Trichet : l’indépendance “absolument essentielle” aux banques centrales

 
 
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Jean-Claude Trichet, le 11 septembre 2007 à Bruxelles (Photo : Jacques Collet)

[21/09/2007 19:03:50] LAUSANNE (AFP) L’indépendance est une qualité “absolument essentielle” pour une banque centrale car elle assure sa crédibilité vis-à-vis des acteurs économiques, a déclaré vendredi le président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet.

“Il y a un consensus au sein des banques centrales pour considérer que l’indépendance est absolument essentielle car elle donne une crédibilité vis-à-vis de l’ensemble des investisseurs et des épargnants dans sa propre économie et dans le reste du monde”, a déclaré M. Trichet lors d’un débat sur l’euro à la Fondation Jean Monnet à Lausanne (Suisse).

Le chef de l’Etat français, Nicolas Sarkozy, a renouvelé ses critiques jeudi contre M. Trichet, appelant implicitement l’institut d’émission européen à abaisser ses taux d’intérêt, tout en assurant croire en l’indépendance de la BCE.

M. Trichet, interrogé par le président de la Fondation Jean Monnet, Bronislaw Geremek, a fait valoir que l’indépendance et la crédibilité de la BCE permettaient à la zone euro d’emprunter à moindre coût sur les marchés financiers.

“Si nous n’étions pas indépendants, je vous laisse calculer les primes de risques qui seraient demandées par les épargnants et les investisseurs du monde entier”, a-t-il lancé, sans évoquer les critiques du président français à son encontre.

“Les peuples européens ont été bien inspirés de voter pour l’indépendance de la Banque centrale européenne” lors de l’adoption du traité de Maastricht, qui a fondé l’Union économique et monétaire, a estimé le président de la BCE.

Sans citer la France, mauvais élève de la zone euro pour son déficit budgétaire, il a souligné que le Pacte de stabilité et de croissance passé entre les pays membres visait à “faire en sorte qu’un pays ne puisse pas faire peser sur tous les autres une prime de risque supplémentaire liée à sa mauvaise gestion”.

Il a souligné que nonobstant l’indépendance de son institution, il s’entretenait régulièrement avec les représentants du parlement européen et des ministres de l’eurogroupe.

Interrogé sur la force de l’euro, qui a dépassé la barre de 1,41 dollar, M. Trichet a dit avoir “noté avec énormément d’intérêt les déclarations des autorités américaines confirmant qu’elles pensaient qu’un dollar fort est dans l’intérêt des Etats-Unis”.

A propos de la crise financière provoquée par l’effondrement du secteur des “subprime” aux Etats-Unis, M. Trichet a estimé que “nous assistons actuellement à une correction” et que “les marchés ont un comportement turbulent”.

“Nous devons prendre les uns et les autres des décisions appropriées dans ce contexte”, a-t-il reconnu, tout en refusant de se prononcer sur l’évolution des taux d’intérêt de la BCE.

Participant au débat intitulé “l’euro, un succès inachevé ?” aux côtés du président de la Banque nationale suisse, Jean-Pierre Roth, M. Trichet a estimé que “l’euro est un très grand succès”. “Ceci est absolument incontestable”, a-t-il lancé, tout en observant que la Suisse, qui reste en dehors de l’Union européenne, ne faisait pas “encore” partie de l’Union monétaire.

 21/09/2007 19:03:50 – © 2007 AFP