Eiffage fait barrage à Sacyr, Jean-François Roverato cède la direction exécutive

 
 
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Le patron du groupe français de BTP Eiffage Jean-François Roverato (d) et son successeur Benoît Heitz, le 18 avril 2007 à Paris (Photo : Eric Piermont)

[18/04/2007 18:02:18] PARIS (AFP) Eiffage a fait barrage mercredi lors de son assemblée générale au groupe espagnol Sacyr, qui n’a obtenu aucun des cinq administrateurs qu’il demandait, mais qui a annoncé vouloir contester la validité de l’AG, les autres actionnaires espagnols ayant été privés de vote.

Le patron du groupe français de BTP Jean-François Roverato a annoncé son départ de la direction exécutive du groupe avec deux mois d’avance sur le calendrier prévu, mais il reste président (non-exécutif) du conseil d’administration.

Son numéro deux, Benoît Heitz, a été nommé par le conseil d’administration directeur général du groupe.

“Je préfère partir sur un grand coup de clairon (…) plutôt que de traînailler encore pendant deux mois”, a déclaré M. Roverato, invoquant “la pression médiatique”.

L’AG a rejeté la nomination de cinq administrateurs demandée par Sacyr Vallehermoso, premier actionnaire d’Eiffage avec 33,2% du capital et plus de 29% des droits de vote.

Auparavant, Eiffage avait réussi à faire barrage aux Espagnols en privant de leurs droits de vote 89 actionnaires ibériques, accusés d’avoir agi de concert pour soutenir Sacyr.

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Assemblée générale du groupe Eiffage à Paris le 19 avril 2006 (Photo : François Guillot)

Ces actionnaires représentent au total 16,384 millions d’actions, soit environ 17,5% des droits de vote d’Eiffage, qui soupçonne Sacyr de vouloir prendre de façon “rampante” le contrôle de son capital.

Les groupes espagnols ont été accusés d’avoir “agi ensemble afin d’exercer avec Sacyr les droits de vote attachés à leurs actions” et sans qu'”aucune déclaration de franchissement de seuils de concert n’ait été adressée” aux autorités de marché ou à la société.

A la suite de cette décision, les représentants de Sacyr, dont son PDG Luis del Rivero, ont quitté l’assemblée réunie dans une ambiance houleuse.

Un avocat de Sacyr est cependant resté “pour exercer les droits de vote de Sacyr”, mais malgré sa présence, le groupe n’a pu réunir le nombre de voix suffisantes pour faire adopter ses résolutions.

Sacyr a aussitôt annoncé qu’il allait engager des “procédures” juridiques pour “contester la validité” de l’AG, et qu’il allait notamment adresser une requête à l’Autorité des marchés financiers.

La décision du président d’Eiffage d’annuler les droits de 89 actionnaires, “au motif que leur commune nationalité démontrerait une action de concert”, est “illégale”, a estimé Sacyr.

M. del Rivero a ensuite dénoncé un “coup d’Etat prémédité” et indiqué que les procédures de recours étaient à l’étude. “Nos avocats sont en train d’y réfléchir”, a-t-il dit à l’AFP.

M. Roverato a estimé de son côté que “la justice civile et ou pénale aura(it) à se prononcer si et quand elle sera(it) saisie”. Il a jugé possible que la justice ou l’AMF annule l’AG, s’il n’était pas reconnu que les actionnaires espagnols avaient agi de concert.

“L’assemblée générale vient de s’achever sur une crise importante dans l’histoire du groupe”, ont estimé dans un communiqué des représentants syndicaux d’Eiffage.

 18/04/2007 18:02:18 – © 2007 AFP