Coopération tuniso-allemande : peut mieux faire !

Par : Tallel
Coopération tuniso-allemande : peut mieux faire !


Par Tallel Bahoury

neftiv.jpgLa quatrième
édition du forum économique tuniso-allemand ‘’Nefta IV’’, qui s’est tenue du
16 au 18 décembre à Tozeur, a permis de faire le point sur le climat
d’investissement en Tunisie ainsi que les opportunités de partenariat qui
s’offrent dans les domaines àforte valeur ajoutée, notamment les industries mécaniques et
électroniques.

 

A événement
important, personnalités importantes, à commencer par le ministre du
Développement et de la Coopération internationale, M. Mohamed Nouri Jouini,
et son homologue allemand chargé de l’Economie et de la Technologie, M.
Michael Glos, ainsi que MM. Jürgen Thumann (le président du patronat
allemand, la BEI), Hédi Djilani (président de l’UTICA), Mme Mongia Khemiri
(DG de la FIPA) et de nombreux hommes d’affaires et industriels tunisiens et
allemands.

 

Au programme
des travaux de cette 4ème édition, deux panels : ‘’Nouvelles
perspectives de la coopération économique tuniso-allemande’’ et ‘’Faire des
affaires en Tunisie : bonnes pratiques et témoignages’’ ; ces deux panels
étaient suivis par trois workshops : le premier a porté sur les ‘’projets
dans l’environnement et les énergies renouvelables’’, le 2ème sur
les ‘’industries mécaniques, électriques et électroniques’’, et le dernier
sur les ‘’technologies de l’information et de la communication’’ ; ainsi que
des rencontres B2B entre opérateurs tunisiens et allemands. 

 

Dans son
allocution, le ministre allemand de l’Economie et de la Technologie s’est
tout d’abord félicité d’être le premier membre du nouveau gouvernement
allemand à visiter la Tunisie. En substance, il déclara que la Tunisie
semble avoir tous les atouts pour le relever les défis de la mondialisation.
Et de se réjouir que ‘’la Tunisie ne soit pas seulement une destination
touristique’’.

 

Concernant
les relations tuniso-allemandes, le ministre dira que ‘’la Tunisie fait
partie des pays qui importent le plus des produits allemands… et que tous
les secteurs de l’économie sont concernés par la coopération entre les deux
pays, notamment celui de la mécanique et électronique’’.

 

De son côté,
le président de la BDI (la centrale patronale allemande), M. Jürgen Thumann,
tout en reconnaissant la solidité de l’économie tunisienne (avec une moyenne
de 5% de croissance au cours des 5 dernières années) et une évolution
notable des échanges entre la Tunisie et la l’Allemagne, a invité la Tunisie
à mettre en place certaines améliorations. Ainsi, il dira qu’’’il faut
améliorer davantage l’attraction des entreprises étrangères vers la
Tunisie…’’, en éliminant notamment l’autorisation de participation
étrangères dans le capital des entreprises.

 

Toujours dans
le même ordre d’idées, M. Thumann considère que la convertibilité limitée du
dinar constitue un handicap pour l’économie tunisienne. Tout ceci pour dire
que, ‘’nous investisseurs allemands, nous voulons plus de libéralisation de
l’économie tunisienne… ce qui est à même de permettre à davantage
d’implantation d’équipementiers allemands en Tunisie’’. Avant de conclure
sur le fait que ‘’la présence massive des industriels allemands pour ce
Nefta IV prouve notre volonté à investir en Tunisie dans les secteurs qui
nous intéressent le plus…’’.

 

A noter
cependant que M. Thumann, quelques minutes plus tard, lorsqu’il lui a
demandé les points faibles de l’économie tunisienne, dira que ‘’tout est
presque parfait’’. A se demander alors si en l’espace de quelques minutes,
entre ses déclarations sur la tribune et au moment où on l’a interrogé, on
l’a rappelé à l’ordre comme l’on dit dans le jargon politique. 

 

Qu’à cela ne
tienne, certains de ses propos méritaient bien une certaine clarification,
ou du moins une rectification. Et c’est son homologue tunisien, en
l’occurrence M. Hédi Djilani qui s’en est chargé.

 

neftiv2.jpgTout d’abord,
le patron des patrons tunisiens rappelle que la collaboration commerciale et
industrielle entre l’UTICA et la BDI date depuis 1969. Maintenant concernant
la convertibilité du dinar tunisien, M. Djilani met à la connaissance des
allemands que pour les industriels et autres investisseurs, il n’existe pas
de restriction de change ; mieux, le rapatriement des dividendes de
l’entreprise est totalement libre. Autrement dit, tout se passe, pour eux,
comme si le dinar tunisien était convertible à 100%, avec la seule
différence que, pour l’heure, il n’est pas possible de sortir avec la devise
tunisienne.

 

Cette
précision faite, le président du patronat tunisien, comme il le fait depuis
toujours –mais plus fréquemment ces derniers temps-, va livrer aux hommes
d’affaires allemands trois analyses économiques simples mais qui sont issues
de l’observation sur le terrain.

 

Les
classements attribués à la Tunisie par le Forum de Davos et la Banque
mondiale font de la Tunisie un pays clé dans le sud de la Méditerranée. En
clair, ‘’la Tunisie est une carte gagnante dans cette région’’, dira M.
Djilani. Et s’il en est ainsi, c’est parce que ‘’la Tunisie a toujours misé
sur la matière grise’’, rappelle-t-il à l’attention des hôtes de Nefta IV,
ce qui signifie que le marché tunisien dispose d’une main-d’œuvre qualifiée
dont ont besoin les investisseurs allemands sur le site tunisien –et
au-delà.

 

Ensuite, il
analyse l’économie mondiale en évoquant les trois blocs qui la constituent
aujourd’hui, à savoir le bloc européen, celui de l’Asie et celui de
l’Amérique (qui est en train de former un seul bloc avec celui de l’Amérique
du Sud). Toutefois, M. Djilani estime que l’Europe est handicapée par sa
taille (environ 450 millions d’habitants, contre plus d’un milliard
d’individus pour les deux autres blocs). C’est pour cette raison que le
président du patronat tunisien appelle les Européens à se renforcer vers le
sud et l’est de la Méditerranée, qui va de la Mauritanie à la Turquie, comme
cela elle atteindra voire dépassera le milliard d’individus. Ce qui, à ses
yeux, constitue la taille minimale d’un bloc économique qui se respecte.

 

La dernière
observation de M. Hédi Djilani concerne, évidemment, les investissements des
pays du Golfe arabique dans les pays du Maghreb. A ce niveau, le patron
tunisien invite les Européens, en général, et les Allemands, en particulier,
à saisir cette opportunité pour mettre en place ‘’une stratégie de bataille
afin d’éviter que les Asiatiques et autres Américains viennent rafler tous
les projets ici au Maghreb sous leur nez…’’. D’ailleurs, ‘’les Italiens
semblent avoir compris cet enjeu, et ont donc entamé la construction d’un
show room géant de 800 m2 aux Berges du Lac, où ils vont exposer des
équipements italiens…’’, a-t-il dit en substance.

 

Quant à Mme
Mongia Khemiri, quelques heures plus tard, c’est-à-dire le matin du 17
décembre, avant de donner un aperçu sur les services de la FIPA, apportera
quelques éclaircissements à la suite de M. Hédi Djilani concernant les
propos de M. Thumann (convertibilité du dinar, participation dans le capital
des entreprises, rapatriement des dividendes…).

 

Par la suite,
la DG de la Foreign of investment promotion agency (FIPA) souligne que son
agence a pour objectif d’informer, d’accompagner et de suivre le client
investisseur étranger en Tunisie. Elle rappellera que la Tunisie est ‘’un
site attractif à proximité de l’Europe’’, mais pas seulement. Puisque
l’investisseur étranger en Tunisie bénéficie d’un environnement favorable
-et ce depuis des lustres (il suffit de se rappeler de la loi 72)-, des
ressources humaines compétentes et bien formées, des coûts de production
compétitifs (ce qui justifie l’implantation de près de 3.000 entreprises
étrangères ou à capital mixte en Tunisie), des avantages accordés aux
investisseurs étrangers, un secteur privé dynamique, et surtout d’importants
secteurs à haute valeur ajoutée (notamment les TIC avec quelque 7.000
diplômés TIC par an).

 

Mme Khemiri
souligne également que la Tunisie consacre, annuellement, 7% de son PIB à
l’enseignement et à la formation.

 

En somme, à
l’aise dans son rôle de courroie de transmission entre les pouvoirs publics
et les investisseurs privés étrangers, Mme Khemiri cultive la séduction et
l’attrait de la Tunisie : une économie compétitive, une dynamique de
croissance, un accès privilégié au marché européen, des ressources humaines
hautement qualifiées et à coûts compétitifs, une économie basée sur
l’innovation et le savoir, et un cadre de vie agréable et moderne. Alors,
messieurs les investisseurs, qu’attendez-vous de plus pour venir investir
sur le site Tunisie ?, serait tentée de dire la DG de la FIPA.