En prenant le contrôle d’Euronext, Wall Street prend pied en Europe

Par : Autres

 

En prenant le contrôle d’Euronext,
Wall Street prend pied en Europe

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Montage photo des logos
d’Euronext et de la Bourse de New York

En prenant le contrôle d’Euronext, la Bourse de
New York (Nyse) va étendre la puissance de Wall Street au continent européen
et créer un véritable marché financier transatlantique.

 

Le Nyse et la Bourse paneuropéenne Euronext,
qui regroupe les places de Paris, Bruxelles, Amsterdam et Lisbonne, ont
annoncé jeudi qu’elles s’étaient entendues sur les termes de leur fusion
pour un montant d’environ 10 milliards de dollars. Elles formeront une
nouvelle entité appelée Nyse Euronext.

 

La fusion, qui est en fait un rachat d’Euronext
par le Nyse, va créer une société dont la capitalisation boursière va
atteindre 20 milliards de dollars (15 milliards d’euros) et dont la valeur
de l’ensemble des entreprises qui y seront cotées sera de 27.000 milliards
de dollars (21.000 milliards d’euros)

 

Le New York Stock Exchange avait présenté le 22
mai une offre de rachat qui avait été accueillie favorablement par Euronext.
Après l’assemblée générale des actionnaires du Nyse à New York jeudi, les
deux parties ont pu concrétiser leur mariage.

 

La Deutsche Börse, qui gère la place de
Francfort, avait bien essayé de convaincre Euronext de se tourner plutôt
vers un partenaire européen mais sans succès.

 

 

 

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La bataille pour
Euronext

“Un partenariat avec Euronext correspond à
notre vision de bâtir une véritable place financière mondiale avec une vaste
gamme de produits et une implantation géographique qui profitera à tous les
investisseurs, émetteurs de titres et actionnaires”, a affirmé John Thain,
le PDG du Nyse jeudi.

 

Il s’agit pour lui d’un coup de maître dans la
lutte qui l’oppose à son concurrent américain, le marché électronique
Nasdaq, qui tente actuellement de prendre le contrôle du London Stock
Exchange (LSE) mais affronte de la part de celle-ci une forte résistance à
ces avances.

 

Même si les deux partenaires insistaient jeudi
pour présenter l’opération comme une fusion entre égaux, il s’agit stricto
sensu d’un rachat d’Euronext par le Nyse.

 

Nyse Euronext sera une société holding de droit
américain dont les titres seront cotés en dollars à la Bourse de New York et
en euros à Paris. Le Nyse et Euronext sont toutes deux déjà des sociétés
cotées en Bourse.

 

Le siège américain sera à New York et le siège
international partagé entre Paris et Amsterdam, avec Londres comme centre
pour les activités sur les marchés des produits dérivés.

 

Euronext avait acquis en 2002 le marché
londonien des produits dérivés Liffe, prenant pied dans cette activité très
lucrative où est également présent le Nyse.

 

Pour ménager la susceptibilité de ses alliés
européens, le Nyse a accepté de partager les responsabilités à la tête du
nouveau groupe. Le Conseil d’administration, qui sera composé de 20 membres,
aura toutefois une majorité de représentants du Nyse (11 pour 9) même s’il
existe une procédure de “super majorité” pour certains votes identifiés
comme “stratégiques”.

 

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Montage de portraits
récents du président d’Euronext, Jean-François Théodore (G), et de
John Thain, le PDG du New York Stock Exchange

Afin d’apaiser les critiques sur cette arrivée
des Américains sur les marchés boursiers européens, l’actuel PDG d’Euronext
Jean-François Théodore –qui deviendra PDG adjoint de la nouvelle entité– a
souligné jeudi que “ce partenariat permettra au modèle d’Euronext qui a déjà
rencontré beaucoup de succès de s’étendre davantage à la zone euro et
représente la meilleure façon de créer un marché européen des capitaux
concurrentiel”.

 

Des critiques s’étaient élevées en Europe après
la présentation le 22 mai de l’offre du Nyse.

 

Le président de la Confédération des
entreprises européennes, Ernest-Antoine Seillière, avait ainsi estimé qu'”à
l’idée que ce sont les Américains qui vont devenir les maîtres des marchés
financiers européens, il y a un sentiment d’échec pour la construction
européenne”.

 

Alors que les échanges financiers sont
mondialisés, les investisseurs et les entreprises cotées en Bourse veulent
cependant pouvoir bénéficier de transactions financières les plus fluides
possibles.

 

Pour le Nyse, le rapprochement avec Euronext va
mettre encore davantage sous pression son modèle historique de “plancher” où
se rencontrent les courtiers. Euronext a déjà adopté un système d’échange
électronique, plus rapide et moins coûteux.

 

© AFP 2006

Photo : Stan Honda Pierre Canon
– Pierre Verdy