Crise financière internationale : Et chez nous ?


Par Maryam OMAR

Allumée en 2006 aux
Etats-Unis, la crise des ‘’sub-primes’’ (crédits immobiliers à taux
variable) enfla en 2007 avant de finir par exploser en ce début 2008,
étendant ses secousses telluriques aux marchés financiers aux quatre coins
du monde. Car faut-il rappeler que nous sommes en pleine mondialisation ; là
où tout est intimement lié par investissements croisés, par intérêts
partagés, par références communes… ?

 

Ceci étant dit, on est
évidemment tenté de conclure tout de go que la Tunisie sera touchée peu ou
prou par ces secousses telluriques. Et l’on aurait raison… mais aussi tort !

 

On aurait raison parce
que la Tunisie se fournit en de nombreux produits et matières sur les
marchés internationaux et, en même temps, elle exporte de nombreux autres
vers cet ailleurs pris de tremblements. Et sur l’un comme sur l’autre
facteur, le manque de confiance est un vrai détonateur de crise.

 

Mais on aurait également
tort parce qu’il faut aussi se rappeler, par exemple, qu’il y a dix ans tout
le monde parlait de la crise asiatique et des dérèglements qu’elle pouvait
entraîner. Il faut dire qu’elle faisait peur cette crise-là qui mit à mal,
de manière directe, quatre Etats dont la faiblesse s’est rapidement étendue
par ‘’contagion’’ à quatre autres…

 

Cette crise a débuté en
juillet 1997, avec la décision des autorités thaïlandaises de laisser
flotter le baht (la monnaie de ce pays) qui a entraîné dans sa chute la
roupie indonésienne, le ringgit malais et le peso philippin. À l’automne, la
crise s’étendit à la Corée du Sud, Taïwan, Singapour et Hong Kong. La
situation financière des banques et des entreprises locales, qui étaient
fortement endettées à court terme en dollars et en yens, se détériora
rapidement. L’insolvabilité d’un grand nombre d’entre elles ainsi que la
fuite des capitaux entraînèrent un collapsus du crédit et de l’activité
économique entre la fin de l’année 1997 et le début de l’année 1998,
empêchant les pays concernés d’exploiter les avantages de compétitivité
procurés par la dépréciation de leurs monnaies. Elle se propagea à très
grande vitesse. La dépréciation des monnaies toucha l’Asie du Sud-est et
tout particulièrement Taïwan dont la monnaie déprécia de plus de 45% par
rapport au dollar en l’espace de trois semaines.

 

Pourtant, les autres
économies du monde, la Tunisie comprise, tinrent bon et les grandes places
financières gardèrent la tête froide après quelques semaines d’émoi. Ce sera
pratiquement la même chose pour cette crise et pour celles qui la suivront,
simplement parce que, après la crise de 1929, la réactivité des Etats et de
leurs institutions n’a jamais cessé de se multiplier.