des producteurs jusqu’aux consommateurs.

 

Lui emboîtant le pas, Madame Faiza Kéfi,
présidente de la cour des comptes et invitée d’honneur de la manifestation,
a évoqué, dans une intervention passionnée, l’expérience de Mohamed Younes,
pionnier de la lutte contre la pauvreté en Asie et prix Nobel consacré, qui
n’a pas hésité, a-elle-dit, à puiser dans ses fonds propres pour venir en
aide à des familles nécessiteuses en quête de crédits pour s’intégrer dans
la chaîne de l’activité économique et à interpeller la communauté financière
internationale sur la pertinence de son approche en matière de prêts à
caractère social.

 

Toujours dans sa lancée, l’hôte de marque
du conclave a rappelé le rôle de la société civile, du Fonds National pour
l’emploi et de la BTS dans la couverture des zones d’ombre du pays, la
promotion de la formation continue chez les jeunes diplômés de
l’enseignement supérieur dans les secteurs productifs à forte valeur ajoutée
et l’ancrage de la culture de l’effort chez une population, habituée depuis
des lustres aux bienfaits d’un Etat providence, désormais dans l’obligation
de se redéployer vers les secteurs stratégiques en raison des mutations
économiques internationales en cours et de la vitalité de l’initiative
privée dans la consolidation de l’esprit d’entreprise et la réalisation,
dit-elle, des parcours professionnels assimilés, parfois, à de véritables «
success story ».

 

L’industrie de la
micro-finance :

 

« La B.T.S finance actuellement 10.000
projets / an, à hauteur de 7.300 D en moyenne par dossier dans les domaines
de l’artisanat, des services et de l’agriculture avec un taux d’intérêt
maximum de 5% et une durée de remboursement de 3ans accompagnée d’une
possibilité de franchise selon la nature de l’activité », clame fièrement
Monsieur Lamine Hafsaoui, Président Directeur Général de la Banque
Tunisienne de Solidarité, qui a insisté sur l’exonération de la TVA pour les
commissions et intérêts afférents à ces micro-crédits, la mise à la
disposition des associations de développement social d’une application
informatique relative à la gestion des prêts consentis et la prise en charge
par l’Etat d’une partie de la contribution patronale au régime de la
sécurité sociale au titre des salaires des nouveaux recrutés au sein du
tissu associatif.

 

Avant d’entamer les débats, Madame Asma
Ben Hamida, Présidente de l’association ENDA inter-arabe, a relaté
l’historique de l’organisation dont l’objectif majeure est d’assurer,
dit-elle, un accès financier aux femmes exclues, désireuses d’atteindre
l’autosuffisance économique, de concevoir des activités adaptées au monde
rural et d’améliorer les conditions de vie des ménages précarisés grâce à
une série de mesures d’accompagnement visant la pérennité du projet et sa
mise en réseau afin de l’intégrer au plus vite dans le circuit des échanges.
« Nous voulons étendre nos services financiers au plus grand nombre
(actuellement 5000 sur 80.000 emprunteurs), renforcer nos capacités
d’encadrement pour la formation en comptabilité et gestion simples tout en
mettant en place des bureaux régionaux, en guise d’appui à la
commercialisation des produits artisanaux (foires, exposition…) », conclut
notre interlocutrice qui a mis l’accent sur l’impact positif des prêts au
niveau de la création d’emploi( plus de 50% des ME), de l’empowerment des
femmes et de l’augmentation des dépenses pour l’éducation des enfants.

 

A la fin de la table ronde, des
participantes ont appelé la BTS à s’impliquer encore davantage dans l’étude
de la faisabilité des différents projets soumis et à débloquer les crédits
en faveur des bénéficiaires dans des temps plus courts. Des militants
associatifs ont insisté sur l’importance de la coordination entre les
différents intervenants en matière de micro-crédits et l’application des
bonnes pratiques pour la transparence des données financières.