Gaz turkmène : la Russie paiera plus mais pourrait aussi vendre plus cher

 
 
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Le PDG de Gazprom, Alexeï Miller (G), serre la main du président Turkmène, Saparmurat Niyazov, le 5 septembre 2006 à Achkhabad (Photo : Igor Sasin)

[05/09/2006 18:40:15] ACHKHABAD (AFP) Le géant russe Gazprom a finalement cédé mardi au Turkménistan et accepté, après des mois de blocage, une hausse importante des tarifs du gaz acheté à ce pays, ce qui risque de se ressentir sur ses propres prix à l’exportation, notamment vers l’Ukraine.

Gazprom va payer 100 dollars pour 1.000 m3 de gaz, contre 65 dollars précédemment, à partir de la fin 2006 et jusqu’à fin 2009, a annoncé le PDG de l’entreprise, Alexeï Miller, à l’issue de négociations avec le président turkmène Saparmourat Niazov.

“Le volume total (des livraisons de gaz) jusqu’à la fin 2006 sera de 42 milliards de m3. Pour les trois années suivantes, il sera de 50 milliards de m3”, a révélé M. Miller.

Il a précisé que la Russie paierait encore l’ancien prix de 65 dollars pour 30 des 42 milliards de m3 de gaz qui lui seront livrés d’ici la fin 2006.

Mais le contrat conclu mardi, qui intervient après des menaces de la partie turkmène de couper ses livraisons à Gazprom, pourrait raviver “la guerre du gaz” qui avait opposé la Russie et l’Ukraine l’hiver dernier, perturbant les exportations russes vers l’Europe occidentale.

Moscou et Kiev avaient finalement trouvé un compromis en janvier sur les tarifs de livraisons de gaz par Gazprom à l’Ukraine, suscitant le mécontentement du Turkménistan.

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Un gazoduc près de Kiev en Ukraine, le 1 janvier 2006 (Photo : Sergei Supinsky)

L’Ukraine paie en effet actuellement 95 dollars pour 1.000m3 d’un mélange de gaz russe à 230 dollars les 1.000m3 et de gaz turkmène et kazakh acheté à bas prix par Gazprom.

Si M. Miller a refusé de commenter les conséquences que pourrait avoir l’accord russo-turkmène, Kiev s’est voulu rassurant, affirmant qu’il ne s’attendait pas à une hausse brutale du prix de ses importations en 2007.

“Nous avons suffisamment d’arguments et de mécanismes pour ne pas permettre une hausse brutale des prix”, a annoncé à Kiev le ministre de l’Energie, Iouri Boïko. Le prix du gaz pour l’Ukraine restera inchangé d’ici la fin de l’année 2006, a-t-il par ailleurs répété.

Pour 2007, l’augmentation du prix pour l’Ukraine est possible dans les limites de son taux d’inflation annuel (moins de 10% attendus par le gouvernement cette année et 7,5% en 2007), a encore estimé le ministre.

Pour les experts, il ne fait guère de doute que Kiev devra se résigner à payer plus cher ses importations de gaz.

“La réponse évidente est que le prix pour l’Ukraine va augmenter”, a estimé Chris Weafer, analyste du groupe russe Alfa Bank.

“Le Turkménistan était très mécontent de l’accord entre Gazprom et l’Ukraine. (Les Turkmènes) avaient l’impression que leur gaz était exploité pour rendre acceptable le prix pour l’Ukraine”, a ajouté l’expert.

Le Turkménistan avait multiplié ces derniers mois les contacts avec d’autres clients potentiels, afin de se défaire de sa dépendance vis-à-vis de la Russie, qui contrôle ses principales voies d’exportation de gaz.

Achkhabad et Pékin s’étaient mis d’accord en avril pour des livraisons annuelles de gaz vers la Chine à partir de 2009 d’un volume de 30 milliards de m3 de gaz.

Des négociations doivent avoir lieu avant le 31 décembre 2006 pour déterminer les modalités de l’exploitation de gisements de gaz et de la construction d’un gazoduc géant reliant les deux pays.

Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad s’était lui rendu à Achkhabad en juillet pour discuter avec son homologue turkmène d’une hausse des livraisons de gaz à son pays de 8 milliards de m3 en 2006 à 14 milliards en 2007.

Washington milite pour sa part ouvertement pour la construction d’un gazoduc reliant le Turkménistan et le Pakistan via l’Afghanistan, contournant l’Iran et la Russie.

“Ne croyez pas que le Turkménistan veut faire preuve de discrimination envers la Russie et partir dans une autre direction avec son gaz. Nous avons une entente stratégique (…) Nous voulons avant tout assurer la route russe”, a cependant déclaré mardi M. Niazov.

 05/09/2006 18:40:15 – © 2006 AFP