La course à la fusion est lancée chez les laboratoires de taille moyenne

 
 
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Un employé d’un laboratoire pharmaceutique travaille sur une chaîne de production (Photo : Patrick Bernard)

[25/09/2006 10:53:17] FRANCFORT (AFP) Les groupes pharmaceutiques de taille moyenne ont lancé une vague inédite de fusions-acquisitions en Europe pour survivre en renforçant leurs portefeuilles de traitements en voie de développement, souvent anémiques.

Depuis le mariage Sanofi-Aventis il y a deux ans, les poids lourds du secteur ont fait une pause dans leur mouvement de consolidation.

Mais entre la fusion Bayer-Schering en Allemagne au printemps, les rapprochements Merck-Serono et Altana-Nycomed la semaine dernière, puis le rachat annoncé lundi de Schwarz Pharma par le belge UCB, les opérations se multiplient entre acteurs de plus petite taille.

“La course est lancée. Face à une concurrence renforcée, le belge Solvay ou le danois Novo Nordisk ne devraient plus attendre très longtemps avant de se jeter à leur tour dans la mêlée”, note Silke Stegemann, analyste à la banque LRP.

Mis à part le fait qu’ils sont encore souvent sous contrôle familial, ces groupes ont tous un point commun: ils réalisent un chiffre d’affaires de moins de 5 milliards d’euros dans les traitements sous brevet.

“Nous avons tous un problème de taille critique”, relevait la semaine dernière, dans une interview au Financial Times, le patron du suisse Serono, Ernesto Bertarelli.

Les laboratoires doivent en effet lutter avec des concurrents beaucoup plus puissants pour débaucher les chercheurs les plus talentueux, racheter au prix fort les molécules développées par les petits groupes de biotechnologie et assumer des coûts de marketing en plein explosion.

Le tout, alors que la pression des génériques grandit, encouragée par les gouvernements un peu partout en Europe, soucieux de maîtriser le dérapage des dépenses de santé.

Mais le défi principal est ailleurs. Ces laboratoires n’ont plus les moyens suffisants pour enrichir leur portefeuille de produits en voie de développement, le “pipeline” dans le jargon du secteur, et assurer à long terme leur survie.

Certes, la situation n’est pas encore critique. Selon la société de conseil britannique Datamonitor, les acteurs de taille moyenne devraient croître plus vite ces cinq prochaines années que les poids lourds du secteur, de l’ordre de 5% par an en moyenne pour ce qui est du chiffre d’affaires.

Mais la croissance devrait plonger ensuite, faute de nouveaux produits.

Serono, qui réalise plus de la moitié de son chiffre d’affaires avec son traitement contre la sclérose en plaques, le Rebif, a échoué ces derniers années à trouver une nouvelle pépite.

Altana quant à lui dépendait d’un seul produit, l’anti-ulcéreux Pantoprazole, qui pèse près de 60% de ses ventes. Mais les brevets arrivent à échéance en 2010 et les médicaments susceptibles de prendre le relais ont tous subi des revers cuisants lors des tests cliniques. Du coup, l’actionnaire majoritaire n’a pas hésité longtemps pour recentrer le groupe sur la chimie et revendre la pharmacie avant qu’elle ne perde toute sa valeur.

En regroupant leurs forces, les laboratoires s’estiment mieux armés pour l’avenir.

“La fusion avec Serono n’est pas guidée par les synergies mais par des raisons stratégiques”, a reconnu jeudi dernier le patron de Merck KGaA, Michael Römer.

Merck-Serono aura un budget annuel dans la recherche de près d’un milliard d’euros centré sur les biotechnologies, une force de frappe qui devrait lui permettre de jouer dans la cour des grands sur certains segments comme l’oncologie.

Même scénario pour UCB-Schwarz Pharma. Le groupe pourra injecter près de 800 millions d’euros dans la découverte de nouveaux produits, notamment dans les maladies du système nerveux, son nouveau point fort.

 25/09/2006 10:53:17 – © 2006 AFP