L’Oréal change de patron

Par : Autres

 

L’Oréal change de patron

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Lindsay Owen-Jones et
Jean-Paul Agon lors d’une conférence de presse le 16 février 2006 à
Paris

Le célèbre patron britannique de L’Oréal,
Lindsay Owen-Jones, cède mardi sa place de directeur général à Jean-Paul
Agon, au terme de 18 ans de règne marqué par une croissance ininterrompue
des résultats, une performance unique qui donne la mesure du défi posé à son
successeur.

 

Une des entreprises symboles du style français
perdra ainsi un peu de sa singularité et aura un patron français. La
passation de pouvoir entre les deux hommes sera officialisée lors du conseil
d’administration qui suivra l’assemblée des actionnaires.

 

Successeur désigné le 17 février 2005 mais
pressenti depuis déjà une dizaine d’années, Jean-Paul Agon, qui fêtera ses
50 ans le 6 juillet, était jusqu’alors responsable de la filiale américaine.
M. Agon a fait toute sa carrière au sein de L’Oréal et a expérimenté tous
les métiers: de représentant (en 1978, à sa sortie d’HEC) à responsable de
filiales en passant par chef de produit et dirigeant de pays.

 

Elu en 2002 meilleur manager des 20 dernières
années par le magazine Challenges, Lindsay-Owen Jones, 60 ans, conservera
des fonctions non exécutives de président de l’entreprise. “OJ”, comme il
est surnommé, laisse à son successeur un groupe profondément transformé,
numéro 1 mondial des cosmétiques, dont les résultats affichent des
progressions à deux chiffres depuis 21 ans. L’année dernière, le groupe a
dégagé un bénéfice net historique de 1,972 milliard d’euros en hausse de 37%
par rapport à 2004.

 

Cette réussite est le résultat d’une stratégie
bien affûtée: exporter l’ensemble des marques du groupe dans tous les pays
du monde, y compris dans les pays émergents en offrant une gamme de produits
chers vendus en parfumerie et une autre de produits grand public accessibles
dans les supermarchés. Mais cette stratégie a besoin d’un lifting, selon les
investisseurs, qui mettent en doute la capacité du groupe à maintenir un tel
niveau de croissance.

 

Le passage de témoin marquera sans doute une
étape importante dans l’évolution du modèle économique de L’Oréal, dont les
principaux actionnaires sont les familles Bettencourt et le groupe Nestlé,
avec respectivement 28,18% et 27,08% du capital.

 

Jean-Paul Agon arrive à un moment où la
concurrence s’est accrue. Il devra composer avec la présence sur son marché
de groupes comme Procter et Gamble, le géant américain n’ayant jamais caché
son ambition de ravir à L’Oréal la place de numéro 1 dans les produits
professionnels. Il lui faudra assurer la croissance du groupe dans les pays
émergents, où M. Owen-Jones a ouvert des filiales, dont une en Chine en 1997
avant d’y installer récemment un laboratoire spécialisé dans la peau des
Asiatiques.

 

M. Agon devra enfin composer avec un marché
européen à la croissance fragile, même s’il se dit convaincu que les hommes
et les seniors représentent un énorme potentiel de croissance dans les
marchés dits matures. Prié de ne pas faire de l’ombre à “OJ” jusqu’à son
départ, M. Agon avait commencé à asseoir son autorité il y a deux mois lors
de la présentation des résultats annuels, le 16 février. Pour marquer sa
différence avec son futur prédécesseur, il avait déclaré que la croissance
externe n’était pas contradictoire avec la croissance interne et qu’il
n’excluait pas de procéder à des acquisitions.

 

A peine un mois plus tard, et avant même sa
prise de pouvoir officielle, L’Oréal achetait la chaîne britannique The Body
Shop pour 652 millions de livres (940 millions d’euros).

 

 

 

© AFP 2006

Photo : Pierre Verdy