Shell en difficultés sur son vaste projet gazier à Sakhaline

 
 
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Une station service Shell, le 2 février 2006 à Londres (Photo : Paul Ellis)

[05/09/2006 18:47:12] MOSCOU (AFP) La Russie a engagé une procédure judiciaire qui menace de bloquer un projet gazier et pétrolier de 20 milliards de dollars mené par la compagnie anglo-néerlandaise Royal Dutch/Shell sur l’île de Sakhaline dans lequel souhaite entrer le géant russe Gazprom.

Le service russe de contrôle de l’environnement a annoncé mardi avoir déposé auprès d’un tribunal de Moscou une plainte contre le gigantesque projet Sakhaline 2, qui vise à exporter par bateau à partir de l’été 2008 – et pour plus de 20 ans _ du gaz naturel liquéfié (GNL) aux grandes compagnies japonaises d’électricité et de gaz.

Les ennuis de Shell avec le ministère, très visibles depuis le mois d’août, interviennent alors que le groupe est en négociations difficiles avec le géant russe Gazprom en vue d’une prise de participation de 25% dans ce projet qui, fait rare dans ce secteur stratégique, est entièrement aux mains d’étrangers.

Un conseiller du président Vladimir Poutine, interrogé tard mardi soir à ce sujet au cours d’une conférence de presse, s’est montré plus que franc estimant que ces préoccupations écologiques pourraient être politiques.

“Vous vous souvenez les problèmes que nous avons eus avec des mouvements de la société civile, lorsque nous préparions l’oléoduc du Pacifique. Nous avons été soumis à des pressions énormes”. “Des motivations politiques étaient derrière ces demandes écologiques”, a déclaré Igor Chouvalov sherpa du président Vladimir Poutine au G8 des pays les plus industrialisés, lors d’une rencontre avec la presse.

A l’approche des élections législatives de 2007 et présidentielles de 2008, “mon sentiment personnel est que … le facteur écologique sera très important. Il sera utilisé par ceux qui sont au pouvoir et ceux qui luttent contre ceux qui sont au pouvoir”, a-t-il dit sans ambages.

Vendredi, trois journaux russes évoquaient eux aussi l’éventualité qu’il s’agisse purement de pressions destinées à renforcer la position de l’actuel monopole russe des exportations de gaz Gazprom et à dévaloriser un actif qui l’intéresse.

Au terme d’accords conclus en mai 2003, ce projet gazier et pétrolier mené par Shell et deux compagnies japonaises doit marquer l’entrée du gaz russe sur le marché en pleine expansion d’Asie-Pacifique.

Royal Dutch Shell et Gazprom ont signé en juillet 2005 un protocole d’accord en vue d’un échange d’actifs qui ferait entrer Gazprom à hauteur de 25% dans le projet en échange de l’obtention 50% par Shell d’un projet du grand nord russe.

“En réalisant sa stratégie, Gazprom devient un acteur important dans le domaine du GNL et s’ouvre de nouveaux marchés”, avait alors déclaré son pdg Alexeï Miller.

Mais peu après, Shell créait la stupeur en annonçant le doublement du coût de son projet. Depuis, les relations se sont tendues avec Gazprom et les négociations traînent.

Shell, qui a déjà doublé le coût de Sakhaline 2 à l’automne 2005, de 10 à 20 milliards de dollars, en faisant le plus important investissement jamais engagé dans le secteur, se voit clairement menacé d’interrompre ses travaux.

La plainte signée du service de contrôle de l’environnement baptisé Rosprirodnadzor, une entité du ministère des Ressources naturelles, demande en effet l’annulation du feu vert technique et environnemental donné le 15 juillet 2003 par le ministère au lancement de la phase 2 de développement, la plus massive.

“Si les demandes de Rosprirodnadzor d’annuler l’ordre du ministère sont satisfaites, toute activité économique ou autre du projet Sakhaline 2 sera interdite en attendant une nouvelle expertise écologique publique et tant que n’auront pas pris fin les violations des lois sur la protection de l’environnement”, a déclaré mardi Rosprirodnadzor dans un communiqué.

 05/09/2006 18:47:12 – © 2006 AFP