L’Institut Arabe des Chefs d’Entreprises : «Rôle des journalistes dans la gouvernance d’entreprises».

Par : Autres

Par Imededdine Boulaâba

Tel est le thème du séminaire organisé à l’initiative de l’Institut Arabe
des Chefs d’Entreprises les 14 et 15 avril afin de sensibiliser les
journalistes tunisiens à la problématique de la gouvernance, aux relations
d’affaires entre les parties contractantes et à la crédibilité des acteurs
de la vie active dont dépend, en grande partie, la prospérité et la
pérennité de notre pacte social.

 

Les bonnes pratiques managériales : Dès le départ, M. Mohamed Frioui,
économiste notoire et professeur de management, a tenu à présenter le
canevas général de la bonne gouvernance tout en soulignant l’inexistence de
recettes ou de «prêt à porter» en raison de pratiques culturelles propres à
chaque pays. C’est ainsi que les participants au conclave ont vite saisi les
motivations d’un séminaire, appelé à les éclairer encore davantage sur le
rôle primordiale du journalisme économique dans la diffusion des bonnes
pratiques managériales, la promotion d’un climat d’affaires favorable et la
dénonciation, lorsque le besoin se fait sentir, des entorses aux axes de
l’éthique et de la compétitivité.

 

Tout au long de son intervention, l’animateur de cette première séance a
expliqué le cadre conceptuel de la bonne gouvernance, l’importance de
l’intégration du secteur privé dans la société civile et les effets des
grandes mutations économiques mondiales sur la restructuration en cours de
notre tissu industriel, dans l’obligation désormais de s’arrimer aux
indicateurs mondiaux de la transparence, de la loyauté et de la redevabilité.
«Il faut dire ce que l’on fait, comment on le fait, avec qui, pourquoi et
pour combien ; d’ailleurs, le bon fonctionnement du marché et de la
démocratie nécessite le respect intégral des règles de l’équité et le
ralliement des intérêts des différents acteurs de l’activité économique»,
nous dit M. Mohamed Frioui, qui insiste sur l’obligation morale du
journalisme d’investigation à traquer les abus, les dépassements et les
pratiques déloyales, susceptibles de fausser les nobles règles de la
concurrence et de l’émulation.

 

Journalisme économique et Gouvernance d’Entreprise : Maîtriser les
techniques du reportage économique, couvrir les privatisations, les fusions,
les interventions de l’Etat et la rédaction de nouvelles et de chroniques
concernant les péripéties du monde de l’entreprise sont autant de thèmes
développés durant l’intervention de M. Kamal Siddiki, expert pakistanais et
rédacteur en chef d’un magazine spécialisé à Islamabad, qui a mis l’accent
sur le positionnement impartial du journaliste économique vis-à-vis de
l’acte transactionnel tout en s’assurant de la fiabilité de ses sources et
de la véracité des statistiques avancées. «Le chroniqueur économique ne doit
pas hésiter à poser des questions concernant l’argent et les dépenses, ni à
fouiller pour obtenir des réponses si elles ne sont pas disponibles»,
insiste notre présentateur dont les propos ont été constamment centrés sur
le rôle du journalisme d’affaires dans l’éclairage de l’opinion publique, la
défense des petits actionnaires et la promotion d’un code de bonne conduite
favorisant les valeurs de la responsabilité collective et de l’entreprise
citoyenne.

 

Il est à signaler que tout au long de son intervention, M. Kamel Siddiki a
interpellé l’assistance à plusieurs reprises, stimulant ainsi un débat très
vif entre les différents intervenants qui ont mis en exergue le parcours du
combattant du journaliste en quête d’informations crédibles et de relais
fiables dans des institutions, jalouses de leurs secrets et vivant encore
avec le slogan «vivons heureux, vivons cachés».

 

D’ailleurs, pendant la deuxième journée du séminaire, M. Majdi HASSEN,
universitaire et chercheur tunisien, a évoqué les pratiques de gouvernance
au sein des entreprises familiales tunisiennes, traditionnellement
réfractaires à la diffusion d’informations relatives à la gestion et au mode
de financement en raison d’une culture ancienne privilégiant la
sanctuarisation de la société.

 

De l’avis de tous les participants, le journalisme économique peut, dans ce
contexte, faire œuvre pédagogique en propageant les nouvelles donnes
internationales, gage de l’essor et de l’éclosion d’entités
entrepreneuriales citoyennes.