En 2006, les “spams” ont repris une longueur d’avance

 
 
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Un homme utilise une liaison internet sans fil, gare du Nord à Paris, le 9 avril 2003 (Photo : François Guillot)

[03/12/2006 19:32:50] PARIS (AFP) Alors que la période des fêtes voit une recrudescence des “spams”, courriers électroniques indésirables polluant les boîtes mails, leurs expéditeurs ont innové en 2006 pour contourner les barrières informatiques et duper les internautes.

L’année qui s’achève aura vu le tassement des premières générations de spams, ou “pourriels”, bloquées par les filtrages divers, et la montée en puissance d’une nouvelle génération plus difficile à arrêter.

Selon la société de sécurité informatique Ironport Systems, le volume de spams était en octobre de 61 milliards de messages par jour, contre 31 milliards en octobre 2005. En décembre, ce nombre atteindra 78 milliards.

“On estime en général que le volume de spams représente entre deux tiers et 80% du mail mondial”, indique Sébastien Commérot, responsable marketing d’IronPort.

Après une constante augmentation, “le spam avait fini par stagner au 1er trimestre et au deuxième trimestre, on a connu une nouvelle explosion”, notamment avec l’arrivée du spam-image, explique M. Commérot.

Intégrant du texte dans une image pas forcément visible, contournant les filtrages traditionnels, les spams-image représentaient en octobre 25% du spam mondial, contre 4,8% un an auparavant, selon M. Commérot.

Loin des premiers pourriels, qui visaient surtout à encombrer la bande passante, ils représentent un moyen simple, efficace et quasiment gratuit de trafics en tous genres.

Après les faux médicaments ou les contrefaçons de produits de luxe, la tendance est aux pourriels boursiers conseillant d’investir sur certaines valeurs ou aux “pourriels africains”, dans lesquels un riche héritier demande de l’aide.

“Envoyez un milliard d’e-mails, vous avez toujours au moins 1.000 à 2.000 réponses”, pour un coût quasi-nul, souligne Eric Domage, directeur de recherche sécurité Europe au cabinet IDC.

La propagation des spams devient aussi plus virulente, avec la multiplication des “ordinateurs zombies” sur lesquels un logiciel-espion est installé, via des sites internet ou des spams-image, permettant aux pirates d’envoyer à distance des pourriels et de récupérer des adresses.

“La première vague de spams était basée sur des fichiers d’adresses vendus directement aux spammeurs, maintenant les PC eux-mêmes, parce qu’ils sont vérolés, permettent de récupérer énormément d’adresses”, explique M. Domage.

Selon la société Sophos, la France est, à égalité avec la Corée du Sud, le troisième expéditeur de pourriels, derrière les Etats-Unis et la Chine.

Mais le spam ne connaît pas de frontière, d’autant que “les deux tiers des spams mondiaux sont relayés par des systèmes infectés”, selon Michel Lanaspèze, directeur marketing et communication de Sophos France. Le classement de la France est le signe d’une protection insuffisante des ordinateurs, selon lui.

De plus, ajoute-t-il, “en France, une proportion plus importante de gens est connectée en permanence à l’ADSL”, ce qui laisse la porte ouverte aux spammeurs.

En novembre, la Commission européenne a demandé aux Etats-membres d’intensifier leur lutte contre ces courriels indésirables.

Outre une méfiance accrue des internautes et l’avancée technologique des systèmes de protection, la lutte contre les pourriels doit aussi passer par la fin de “l’anonymat absolu” sur internet et la création d’une “identité numérique”, estime M. Domage.

 03/12/2006 19:32:50 – © 2006 AFP