Iran : les Gardiens de la révolution attirés par le secteur de l’énergie

 
 
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Vue générale de Pars-sud, un immense champ gazier situé dans le Golfe, le 22 juin 2005 (Photo : Behrouz Mehri)

[27/06/2006 09:25:12] TEHERAN (AFP) Les Gardiens de la révolution, l’armée idéologique du régime islamique iranien, s’intéressent de plus en plus au juteux secteur énergétique, illustrant ainsi leur implication croissante dans l’économie.

“Les Gardiens de la révolution ont obtenu le contrat de développement pour les phases 15 et 16 de Pars-sud”, un immense champ gazier situé dans le Golfe, a déclaré le général Abdolreza Abed. “Le coût du projet est de 2,09 milliards de dollars”, a déclaré ce responsable des projets économiques des Gardiens de la révolution (Pasdaran), dans une interview au quotidien modéré Shargh.

Véritable armée parallèle, créée après la révolution de 1979, ce corps d’élite dispose de moyens bien plus importants et sophistiqués que l’armée régulière. Mais récemment il a surtout fait la une pour ses incursions remarquées dans le domaine économique.

Les Pasdaran se sont vu attribuer il y a trois semaines un contrat de 1,3 milliard de dollars pour la construction d’un gazoduc de 900 km entre Pars-sud et la province de Sistan-Balouchestan (sud-est).

Dans les deux cas, les projets ont été attribués après abandon de la procédure d’appel d’offre.

Pour les phases 15 et 16 de Pars-sud, les Gardiens de la révolution étaient partenaires du norvégien Aker Kvaerner, qui s’est retiré du projet l’an dernier, après avoir emporté l’appel d’offre. Le ministère du Pétrole devait en organiser un autre, mais il en a été décidé autrement.

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Parade militaire des Gardiens de la révolution devant un portrait de l’Ayatollah Khomeiny, fondateur de la République islamique d’Iran, le 22 septembre 2003 à Téhéran (Photo : Behrouz Mehri)

Selon la presse la semaine dernière, les Pasdaran ont également obtenu un important contrat de plus de deux milliards de dollars pour développer le réseau du métro de Téhéran.

Pour certains, l’attribution de ces contrats n’est pas sans lien avec l’élection du président ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad il y a un an. Lorsqu’il était maire de la capitale, cet ancien membre des Pasdaran avait déjà attribué des contrats aux sociétés liées à son ancien corps.

Outre leur implication économique, les Pasdaran s’intéressent aussi à la politique et fournissent des cadres à l’administration. Il y a deux ans, une trentaine d’anciens gradés ont ainsi fait leur entrée au Parlement (Majlis).

A la fin de la guerre Iran-Irak (1980-1988), les Pasdaran ont été mobilisés dans des projets industriels pour la reconstruction du pays.

Aujourd’hui ils s’intéressent au secteur énergétique de l’Iran, quatrième producteur de pétrole dans le monde et disposant de vastes réserves de gaz.

“Jusqu’à quand les Gardiens de la révolution doivent se limiter à construire des routes, des barrages, de petits tunnels ou des oléoducs de 10 à 20 kilomètres. Si nous prenons en main des grands projets, nous pouvons faire travailler de petits entrepreneurs”, a déclaré le général Abed.

Les Pasdaran ont déjà construit de nombreuses autoroutes comme celle entre Téhéran et Saveh (120 km), ou encore des barrages comme celui de Karkheh (Ouest).

Le centre nerveux de cette activité est le quartier général Khatam al-Anbia, créé en 1989, et en charge des activités économiques et des projets de développement.

Selon le général Abed, il “a actuellement en main 247 projets d’un coût total de 21.000 milliards de rials” (soit 2,28 milliard de dollars). Par ailleurs, 1.220 projets d’un coût total de 2,7 à 3,2 mds USD ont déjà été achevés.

Avec les nouveaux contrats, les Pasdaran passent à la vitesse supérieure.

“Nous sommes en train de construire le plus important port pétrochimique du pays à Assalouyeh (Pars du Sud)”, a remarqué le général.

Et à ceux qui critiquent leur implication dans les projets économiques, aux dépens de leur mission de défense, le général Abed répond que seulement “30% de la capacité d’ingénierie des Pasdaran est consacrée aux activités économiques et de développement et les 70% restant aux activités militaires”.

 27/06/2006 09:25:12 – © 2006 AFP