Japon : excédent courant record en 2006, gonflé par le yen faible

 
 
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Le ministre japonais des Finances Koji Omi, le 10 février 2007 à Essen en Allemagne lors d’une réunion du G7 (Photo : Jean-Christophe Verhaegen)

[14/02/2007 09:56:29] TOKYO (AFP) Le Japon a enregistré en 2006 un excédent courant record grâce aux lucratifs rendements de ses investissements à l’étranger qui, dopés par la faiblesse persistante du yen, ont rapporté davantage d’argent à la deuxième économie mondiale que son commerce extérieur.

L’excédent courant du Japon a atteint en 2006 le montant sans précédent de 19.839 milliards de yens (125,56 milliards d’euros au taux de change actuel), soit 8,7% de plus qu’en 2005, selon des statistiques officielles publiées mercredi. Le précédent record (18.618,4 milliards) datait de 2004.

La balance des comptes courants est le meilleur indicateur de la situation d’une économie par rapport au reste du monde, car elle prend en compte non seulement le commerce extérieur mais aussi les échanges de services, ainsi que les revenus des investissements internationaux.

Pour la deuxième année consécutive, l’excédent du compte des revenus s’est avéré supérieur à l’excédent commercial, ce qui montre que le Japon vit désormais davantage des rendements de ses investissements que de ses exportations.

L’excédent du compte des revenus a ainsi augmenté de 20,8% par rapport à 2005 à 13.744,9 milliards de yens (87 milliards d’euros), alors que l’excédent commercial a diminué de 8,5% à 9.459,6 milliards (59,9 milliards d’euros).

“L’excédent commercial s’est contracté en 2006 car la flambée des prix du pétrole a gonflé la valeur des importations, mais l’excédent du compte des revenus a été dopé par les rendements des investissements des Japonais libellés en devises”, explique Hiromichi Shirakawa, économiste au Crédit Suisse.

Les comptes courants du Japon, pays à la fois fortement exportateur et grand investisseur à l’étranger, sont fortement dépendants des taux de change.

L’excédent record de 2006 est ainsi en très grande partie attribuable à la dépréciation permanente de la devise nippone face à l’euro et au dollar.

“Les taux de change ont été un facteur majeur”, commente Tatsushi Shikano, analyste chez Mitsubishi UFJ, selon qui “l’excédent courant a été dynamisé à la fois par les exportations et par la bonne santé du compte des revenus”.

Une devise nippone faible rend en effet les exportations plus compétitives, tout en augmentant la valeur en yens des dividendes, intérêts et autres revenus tirés des investissements effectués par les Japonais à l’étranger.

“Cette tendance va encore durer un certain temps”, prédit M. Shikano.

La faiblesse du yen depuis deux ans est dénoncée avec virulence par certains responsables européens, ainsi que par les constructeurs automobiles américains.

Selon ces derniers, l’énorme excédent courant du Japon –mais aussi celui de la Chine– sont les symptômes d’une sous-évaluation artificielle des devises de ces pays.

Lors de leur réunion le weekend dernier à Essen (Allemagne), les ministres des Finances et les banquiers centraux des pays riches du G7 se sont entendus pour appeler la Chine à réévaluer le yuan.

Mais ils ont échoué à trouver une position commune sur le yen, les Etats-Unis –dont le déficit budgétaire abyssal est généreusement financé par les prêteurs japonais– se montrant peu pressés d’en découdre avec Tokyo.

L’excédent courant du Japon, le plus élevé du monde jusqu’en 2005, devrait être dépassé en 2006 par celui de la Chine qui devrait atteindre 223 milliards de dollars (170 milliards d’euros), soit 8,5% du produit intérieur brut du pays (contre moins de 4% pour le Japon), selon une estimation de la Banque mondiale.

 14/02/2007 09:56:29 – © 2007 AFP