ArcelorMittal va supprimer 600 emplois en Moselle, colère des syndicats

 
 
[16/01/2008 19:24:06] GANDRANGE (Moselle), 16 jan 2008 (AFP)

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Des salariés de l’acierie Arcelor-Mittal de Gandrange retiennent le directeur général du site Bernard Laupretre (C), le 16 janvier 2008 à Gandrange (Photo : Jean-Christophe Verhaegen)

ArcelorMittal a annoncé mercredi la suppression d’ici à avril 2009 de 595 des 1.108 emplois de son aciérie de Gandrange (Moselle) que le groupe s’est engagé à reclasser dans son unité de Florange (Moselle) et au Luxembourg.

Le groupe sidérurgique a fait part de ce “plan de réorganisation” lors d’un conseil d’entreprise européen (CEE) tenu dans la matinée à Luxembourg et l’a confirmé dans l’après-midi lors d’un conseil d’établissement (CE) à Gandrange.

ArcelorMittal a informé les syndicats de son intention de supprimer l’aciérie électrique et le train à billettes, une installation de laminage pour la fabrication de cylindres de métal.

Le laminoir à couronnes et barres (LCB) et le centre de recherches seraient conservés sur le site acquis en 1999 pour le franc symbolique par Lakshmi Mittal, devenu entre-temps le patron d’ArcelorMittal, premier aciériste mondial (320.000 salariés).

“C’est un scandale”, a déclaré à Luxembourg Edouard martin, élu CFDT au CEE, qui a demandé avec les autres représentants syndicaux un moratoire pour la réorganisation projetée en Lorraine. Celle-ci doit être rediscutée le 15 février à Luxembourg.

“Nous ne pouvons pas accepter l’argumentaire du plan de fermeture de l’usine”, a indiqué de son côté Henri Botella, représentant de la CFE-CGC au CEE, en reprochant aux dirigeants d’ArcelorMittal l’insuffisance des investissements pour améliorer sa productivité.

Interrogé à l’Assemblée nationale par le député (PS) mosellan Michel Liebgott, le secrétaire d’Etat aux Entreprises, Hervé Novelli, a indiqué que le gouvernement attendait du numéro un mondial de l’acier un “plan de revitalisation local”. “Je suivrai personnellement ce plan et, des salariés concernés, aucun ne se verra rester sur le carreau”, a assuré M. Novelli.

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Un salarié de l’acierie Arcelor-Mittal de Gandrange manifeste, le 16 janvier 2008 à Gandrange (Photo : Jean-Christophe Verhaegen)

Le directeur général d’ArcelorMittal France, Daniel Soury-Lavergne, a assuré que quelque 400 emplois étaient “disponibles” pour le reclassement des métallos de Gandrange dans des usines du groupe situées dans le bassin d’emploi lorrain et luxembourgeois.

M. Soury-Lavergne a parallèlement annoncé le “développement” du LCB qui laminerait à l’avenir des billettes fournies par les acieries de Duisbourg-Ruhrort (Allemagne) et de Schifflange (Luxembourg).

“Le LCB constitue un outil unique dans le dispositif du groupe en Europe pour la production de +fil machine+ à haute valeur ajoutée à destination notamment de l’industrie automobile”, a-t-il expliqué.

Dans une note présentée aux syndicats et que l’AFP s’est procurée, les dirigeants d’ArcelorMittal expliquent qu'”en raison des difficultés opérationnelles constantes de l’aciérie (…), la disponibilité productive de l’ensemble n’est que de 44%, contre 83% en moyenne dans les autres usines” du secteur des aciers longs carbones en Europe.

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Des employés d’Arcelor Mittal bloquent le directeur général du site de Gandrange, Bernard Laupretre, après l’annonce de suppressions d’emplois, le 16 janvier 2008 (Photo : Jean-Christophe Verhaegen)

“Les coûts de maintenance atteignent le double de ceux des autres sites”, souligne la note. Le site de Gandrange, qui a produit 930.000 tonnes d’acier en 2007, a parallèlement enregistré une perte nette de 30 millions d’euros l’an dernier, selon le directeur de l’usine, Bernard Lauprêtre.

Sur le site, où la production est arrêtée depuis mardi 22H00, une intersyndicale CGT-CFDT-CFE/CGC a refusé la réorganisation projetée et a demandé une expertise pour “démontrer la viabilité du site”. Pour 2008, la Fédération internationale de l’acier prévoit une hausse de 6,8% de la demande mondiale, tirée notamment par la Chine et l’Inde.

Au troisième trimestre 2007/2008, ArcelorMittal a enregistré un résultat net de 2,96 milliards de dollars (2,155 milliards d’euros), en progression de 35,6%.

 16/01/2008 19:24:06 – © 2008 AFP