Le patronat propose un mi-temps pénibilité, les syndicats parlent de “recul”

 
 
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Un ouvrier découpe des blocs de schiste, le 5 décembre 2007, après leur extraction dans les ardoisières d’Angers (Photo : Alain Jocard)

[06/02/2008 17:17:09] PARIS (AFP) Le patronat a proposé mercredi un passage à mi-temps en fin de carrière pour les ouvriers exposés à de fortes pénibilités physiques, les syndicats y voyant un “recul” par rapport aux précédentes propositions envisageant la possibilité d’un départ anticipé.

Le patronat retrouvait mercredi les syndicats pour une quinzième séance de négociation sur la prise en compte de la pénibilité du travail, qui, statistiquement, réduit l’espérance de vie de certains salariés, ayant par exemple travaillé de nuit ou manipulé des produits toxiques.

La négociation, débutée en février 2005, interrompue en 2006 et reprise sous la pression syndicale en 2007, est un passage obligé de la réforme Fillon 2003 qui programme un allongement de la durée de cotisation pour partir en retraite.

Mercredi, le patronat a remis un nouveau texte, disant “poursuivre de façon constructive les négociations”, mais analysé comme “un recul majeur” par la présidente de la caisse d’assurance vieillesse, Danièle Karniewicz (CFE-CGC).

Il reste théoriquement deux séances, les 4 et 25 mars, mais plusieurs syndicats et le patronat n’ont pas exclu de négocier au-delà s’il le faut.

La CGT a annoncé une journée d’action le 4 et fait une contre-proposition.

“Nous reconnaissons que la pénibilité a un impact sur certains salariés et nous avons proposé un dispositif pour en tenir compte”, a déclaré le négociateur patronal François-Xavier Clédat, après la polémique suscitée récemment par son insistance à souligner que le travail n’était pas le seul facteur réduisant l’espérance de vie. Le ministre du Travail s’était dit “choqué”.

M. Clédat a estimé avoir fait “un pas important” mercredi, mais tous les syndicats ont déploré que les départs anticipés, envisagés le 26 septembre par le patronat, aient disparus, sauf cas exceptionnels.

Le patronat propose “un dispositif immédiat” pour les générations pour lesquelles la prévention ne peut plus rien.

Il s’agirait d'”un passage à mi-temps ou de l’exercice d’une mission de tutorat au sein de son entreprise”, complété par “une allocation spécifique à la charge de la solidarité nationale” et réservé aux “ouvriers et employés d’exécution” de 58 ans.

Il faudrait qu’ils aient travaillé 40 ans, dont la majeure partie soumis à un facteur de pénibilité, et même à trois facteurs pendant au moins dix ans, des critères dignes du “mouton à cinq pattes” pour la CGT.

C’est “tout à fait amendable et améliorable”, a affirmé M. Clédat, mais à condition de régler le 4 mars avec les syndicats la manière de tenir compte de manière individualisée des effets de la pénibilité.

“Ils considèrent qu’il faut qu’un médecin examine la personne et lui dise +ben, vous avez 57 ans, mais votre corps, il a 65 ou 70 ans, et mon pauvre, vous avez peu d’espérance de vie+. Or, les cancers générés par la pénibilité, les problèmes cardiovasculaires ne sont pas liés à l’état de santé de la personne à un instant T”, a critiqué Jean-Louis Malys (CFDT).

“Est-ce qu’ils nous proposent de mourir à temps partiel dans les entreprises?”, a ironisé Michèle Biaggi (FO).

“Le mi-temps thérapeutique existe déjà”, s’est aussi émue Mme Karniewicz, s’interrogeant sur l’exclusion des anciens ouvriers devenus agents de maîtrise ou cadres, et des pénibilités psychosociales.

Selon elle, le texte “ne colle pas” avec la volonté de dialogue affichée par M. Clédat. La CFTC a déploré que les employeurs veuillent “se défausser sur l’Etat”, notamment pour le financement.

 06/02/2008 17:17:09 – © 2008 AFP