La BTKD entre Stabilité et fragilité

Par : Autres

La BTKD entre Stabilité et fragilité

Par Khaled BOUMIZA

 

btkd_20042106.jpgMaghreb Rating,
vient de confirmer les notes nationales attribuées à la Banque
Tuniso-Koweitienne de Développement (BTKD) à AA-(tun) pour la note long
terme avec perspective d’évolution Stable et F1+(tun) pour la note court
terme.


Note importante de l’agence de notation, «les notes nationales attribuées à
la BTKD par M.R reflètent le soutien fort de l’Etat Tunisien à cette
institution» et donc ne reflètent en rien la véritable situation d’une
banque en voie de transformation en banque commerciale. «Hormis ce soutien, la
qualité des actifs et la rentabilité des opérations de la BTKD demeurent
faibles et des incertitudes existent quant à sa capacité à affronter la
concurrence directe des banques commerciales Tunisiennes dans un
environnement opérationnel difficile
».

Créances classées : les calculs diffèrent

En Mai 2004, la BTKD s’est vue octroyer sa licence de banque universelle.
A cet effet, elle a du procéder en 2002 et 2003, à un renforcement massif de
la couverture de ses risques par des provisions. A la suite de cette
opération, ses créances non performantes et totalement provisionnées ont été
cédées à une filiale spécialisée dans le recouvrement (129 MD de cessions
réalisées en 2002 et des cessions complémentaires de 13,5 MD prévues en
2004). Des cessions également totalement provisionnées d’un montant de 20,6
MD ont touché le portefeuille de participations de la banque.


En dépit de ce vaste nettoyage du bilan de la BTKD, la qualité de ses
actifs reste faible. Son ratio de créances classées a enregistré une
nouvelle détérioration en 2003 passant à 22,3% du total des crédits moyens
contre 14,5% en 2002
(2003 : 21,8% ; 2002 :16,2% hors lissage par les
encours moyens de crédits).


Des sources professionnelles, proches de la banque attirent cependant
l’attention sur les différents moyens et procédures de calcul des créances
classées, selon qu’on y intègre ou qu’on en retire l’activité leasing et les
crédits non décaissés. Les mêmes sources estiment que «le lissage de
l’encours moyen du bilan biaise l’information et pénalise la banque »

qui verrait ainsi augmenter les chiffres de ses créances classées. Ces
sources professionnelles estiment donc « à 17,9%, le véritable taux de
créances classées de la banque
».

Concentration des risques

Evoquant une autre fragilité de cette banque, qui compte pourtant parmi
l’une des meilleures dans le créneau de l’investissement, Maghreb Rating met
en exergue deux phénomènes dont le danger, même s’il n’et pas immédiat n’en
demeure pas moins présent. Il y a d’abord “l’importante exposition de la
banque au secteur du tourisme”,
71% de l’encours global des crédits de la
banque se trouvent en effet entre les mains des hôteliers. Une industrie
hautement capitalistique et où le «ticket moyen» pour un crédit, qui plus
est de court terme, est de 3 MDT. A comparer peut-être avec le reste du
secteur industriel où 1 MDT est largement suffisant pour monter un projet.


Mais il y a aussi “la concentration élevée de ses risques par client”.
A la fin 2003, les 20 plus importants engagements de la BTKD représentaient
38% du total de ses crédits et participations. La qualité de ses actifs
devrait rester faible dans le futur proche. “La couverture des risques par
les provisions”
a certes été améliorée et se situait à 42% à fin 2003.
Mais “pourrait s’avérer insuffisante” dans la mesure où ces provisions
sont établies après déduction de la valeur des garanties reçues et que des
doutes existent quant à la valeur de réalisation effective des garanties
constituées par des actifs touristiques. L’agence de notation a toujours attiré
l’attention sur cette question, spécifique au secteur du tourisme. Ceci
d’autant plus que la liquidité de la garantie pourrait en effet poser
problème, dans la mesure où les procédures judiciaires sont très longues et
que la capacité d’absorption du marché, en cas de vente, pourrait ne pas
être à la mesure de l’offre.

Bénéficiaire même si déficitaire ?

En résultat net, la BTKD de 2003 et selon notre source, reste bénéficiaire
avec un peu plus de 250 000 DT. Le résultat opérationnel après provisions de
la banque est cependant «déficitaire reflétant une compression des marges
et un faible niveau de production concomitamment à un effort exceptionnel de
provisions sur créances classées, égal à 9,1MD de provisions brutes
réalisées en 2003, à céder en 2004
» estime l’agence de rating. La BTKD
équilibre son résultat net en 2003 grâce à de significatives et
inhabituelles reprises de provisions sur le portefeuille de participations
et aux dividendes perçus sur ce portefeuille. Et partant, notre source
estime que la banque «reste saine». Elle explique cela, par son bon
positionnement sur le marché, ses garanties immobilières réelles, même si
peu liquides à court terme ainsi que par ses participations à forts potentiels de
plus-values financières.


Maghreb Rating, n’est pas très loin de ce jugement, puisqu’elle précise que
la vocation initiale de financement du développement de la BTKD sera
maintenue, qu’elle élargira graduellement son champ d’intervention aux PME
et précise qu’elle prévoit également de développer son offre de crédits aux
particuliers et entrepreneurs individuels, même si «l’expansion du réseau
d’agences de la BTKD prévue par son business plan sera modeste (10 agences à
l’horizon 2008) , la collecte de dépôts du public devrait être limitée et le
coût des ressources de la banque devrait rester plus élevé que celui des
banques de détail concurrentes
“.


Le business plan de la BTKD est basé sur une croissance ambitieuse de ses
encours de crédits (+ 60% à fin 2008) et de son résultat net mais la banque
maintiendra néanmoins une part de marché minime au sein du secteur bancaire.

 

(Source Maghreb Rating)

14 –
07 – 2004 :: 07:00

 
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