Des pêcheurs de thon dans la ville croate de Zadar, le 21 février 2007 
 
[19/03/2008 10:51:29] MARSEILLE (AFP)  
            Géant 
            mondial de la pêche au thon rouge atlantique avec 
            l’Espagne et l’Italie, la France promet une 
            “tolérance zéro” à ses pêcheurs 
            pour la saison 2008 qui débute fin mars, après des 
            années de laxisme et de surpêche de ce poisson, 
            roi des sushis.
 “Cette année, nous avons un quota de 4.775 tonnes 
            et nous pêcherons 4.775 tonnes. Ceux qui pêcheront 
            un thon de plus le sentiront passer en termes de sanctions. 
            En 2008, c’est tolérance zéro”, a 
            déclaré le directeur des pêches Christian Ligeard.
 Tancé par Bruxelles,             comme l’Italie, 
            Paris doit être irréprochable 
            après avoir “explosé” son quota 2007 pour 
            ce poisson qui, malgré son nom, se pêche 
            principalement en Méditerranée : 10.000 tonnes 
            pêchées pour 5.593 autorisées.
 Ce dépassement serait dû en partie à des 
            fraudes: six thoniers-senneurs du Languedoc (sud) font 
            actuellement l’objet d’une enquête judiciaire. La 
            France, qui dépasse son quota depuis des années, 
            doit annoncer jeudi la répartition des 4.775 tonnes par bateau.
 
 
Le client d’un bar à sushi de Tokyo s’apprête à déguster une pièce de thon rouge, le 20 décembre 2007 (Photo : Yoshikazu Tsuno) 
 
            Car le thon 
            rouge, qui se vend très cher au Japon, aiguise les 
            appétits. Les pêcheurs français ont 
            touché de 5,50 à 6,50 euros le kilo en 2007 contre 
            2 euros pour le merlan.
 Les dépassements de quota font hurler l’UE et les 
            défenseurs de l’environnement, alors que les 
            scientifiques mettent en garde contre un effondrement des stocks.
 Le WWF a demandé en janvier aux grandes surfaces de 
            boycotter ce poisson.
 Les 36 thoniers-senneurs français, tous basés en 
            Méditerranée, regrettent d’être “les 
            seuls montrés du doigt”. Ils dénoncent la 
            présence de bateaux japonais ou sud-coréens en 
            Méditerranée, qui pratiquent une pêche 
            “pirate” bien plus destructrice, selon eux. Ils 
            réclament des contrôles sur toutes les flottes et 
            des enquêtes scientifiques “plus fiables” sur 
            l’état de la ressource.
 En France, “il y a clairement eu du laxisme dans les 
            contrôles ces dernières années, même si 
            ce n’est pas le seul pays concerné”, observe un 
            haut responsable européen du secteur de la pêche. 
            Dans un rapport international publié en octobre, 
            l’Italie et l’Espagne ont été accusées 
            d’avoir dissimulé plusieurs milliers de tonnes de capture.
 
 
Un bateau de la police française dans le port de Marseille le 24 août 2006, après un blocus par les pêcheurs de thon (Photo : Patrick Valasseris) 
 
            “Je 
            m’attacherai à ce que les contrôles soient faits 
            de manière équitable entre toutes les flottilles, 
            qu’elles soient italienne, espagnole ou française”, 
            a insisté mardi à Sète le ministre 
            français de la Pêche Michel Barnier, sur la 
            même longueur d’onde que Greenpeace.
 De nombreux acteurs impliqués dans le contrôle de 
            la pêche ont confirmé à l’AFP des 
            “libertés” accordées aux thoniers-senneurs.
 “Les pêcheurs doivent remettre leurs 
            déclarations de capture au plus tard 48 heures 
            après le débarquement. Ils le font, mais une 
            semaine ou deux plus tard”, ce qui rend impossible un 
            suivi du quota en temps réel. “Il n’y a cependant 
            eu aucune sanction” jusqu’en 2007, relève un des 
            acteurs du contrôle, sous couvert de l’anonymat.
 “Dès qu’ils savent qu’on est dans un port pour un 
            contrôle, ils débarquent ailleurs”, regrettent 
            des inspecteurs. Des points de débarquement seront 
            imposés en 2008.
 “En France, les pêcheurs ont du poids. Sur la 
            route, il y a des règles et il faut les respecter sinon 
            il y a sanction. En matière de pêche, c’est 
            souvent autre chose”, relève un acteur du secteur.
 Le contrôle de cette pêche internationalisée 
            s’avère compliqué: les senneurs pêchent aux 
            Baléares ou en Libye et transbordent leurs poissons en 
            mer pour qu’ils soient transportés vers des cages 
            d’engraissement, en Croatie ou à Malte entre autres.