France : creusement du déficit commercial et “nouvelle douche froide” pour les économistes

 
 
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Evolution mensuelle du commerce extérieur français

[12/09/2006 12:57:46] PARIS (AFP) Le nouveau creusement du déficit commercial français en juillet, ajouté au sensible recul de la production industrielle annoncé la veille, inquiète les économistes qui y voient un signe supplémentaire de la “fragilité” de la reprise.

“C’est une nouvelle douche froide”, estime Alexander Law, économiste de Xerfi, déplorant le “très fort creusement” du déficit commercial, à 3,7 milliards d’euros en juillet contre 2,375 milliards (révisé) en juin.

La veille, l’Insee avait déjà désagréablement surpris les économistes en annonçant un net repli de la production industrielle, en baisse de 1,3% en juillet.

Alors que l’économie française semblait repartie du bon pied, avec une croissance de 1,1% au deuxième trimestre, ces dernières statistiques “mettent une nouvelle fois en évidence la fragilité de cette reprise”, juge Carol Hainaut, de Natexis Banques Populaires.

Outre un alourdissement de la facture pétrolière, le déficit commercial du mois de juillet est essentiellement dû à un essoufflement des exportations, tombées à 31,7 milliards d’euros en juillet contre 32,7 mds le mois précédent.

Relativisé par la ministre au Commerce extérieur Christine Lagarde, qui y voit un “réajustement” mais pas un “retournement de tendance”, ce recul inquiète les économistes. Car pour eux le décalage croissant entre les exportations et les importations françaises, traduit “un problème structurel de compétitivité” de l’industrie hexagonale.

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La ministre déléguée au Commerce extérieur Christine Lagarde, le 22 mai 2006 à Paris (Photo : Fred Dufour)

Symbole de ces difficultés: les “déboires” du secteur automobile, selon Nicolas Bouzou, économiste au cabinet d’analyses Asterès. “La production y est au plus bas depuis 6 ans” et “les exportations restent stagnantes”, relève-t-il.

Du coup, le traditionnel excédent commercial de la France dans ce secteur fond “comme neige au soleil”, chutant à 3,1 milliards d’euros contre 5,3 milliards un an plus tôt, ajoute Alexander Law.

Au final, ce sont l’aéronautique et le spatial qui ont épargné à la France un déficit encore plus lourd, notent les économistes. Dix-neuf Airbus ont été exportés en juillet pour un montant de 1,113 milliard d’euros, contre 24 le mois précédent, et la Thaïlande a acheté un satellite pour 77 millions d’euros.

Mais “on ne peut pas se satisfaire d’un commerce extérieur quasiment uniquement soutenu par les grands contrats, et très peu par la capacité d’exportation des grandes PME industrielles”, estime Nicolas Bouzou.

Pour Alexander Law, “l’amélioration constatée au cours des six premiers mois, sous l’effet de la reprise conjoncturelle chez nos voisins européens, n’aura donc pas résisté à l’appréciation de l’euro depuis le début de l’année”.

Face à la vigueur persistante de l’euro face au dollar et au ralentissement économique probable de la zone euro l’an prochain, “un franc redressement du solde commercial n’est donc pas à l’ordre du jour”, juge Carol Hainaut.

“Au vu de ces chiffres, il est aujourd’hui difficile de penser que la croissance économique du troisième trimestre puisse être supérieure à 0,5%”, considère Nicolas Bouzou. “Sur l’ensemble de l’année, le produit intérieur brut français progresserait de 2,3%”, estime cet économiste, rejoint par Carol Hainaut pour qui la croissance devrait en revanche ralentir à 1,8% en 2007.

Conclusion de Nicolas Bouzou: “il était prématuré se déclarer l’économie française sortie d’affaire”.

 12/09/2006 12:57:46 – © 2006 AFP