La Russie dévoile son ambition de monter au capital d’EADS

 
 
SGE.MST23.120906193149.photo00.quicklook.default-202x245.jpg
Une agence de la banque Vnechtorgbank à Moscou, le 11 septembre 2006 (Photo : Maxim Marmur)

[12/09/2006 19:32:17] MOSCOU (AFP) La Russie, tout nouvel actionnaire du géant de l’aéronautique européen EADS avec une part de 5%, a suggéré mardi qu’elle pourrait chercher à obtenir “une minorité de blocage” dans le consortium afin de peser sur ses décisions.

“Un intérêt de l’Etat fait sens quand on peut prendre des décisions ou avoir une influence”, a observé devant la presse Sergueï Prikhodko, conseiller du président Vladimir Poutine, alors que la prise de participation de la banque publique russe Vnechtorgbank dans EADS a été rendue publique cette semaine.

“Si la question se pose sous cet angle, si nous constatons un intérêt économique conjoint, alors nous insisterons pour avoir une participation grâce à laquelle nous aurions au moins une minorité de blocage”, a expliqué le haut responsable, sans préciser à quel montant de capital il faisait référence.

L’action EADS a clôturé en hausse de 5,43% à 23,68 euros, dans un marché en hausse de 1,34%.

Un porte-parole d’EADS a seulement indiqué mardi que “le pacte d’actionnaires réserve aux actionnaires de référence le droit de prendre des décisions stratégiques”.

Ce pacte, élaboré en 2000 lors de la naissance du groupe, fixe les rapports de force entre les principaux actionnaires: les Allemands sont représentés par le seul groupe industriel DaimlerChrysler (22,32% après la vente récente d’un paquet de 7,5%), les Français par le biais du holding Sogeade (15%), représentant l’Etat français, et du groupe Lagardère dont la participation de 15% va descendre à 7,5% en 2007.

L’Espagne, via le holding SEPI, détient également 5,5% d’EADS.

SGE.MST23.120906193149.photo01.quicklook.default-245x145.jpg
Le logo d’EADS (Photo : Frederick Florin)

L’ex-chancelier allemand Gerhard Schröder s’était prononcé en janvier 2005 pour une entrée de la Russie à EADS et un renforcement de la coopération russo-européenne dans l’aéronautique.

“Le bateau d’EADS n’est pas plein (…) Il y a des gens en Europe qui veulent réaliser des rêves identiques, par exemple en Russie”, avait observé M. Schröder.

A Paris, de source gouvernementale, on se demande si la montée en puissance de l’actionnaire russe au sein d’EADS ne pourrait pas représenter un frein aux grandes ambitions du groupe européen sur le marché américain de la défense.

EADS a en effet réussi à se positionner comme fournisseur potentiel de l’US Air Force pour des avions ravitailleurs. Et EADS a conclu un accord avec l’américain Northrop Grumman pour tenter de ravir à Boeing ce marché.

Or les Etats-Unis ont annoncé le 4 août avoir imposé des sanctions à sept sociétés étrangères, dont le constructeur aéronautique russe Soukhoï, partie prenante d’un nouveau holding russe de l’aéronautique, et l’exportateur d’armes russe Rosoboronexport, pour avoir fourni à l’Iran du matériel qui pourrait être utilisé dans la mise au point d’armes de destruction massive.

D’un point de vue commercial, alors qu’Airbus est en lice face à Boeing pour le renouvellement de la flotte d’Aeroflot, une montée des Russes au capital d’EADS pourrait l’aider à décrocher tout ou partie de la commande.

Moscou, qui a entrepris de regrouper les entreprises de son secteur aéronautique civil et militaire au sein d’un holding, la Compagnie aéronautique unifiée (OAK), “recherche une intégration avec l’aéronautique occidentale afin d’avoir accès aux technologies” qui manquent à son industrie vieillissante, observe Dmitri Skvortsov, analyste de la banque russe MDM.

 12/09/2006 19:32:17 – © 2006 AFP