EADS : Forgeard présenté aux juges en vue de son éventuelle mise en examen

 
 
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ël Forgeard, le 28 mai 2008 à son arrivée à la Brigade financière à Paris (Photo : Bertrand Langlois)

[29/05/2008 20:50:30] PARIS (AFP) L’ancien coprésident d’EADS, Noël Forgeard, en garde à vue depuis mercredi à la brigade financière de Paris, devait être présenté jeudi “dans la soirée” aux juges en vue de son éventuelle mise en examen dans l’affaire des délits d’initiés présumés commis au sein du groupe.

Les juges Xavière Simeoni et Cécile Pendaries, chargées du dossier, avaient reconduit jeudi matin pour 24 heures sa garde à vue avant de décider qu’il leur soit présenté.

Selon des sources proches du dossier, les magistrates pourraient mettre M. Forgeard en examen, notamment pour “délit d’initié”. Le parquet devait requérir son placement sous contrôle judiciaire comprenant le versement d’une caution, selon ces sources.

Une information judiciaire a été ouverte le 20 novembre 2006 contre X pour “délit d’initié, diffusion de fausses informations et recel sur le titre de la société”.

La justice s’intéresse à la vente d’actions d’EADS réalisées par M. Forgeard les 17 novembre 2005 puis les 9 et 15 mars 2006. Ces ventes d’actions, issues de ses stock-options lui avaient rapporté 4,3 millions d’euros.

Pour l’Autorité des marchés financiers (AMF), M. Forgeard, ainsi que seize autres dirigeants d’EADS et d’Airbus, sa principale filiale, auraient à cette époque été en possession d’informations privilégiées et donc été susceptibles d’avoir commis un délit d’initié.

“Les investigations entreprises ont permis de mettre en évidence la concomitance et le caractère massif des cessions de titres réalisées par certains membres des comités exécutifs d’Airbus et d’EADS et par les actionnaires de contrôle du groupe”, les sociétés Lagardère et DaimlerChrysler, selon le gendarme de la Bourse dans un rapport que l’AFP a consulté.

Ces informations privilégiées concernaient des perspectives financières pessimistes d’EADS, connues en interne cinq mois avant leur communication au marché en avril 2006.

Elles portent également sur des retards à prévoir dans le programme A380. “Au plus tard le 1er mars 2006, les membres du comité exécutif et de son comité des actionnaires (ce dernier étant présidé par Noël Forgeard, ndlr) avaient été informés (…) qu’une replanification du programme de production avait été engagée, impliquant une révision du calendrier du programme”, souligne l’AMF.

Ce n’est que le 13 juin 2006 qu’Airbus annonçait un retard de six à sept mois du calendrier de livraisons de l’A380. Cette annonce entraînait le lendemain une chute de plus de 26% du cours de l’action EADS et trois semaines plus tard la démission de M. Forgeard.

D’autres informations privilégiées concernaient des retards sur le développement du long-courrier A350.

En tout, dix-sept dirigeants sont mis en cause par l’AMF, dont Thomas Enders, alors coprésident exécutif d’EADS et aujourd’hui patron d’Airbus. A ce stade, aucun d’entre eux n’est poursuivi sur le plan pénal. Certains d’entre eux doivent être entendus dans les semaines à venir, selon des sources proches du dossier.

M. Forgeard, qui estime être un “bouc émissaire”, avait déclaré en octobre au Figaro: “je peux affirmer qu’il n’y a pas eu de délit d’initié de la part des dirigeants d’Airbus et d’EADS. J’ai connu toute cette période, je sais de quoi je parle.”

 29/05/2008 20:50:30 – Â© 2008 AFP