Encore très marginale, l’e-assurance pourrait enfin décoller

 
 
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Des personnes testent des ordinateurs portables (Photo : David Hecker)

[08/04/2008 16:18:25] PARIS (AFP) Encore très marginal, le commerce de l’assurance sur internet suscite néanmoins un intérêt croissant tant de la part des consommateurs que des assureurs, et pourrait enfin décoller avec l’arrivée d’un nouvel acteur “low cost”.

En 2007, le trafic des sites d’assurance en ligne a crû de 37% à 8,2 millions de visiteurs mensuels, selon l’observatoire de l’e-assurance, qui compile les chiffres de 18 sociétés d’assurance sur internet.

“Sans parler d’explosion, on est sur une croissance très soutenue de l’e-assurance”, estime Stanislas Di Vittorio, PDG du comparateur d’assurance Assurland, qui dirige cet observatoire. “On arrive à une masse critique où beaucoup d’acteurs du monde de l’assurance sont en train de basculer: les projets internet vont pousser comme des champignons”, prédit-il.

Emile Zakhia, du cabinet de conseil Accenture le reconnaît: “Les assureurs ne m’ont jamais autant sollicité pour des projets internet que ces douze derniers mois”.

Chez l’assureur mutualiste Groupama, Thierry Martel parle même de “période charnière”: “Les comportements d’achat sur le marché de l’assurance sont en train de basculer”, assure-t-il.

Si les Français utilisent beaucoup internet pour s’informer sur les prix et réaliser des devis, tout reste cependant à faire en matière de vente. En 2007, seulement 3% des Français sont passés par internet pour acheter leur assurance contre 27% au Royaume-Uni, 12% en Allemagne et 10% en italie, selon le cabinet d’études Forrester.

Les raisons à ce retard sont multiples: une moindre propension des Français à acheter en ligne, une plus grande fidélité aux compagnies d’assurance (du fait de la reconduction tacite des contrats), la faiblesse de l’incitation par les prix, des sites internet souvent peu étoffés…

Seuls quelques sites tirent leur épingle du jeu, tel que Direct Assurance (groupe Axa) – le leader du secteur avec plus de 600.000 clients et 50.000 souscriptions sur internet en 2007 – ou Eurofil (groupe Aviva), qui revendique 160.000 clients.

“Face à une demande latente, il n’y a pas toujours l’offre adéquate en face”, souligne Stanislas Di Vittorio. La signature électronique, qui permet de souscrire un contrat entièrement sur internet, est ainsi quasi inexistante en France, car jugée trop onéreuse.

“Une autre explication, c’est que les sociétés mutualistes françaises sont plutôt efficaces. Il est donc difficile pour une société en ligne de proposer des prix beaucoup plus bas”, remarque Benjamin Ensor, analyste chez Forrester.

C’est pourtant le pari que s’est lancé Groupama en annonçant la création d’une société “low cost” entièrement dédiée à internet et baptisée Amaguiz.com. Le groupe mutualiste va investir 150 millions d’euros dans ce projet et compte attirer 100.000 clients en 4 ans. Il mise pour ce faire sur des prix “significativement” plus bas grâce à des produits d’assurance plus simples et modulables. Lors de son lancement officiel en juin, Amaguiz.com sera aussi l’un des premiers sites à proposer la signature électronique.

“Groupama pourrait faire la différence car l’un des problèmes en France, c’est que les acteurs de l’assurance sur internet sont de petites sociétés, qui n’ont pas les moyens nécessaires pour changer les habitudes des Français”, estime Benjamin Ensor. “Pour cela, il faut une grande société qui fasse beaucoup de bruit.”

 08/04/2008 16:18:25 – © 2008 AFP