Euro fort : l’inquiétude grandit parmi les gouvernements européens

 
 
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Un euro et un dollar (Photo : Joël Saget)

[03/03/2008 16:31:00] BRUXELLES (AFP) Les ministres européens des Finances se sont dits pour la plupart préoccupés lundi par l’ampleur de la hausse de l’euro face au dollar, tout en prenant leurs distances avec les critiques du FMI qui a rendu la BCE “surpuissante” en partie responsable de cette situation.

“Je dois dire que je commence à être de plus en plus préoccupé et vigilant” à ce sujet, a dit le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, en arrivant à Bruxelles à une réunion du forum des grands argentiers de la zone euro (Eurogroupe), qu’il préside.

La situation n’est “pas très encourageante”, a également dit le ministre slovène des Finances Andrej Bajuk, lui aussi “préocupé” et dont le pays, qui a adopté l’euro en 2007, assure la présidence tournante de l’UE.

Toutefois, une fois encore, les Européens ne sont pas tous sur la même ligne. “Je ne suis pas trop inquiet”, s’est distingué le ministre néerlandais des Finances, Wouter Bos. “Lorsque nous avons créé l’Union économique et monétaire nous voulions une monnaie forte, eh bien nous l’avons à présent et nous ne devrions pas nous en plaindre”, a-t-il ajouté.

Si elle permet aux Européens d’atténuer l’envolée des prix de l’énergie, qui sont facturés en dollars, l’appréciation de l’euro, désormais au-dessus du seuil de 1,50 dollar, renchérit aussi leurs exportations.

Elle s’explique surtout par un mouvement de défiance à l’égard du billet vert, qui souffre de la dégradation des perspectives de croissance dans la première économie mondiale.

A ce sujet, le président de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet, et le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, l’Espagnol Joaquin Almunia, ont implicitement appelé les Etats-Unis à mettre en pratique leurs promesses d’oeuvrer en faveur d’un dollar fort.

“Dans les circonstances actuelles, je considère comme très important ce qui a été affirmé et réaffirmé par les autorités américaines, y compris le président des Etats-Unis, à savoir qu’un dollar fort est dans l’intérêt de l’économie américaine”, a notamment dit M. Trichet.

Le problème est que les Etats-Unis ont refusé jusqu’ici d’agir concrètement pour freiner une baisse du billet vert qui permet de soutenir l’économie nationale à un moment où la croissance ralentit dangereusement.

“Aussi longtemps que la baisse du dollar ne sera pas une crise du dollar, la Réserve fédérale américaine (banque centrale, ndlr) ne réagira pas, voire observera avec une certaine complaisance cette évolution favorable aux exportateurs, même si par ailleurs elle stimule l’inflation”, souligne la banque française Natixis dans une récente étude.

En Europe, certains pays, dont la France, ont souvent reproché à la Banque centrale européenne (BCE) d’alimenter la vigueur de l’euro par une politique trop focalisée sur la lutte contre l’inflation, qui la conduirait à maintenir des taux d’intérêt excessivement élevés.

Ils ont reçu lundi le soutien, au moins implicite, du directeur général du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn.

Ce dernier a estimé que le “problème” de l’euro, qu’il juge “surévalué”, est que la BCE est “surpuissante” et “n’a pas de contrepoids politique en la personne d’un vrai ministre européen des Finances qui serait en charge de la croissance”, dans une interview au quotidien français Le Monde.

A Bruxelles, le commissaire Almunia a toutefois immédiatement défendu l’institut de Francfort, qui est “indépendant” et fait du “très bon travail”.

Le ministre néerlandais des Finances lui a fait écho, en jugeant que la BCE “n’est pas trop puissante” et qu’elle “fonctionne très bien”.

 03/03/2008 16:31:00 – © 2008 AFP