Débat sur l’impact des «Grands Projets» sur l’économie tunisienne : il n’y a pas eu débat !

Par : Tallel

Par Tallel BAHOURY

Le Centre des jeunes dirigeants d’entreprise (CJD/UTICA) a tenté d’organiser
un débat sur un éventuel impact ce qu’il est convenu d’appeler ‘’les Grands
projets’’ en cours dans notre pays. Nous disons bien ‘’tenté’’, puisque la
volonté y était, maintenant reste à savoir s’il y a vraiment eu débat.
Certes, l’invité, après avoir exposé l’esprit et l’enjeu des nouveaux
‘’Grands projets’’. Certes, il a répondu à quelques questions, mais
celles-ci étaient-elles suffisamment bien formulées pour qu’on parle de
débat, par définition, contradictoire ? Les jeunes dirigeants en sont-ils
sortis rassurés après l’exposé de M. Slim Tlatli ? Nous pensons que non.
Nous avons assisté à un exposé des Grands projets et à une expression des
inquiétudes plutôt qu’à un débat sur un sujet qui engage pourtant l’avenir
de la Tunisie.

 

Alors, à qui la responsabilité de ce manque de débat –parce qu’il faut que
quelqu’un l’endosse ? Franchement, nous pensons que celle-ci doit être
partagée.

 

D’abord, aux jeunes dirigeants qui, en préparation de ce qui devait être un
débat, avaient formulées un certain nombre de questions aussi intéressantes
les unes que les autres. La preuve en est qu’ils posé une problématique
fondamentale, à savoir : ‘’les mégaprojets : opportunités ou menaces pour
l’entreprise du jeune dirigeant ?’’. A partir de cette problématique, huit
questions dont les réponses auraient pu ‘’faire l’affaire’’, si l’on ose
dire :

 

– Quels sont les besoins immédiats de ces investisseurs pouvant être
satisfaits par l’entreprise du JD ?

 

– Quelles sont les opportunités d’investissement qui se présentent aux JD ?

 

Dans quelle mesure le JD peut-il accès au calendrier d’exécution des
différents projets et à leur mise à jour ?

 

– Comment faire pour que l’essentiel de ces projets profite à la ressource
humaine tunisienne et aux entreprises locales ?

 

– S’agissant des mégaprojets immobiliers, quelles en seraient les
principales répercutions sociales, économiques, et notamment inflationnistes
?

 

– Ces projets s’adressent, dans une large mesure, principalement à une cible
internationale. Quelles sont les réformes à entreprendre pour de la Tunisie
une destination attractive tant pour l’investissement que pour la résidence
?

 

– La convertibilité du dinar, l’achat détaxé et l’accès à la propriété des
étrangers semblent être les corollaires indissociables à la réussite de ces
projets. Où en sommes-nous ?

 

– Est-il prévu une mise à niveau de l’administration, un allégement des
procédures pour s’adapter aux mutations qui se préparent ?

 

– ‘’Tunisie, Terre d’accueil’’ : quid de la mise à niveau de notre tourisme
?

 

C’est à ce niveau que nous situons la responsabilité des JD, car nous
estimons qu’il aurait fallu envoyer ces questions à M. Slim Tlatli pour
qu’il puisse préparer son exposé en fonction de celles-ci. Nous pensons que
cela n’a pas été le cas.

 

De son côté, nous estimons que l’orateur a une part de responsabilité en ce
sens qu’il n’a pas suffisamment questionné le sujet à débattre, en
l’occurrence ‘’l’impact des «Grands Projets» sur l’économie tunisienne et
sur l’entreprise JD
’’. Car, a priori, tout le monde –ou presque- sait
que la réalisation de ces Grands projets aura des répercutions sur notre
économie, notamment en la tirant vers le haut, mais ce qu’on ignore –ou
qu’on appréhende à peine-, c’est comment et à quel degré. Nous ne disons pas
que l’orateur n’a pas apporté quelques éléments de réponses, mais nous
estimons ceux-ci n’étaient pas assez pour en comprendre réellement la
problématique économique, sociale et culturelle qui est désormais posée à
toutes les entreprises tunisiennes, petites et grandes, nouvelles ou
anciennes, promues par des jeunes ou par des moins jeunes.

 

Alors, je vois, certains sont en train de nous traiter d’éternels
insatisfaits. Soit. Mais justement, l’un des objectifs de ces Grands projets
n’est-il pas de tirer vers le haut le site Tunisie pour en faire une
Capitale méditerranéenne ? Nous répondons par un grand OUI. Et dans ce cas,
faut-il se contenter du peu ? Là aussi nous répondons par un grand NON.

 

Autre chose, la formation de nos ressources humaines. La réalité sur le
terrain montre tous les jours que nous avons un énorme handicap, même si
certains continuent à penser que nous notre formation est bonne –parfois
même très bonne. Incontestablement, théoriquement, nous avons d’excellents
ingénieurs, mais à l’épreuve des faits, on constate qu’il a encore beaucoup
de chemins à faire. Et là, M. Tlatli l’a clairement souligné : ce n’est pas
au gouvernement de tout faire, a-t-il en substance, les entreprises se
doivent de faire un peu d’efforts. Tiens, saviez-vous qu’il existe en
Tunisie des conducteurs de grue payés à 7.000 dinars par mois –non je ne me
sui pas trompé de zéros, je dis bien sept mille dinars ? Eh bien ça existe.
Et c’est l’entreprise en question qui a, elle-même, payé la formation…
estimant qu’il vaut mieux payer un salaire élevé que d’avoir à réparer ses
machines tous les jours…. Logique, dirions-nous.

 

Par ailleurs, nous ne devons plus nous voiler la face, nos minuscules
entreprises du bâtiment et travaux publics ont intérêt à se regrouper pour
essayer d’avoir la taille minimale afin d’espérer grignoter une petite part
du grand gâteau des Grands projets.

 

Enfin, à l’attention des jeunes dirigeants, puisqu’ils posent souvent les
bonnes questions et la bonne problématique, nous estimons qu’il serait
préférable de les envoyer, à chaque fois qu’il est nécessaire, à leurs
futurs invités pour éviter qu’on assiste à des cours magistraux, surtout que
le temps qui leur est imparti est souvent très limité. Ce qui, à notre sens,
est de nature à permettre aux participants de poser d’autres questions qui
n’auraient pas été traitées…

 

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Les Grands Projets du Grand Tunis : Cité de la culture, Tunis
Financial Harbour, Bled El Ward, Pont de Radès, la baie de Gammarth, Tunis
City Sport, Sama Dubaï

 

-Le Nord, le Centre et le Sud :

L’aéroport de Tozeur, Raffinerie de Skhira, Sfax Taparura, Djerba
Dessalement de l’eau de mer, Technopole El Fejja, Zone logistique Enfidha,
Alqoussour Helgla, Korbus…

 

Tunisie Autoroutes : de 260 Km à 800 Km

 

Quelques chiffres

Investissements :

– Grand Tunis : 20.400 milliards d’euros, 6.535 hectares, 206.000
postes d’emplois.

La part des Régions : 26.400 milliards d’euros, 48.000 postes
d’emplois.

 

Projets d’infrastructures : 4.704 milliards d’euros.