Port de Marseille : 14e jour de grève, les raffineries menacées d’arrêt

 
 
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Des pétroliers, navires-marchands et méthaniers bloqués en rade de Fos-sur-Mer à l’entrée du port autonome de Marseille, le 20 mars 2007 (Photo : Anne-Christine Poujoulat)

[27/03/2007 18:12:53] MARSEILLE (AFP) Les agents CGT du port de Marseille ont décidé mardi de poursuivre la grève qui paralyse les terminaux hydrocarbures de Fos-sur-Mer et Lavéra depuis le 14 mars, et la moitié des raffineries françaises, déjà au ralenti, pourraient s’arrêter de fonctionner en fin de semaine.

C’est “à la quasi-unanimité” que quelque 200 agents, réunis en assemblée générale à Martigues (Bouches-du-Rhône), ont décidé “de reconduire le mouvement” pour une 15e journée mercredi, a indiqué Thierry Pettavino, secrétaire de l’Union départementale de la CGT.

Le ministre de l’Economie, Thierry Breton, a réagi en appelant “à la responsabilité, en particulier des partenaires sociaux” afin “que tout le monde revienne à la raison et que le travail reprenne le plus vite possible”.

Enjeu du conflit: l’emploi d’agents portuaires pour le branchement et le débranchement des méthaniers au futur terminal de GDF à Fos-sur-Mer, à partir de 2008. Invoquant des raisons de sécurité, GDF veut y employer son propre personnel.

“Ce qu’on veut, c’est être présent sur le terminal méthanier. On branche et on débranche les bateaux. Sinon c’est la privatisation du port qui se profile. C’est cela l’enjeu, ce n’est pas un emploi qui est en cause”, a argumenté M. Pettavino.

La direction du PAM qui appris avec “étonnement” le rejet du protocole de sortie de crise, a indiqué qu’elle était arrivée “aux limites de ses propositions”.

“Le protocole de fin de conflit n’est pas acceptable en l’état”, a martelé Pascal Galéoté, adjoint au secrétaire général CGT du Port autonome (PAM).

Cinquante et un navires attendaient sur rade de pouvoir accéder aux deux terminaux pétroliers. Conséquence du blocage: les raffineries alimentées depuis Marseille et qui tournent déjà à 65% de leur capacité “ne pourront fonctionner que jusqu’à vendredi ou samedi, par manque de pétrole”, a affirmé Jean-François Cousinié, délégué de l’Union française des industries pétrolières pour la région Provence-Alpes-Côte d’Azur.

C’est donc la moitié des 12 raffineries françaises – 4 à Berre (Bouches-du-Rhône), une à Feyzin (Rhône) et une autre à Reichstett, en Alsace – qui risquent de manquer de matière première. Tout comme la raffinerie suisse de Cressier et celle de Karlsruhe (Allemagne).

“Pour le moment, il n’y a pas de risque de pénurie pour les stations-service. Cependant un problème se posera pour elles 8 à 10 jours après l’arrêt des raffineries”, a-t-il souligné.

Les capacités de stockage atteignent également leurs limites, contraignant les producteurs, comme à Lavéra à “brûler du gaz butane”, a ajouté M. Cousinié.

Déjà touché par un long conflit à l’automne 2005, le port marseillais, tombé de la 2e à la 4e place en Europe pour le trafic global en raison du recul de l’activité conteneurs, traverse une nouvelle crise sur un secteur crucial pour son équilibre. Le PAM est le deuxième d’Europe pour les hydrocarbures (64,3 millions de tonnes en 2006), derrière Rotterdam.

Les pétroliers à qui la grève de 2005 avait coûté 25 millions d’euros, font déjà les comptes: depuis le 14 mars, le conflit leur a coûté 5,2 millions d’euros, selon M. Cousinié.

“Je suis le dossier avec inquiétude”, a réagi Christian Frémont, le préfet de la région PACA. Thierry Breton a appelé “les partenaires sociaux à dialoguer, notamment sous l’égide du préfet qui est un homme d’expérience”.

C’est justement au préfet que la CGT a demandé de convoquer une “réunion de tous les concernés: la fédération CGT de l’énergie, la fédération CGT des ports et docks, l’UD-CGT, la direction de Gaz de France et celle du PAM”.

 27/03/2007 18:12:53 – © 2007 AFP