La BCE va préparer le terrain à une hausse de taux en juin

Par : Autres

 

La BCE va préparer le
terrain à une hausse de taux en juin

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Le président de la BCE
Jean-Claude Trichet, le 6 avril 2006 à Francfort

La Banque centrale européenne (BCE) a déjà
annoncé la couleur: la hausse de taux n’aura pas lieu ce jeudi, mais
l’institut aura à coeur de conforter les attentes d’un tour de vis monétaire
en juin, estiment des économistes.

 

Le comité monétaire de la BCE se réunit ce
jeudi.

 

L’inflation, alimentée par le pétrole cher,
recommence à grimper et l’économie paraît bien engagée sur la voie de la
reprise. Si le président de la BCE, Jean-Claude Trichet, n’avait pas lui
même écarté l’option d’une hausse de taux en mai, elle aurait pu intervenir
dès jeudi, estiment de nombreux observateurs.

 

Mais l’appréciation actuelle de l’euro face au
dollar conduit de facto à un durcissement des conditions monétaires, note
dans une étude Sylvain Broyer, analyste chez IXIS. “Rien ne presse la BCE
dans son entreprise de normalisation de sa politique monétaire”, juge-t-il.

 

Les trente économistes interrogés par l’AFP et
sa filiale d’informations financières AFX parient sur le maintien jeudi du
principal taux directeur à 2,50% et misent à une écrasante majorité sur une
nouvelle augmentation d’un quart de point en juin. Le taux a été relevé à
deux reprises d’un quart de point, en décembre puis en mars.

 

Jean-Claude Trichet avait laissé entendre début
avril que juin était l’échéance la plus probable pour une nouvelle hausse.
Le conseil des gouverneurs, qui se réunira à Madrid, disposera alors des
chiffres de croissance du premier trimestre dans la zone euro, susceptibles
de confirmer un redémarrage de l’économie, et il aura remis à jour ses
projections de croissance et d’inflation, en intégrant la nouvelle envolée
des prix de l’or noir.

 

Malgré l’euro fort, de plus en plus
d’économistes spéculent sur un durcissement de la politique monétaire dans
la zone euro. Pour Elga Bartsch, de Morgan Stanley, la BCE pourrait poser
cette semaine les jalons “d’une accélération de sa campagne de resserrement
(des taux)”.

 

Le récent flot de bonnes nouvelles économiques,
surtout les pics de confiance des industriels, la résurgence de l’inflation
–les prix à la consommation de la zone euro ont augmenté de 2,4% en avril,
après 2,2% en mars– la nouvelle ascension surprise de la masse monétaire M3
en mars et la croissance continue des crédits au secteur privé: tout parle
en faveur d’une hausse de taux de 50 points de base avant la pause estivale
du mois d’août, estime l’analyste.

 

L’indice des directeurs d’achat (PMI) de la
zone euro, publié mardi, a atteint un sommet depuis septembre 2000 et
confirmé une progression du secteur manufacturier en avril, s’ajoutant ainsi
à la liste des récentes statistiques favorables.

 

Les gardiens de l’euro ont par ailleurs durci
le ton, n’hésitant pas à déclarer, comme le vice-président de l’institut
Lucas Papademos, que plusieurs hausses de taux seraient nécessaires.

 

Holger Schmieding de la Bank of America juge
que le risque d’une remontée d’un demi-point en juin a augmenté, mais
continue de miser sur un relèvement d’un quart de point à cette date en
raison de la force actuelle de l’euro. Il table ensuite sur une nouvelle
hausse de taux de la même ampleur fin août.

 

Quatorze des trente économistes du sondage AFP/AFX
prévoient un taux à 3,25% à la fin 2006, treize parient sur 3%.

 

Marc Touati, de Natexis Banques Populaires,
espère que la BCE saura “rester calme”, résistant à la tentation de remonter
de manière forte et rapide ses taux malgré les dangers de surchauffe
inflationniste.

 

Si elle limite la hausse de son taux à 3%,
l’euro pourrait se stabiliser puis redescendre vers 1,17 dollar début 2007,
prédit l’analyste. La BCE n’aura ainsi pas mis en danger une reprise
économique selon lui encore fragile.

 

 

 

© AFP 2006

Photo : Thomas Lohnes