Industrie : La mise à niveau dans la balance

 

Industrie

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Par
Moncef
MAHROUG

 


conference_020206.jpgA
dix mois de l’entrée en vigueur de la zone de libre-échange avec l’Union
européenne, un colloque organisé par le ministère de l’Industrie, de
l’Energie et des Petites et Moyennes Entreprises fait, ce mardi 16 mai, le
bilan de dix années de mise à niveau. Lancée en 2006, quelques mois
seulement après la signature, le 17 juillet 1995, par la Tunisie de l’Accord
d’Association devant aboutir douze ans plus tard à l’instauration d’une zone
de libre-échange, le Plan de Mise à Niveau (P.M.N.) a-t-il atteint
l’objectif fixé, celui de préparer les entreprises tunisiennes à faire face
à la concurrence internationale ?

Pour répondre à cette question, le ministère de l’Industrie, de l’Energie et
des Petites et Moyennes Entreprises, organise mardi 16 mai, un colloque
international, sous le Haut patronage du président de la République, devant
traiter du «bilan d’une décennie de mise à niveau et mise en ouvre d’une
nouvelle phase». Au total, 3410 entreprises -sur un total de 3600, soit 74,
6% du nombre ciblé pour le Xème plan- ont adhéré au P.M.N.

Mais en fait c’est d’une véritable enquête embrassant l’ensemble des
entreprises s’étant soumises à la mise à niveau dont on a besoin, en vue
d’avoir une image détaillée et exhaustive de l’état de ces entreprises, et
pour dire comment se sont comportés les «trois tiers» du champ économique
national définis par l’étude stratégique de l’impact de l’ouverture des
frontières sur l’entreprise tunisienne, menée par «Comete Engineering» en
1996 : un tiers constitué des entreprises capables de tirer leur épingle du
jeu dans un environnement concurrentiel, un deuxième tiers condamné
quoiqu’il fasse, et un troisième tiers dont le sort dépendra en fin de
compte de la réussite ou non de l’action de mise à niveau. Au ministère de
l’Industrie, de l’Energie et des PME, on estime que «l’entreprise a pu, à la
faveur de ce programme, pallier ses insuffisances et consolider ses points
forts, ce qui lui a permis de développer, de manière délibérée, ses
aptitudes à la concurrence pour mieux se préparer à l’échéance 2008».

Les entreprises engagées ont modernisé leurs parcs machines et, dans une
proportion de 42%, acquis et appris à utiliser les logiciels de GPAO.
Surtout, souligne-t-on au ministère de l’Industrie, les entreprises se sont
rattrapées en matière d’investissements immatériels, qui constituaient au
début le Talon d’Achille de la mise à niveau.

Certes, le taux de réalisation des investissements immatériels (52%) est
encore inférieur à celui des investissements matériels (78%), mais on est
loin du début de la mise à niveau quand les entreprises ne se souciaient que
du seul renouvellement de leurs machines et négligeaient presque totalement
l’aspect immatériel de la mise à niveau.

Avec 57 millions de dinars, l’investissement immatériel était en 2005 plus
de 2,5 fois supérieur à son niveau lors du démarrage du P.M.N., et a été
réalisé dans plusieurs programmes («Programme National de la Qualité»,
«Programme de Mise à Niveau de la Formation -MANFORME, Programme National de
Coaching -P.N.C») destinés à favoriser la promotion des ressources humaines.
Ce qui a eu entre autres résultats l’amélioration du taux d’encadrement dans
l’entreprise, passé de 9% avant le lancement du P.M.N. à 17% actuellement.

Mais pour que les effets de l’effort consenti depuis dix ans ne soient pas
ponctuels et s’inscrivent dans la durée, les pouvoirs publics ont mis en
place de nouveaux programmes destinés à «encourager les entreprises
concernées par le P.M.N. à adopter un processus continu d’amélioration de
leur compétitivité». Jusqu’au mois de mars 2006, elles sont 142 entreprises
à avoir fait ce choix et à s’être engagées dans «leur 2ème ou 3ème» plan de
mise à niveau. Et il y en a même deux qui en sont à leur quatrième plan.
Seulement deux. Ce qui veut dire qu’il y a 3598 entreprises qui ont encore
du chemin -beaucoup de chemin- à faire.