Le gouvernement lance la réforme des ports privatisant les personnels

 
 
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François Fillon, le 14 janvier 2008 à Marseille (Photo : Boris Horvat)

[14/01/2008 19:13:33] PARIS (AFP) François Fillon a annoncé lundi une réforme des ports autonomes prévoyant la privatisation de la manutention, revendication de longue date des responsables patronaux de la filière, relancée par le conflit du port de Marseille avec la CGT en mars 2007.

Le Premier ministre a précisément choisi Marseille pour annoncer une réforme promise par le président Nicolas Sarkozy au tout début de son mandat.

La réforme “devrait pouvoir se concrétiser par des mesures législatives au printemps prochain”, a dit M. Fillon. Le projet, qui répond à certaines des préoccupations patronales, a soulevé dès lundi les protestations de la CGT.

“Une fois de plus, les partenaires sociaux sont pris à contre-pied (…) il n’y a plus rien à discuter”, a déploré la secrétaire de l’Union départementale-CGT des Bouches-du-Rhône, Mireille Chessa.

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Des conteneurs sont chargés, le 26 octobre 2007 sur le terminal à conteneurs du port autonome de Marseille à Fos-sur-Mer (Photo : Boris Horvat)

La position concurrentielle des ports français s’est fortement dégradée depuis 20 ans, situation régulièrement imputée par les responsables des entreprises privées du secteur au statut public des personnels de manutention des sept grand ports autonomes français.

Le conflit avec la CGT a pris une tournure spectaculaire en mars 2007 à Marseille, où le syndicat a imposé, au terme de 18 jours de grève, l’embauche de cinq salariés du port autonome sur le futur terminal méthanier de GDF, alors que l’entreprise souhaitait l’exploiter avec son propre personnel.

La “faiblesse” des ports autonomes réside, selon M. Fillon, dans “le manque de productivité” des terminaux dû à un “obstacle rédhibitoire”: “l’absence d’unité de commandement entre les activités de manutention exercées par les ports autonomes et celles des entreprises de manutention”.

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Une trentaine de navires, pétroliers, méthaniers, et marchandises mouillent au large du port autonome de Marseille, le 18 mars 2007 à Fos-sur-Mer (Photo : Boris Horvat)

Pour y remédier, la réforme devra prévoir de “transférer les activités de manutention exercées par les ports à des opérateurs privés”, a annoncé M. Fillon.

La privatisation devrait toucher en particulier les activités des grutiers comme cela a déjà été le cas pour les dockers, devenus en 1992 salariés des entreprises de manutention.

“Quelques milliers d’emplois seraient concernés” par le changement de statut voulu par le gouvernement, selon l’entourage du Premier ministre.

“Un tel transfert (…) suppose un dialogue préalable (…) à la fois avec les opérateurs et les salariés concernés. Personne ne sera laissé sur le bord de la route par la réforme. J’en prends l’engagement”, a promis M. Fillon.

La concertation menée par le secrétaire d’Etat aux Transports, Dominique Bussereau, devrait débuter dès mardi, a-t-il assuré.

La Fédération des Entreprises de Transport et de Logistique de France (TLF) a salué cette démarche, se félicitant particulièrement, dans un communiqué, “du transfert de l’ensemble des grutiers-portiqueurs sous l’autorité de sociétés privées de manutention”.

Les ports autonomes sont des établissements publics à caractère industriel et commercial (EPIC). Sept sur neuf sont concernés par la réforme: Marseille-Fos, Dunkerque, Le Havre, Rouen, Nantes-Saint-nazaire, La Rochelle et Bordeaux.

Paris et la Guadeloupe “feront l’objet d’une réflexion spécifique”, a-t-on ajouté à Matignon.

Le Premier ministre a fixé comme objectifs l’augmentation d’ici 2015 du trafic de conteneurs de 3,5 à 10 millions, et la création de 30.000 emplois, alors que la France a perdu “la moitié de (ses) parts de marché dans le trafic de conteneurs au cours des 20 dernières années”.

 14/01/2008 19:13:33 – © 2008 AFP