L’économie mondiale en phase 4

Par : Autres

   


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L’économie mondiale en phase 4
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Management &
Nouvelles Technologies – Magazine
On-Line : 28-03-2003 à
12:00


Une économie malmenée


Une crise économique qui n’a fait que s’éterniser, accentuée par les
déboires du secteur des nouvelles technologies (à partir d’avril 2000),
vécue comme un éclatement de la bulle High tech avec ses conséquences sur
différents secteurs d’activités dans le monde; elle a été ensuite renforcée
par les répercussions des événements du 11 septembre, perçus comme un
bombardement, autant physique que psychologique d’une économie déjà
affaiblie ; les secousses qui s’en est suivi ont donné l’impression d’avoir
secouer si violement les dossiers secrets d’entreprises, considérées jusqu’à
là comme des modèles de croissance ; et on a eu droit à une succession de
scandales et d’affaires qui, même si au début ils étaient le fait
d’entreprises américaines, ont progressivement déferlé sur plusieurs
continents.

Un pays comme la Tunisie peut-il être imperméable aux impacts de ces
événements ?
Pas complètement ; plusieurs secteurs d’activités restent dépendants de la
bonne santé économique des pays sources (tourisme, commerce extérieur,
investissements étrangers en Tunisie,…).

On connaît, aujourd’hui, les répercussions de ces facteurs sur le secteur
touristique, sur les investissements liés à l’informatique et aux
technologies de l’information, entre autres.

Sur un autre registre, même si on ne peut établir de relation de cause à
effet, l’affaire Batam a démontré l’effet de l’interconnexion des secteurs
et les risques de sa propagation sur une partie plus ou moins importante de
l’économie d’un pays en cas de crise.

Cette affaire a, également, démontré qu’une économie c’est une véritable
toile d’araignée (semblable à la toile Internet), mais sûrement plus
complexe encore, avec des backbones (2) sectoriels et des interconnexions
dans tous les sens ; l’attaque d’une composante d’un secteur est semblable à
l’intrusion d’un virus, l’importance de la contamination est fonction des
protections qu’on a pris la peine d’installer avant et de la manière dont on
gère le problème après.


Le blocage de l’espoir de
reprise


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Depuis plusieurs mois le
feuilleton Américain sur l’Irak a été perçu comme un coup de grâce qui a eu
pour conséquence le blocage des prémices de reprise économique.

Il a accentué l’état d’incertitude généralisée et dans cet environnement les
entreprises sont bien obligées de reporter toute décision d’investissement
et seront beaucoup plus enclin de revoir leurs programmes de dépenses en
attendant les suites de ces événements; c’est comme en phase 4.

Ces événements auront probablement des conséquences, dont on ne peut,
aujourd’hui mesurer toute l’ampleur sur l’ordre économique mondial. Tony
Blair le savait, en affirmant qu’après (la guerre contre l’Irak) rien ne
sera plus comme avant
.

Le schéma devient un peu moins flou en entendant cette déclaration de G.W
.Bush affirmant que « ceux qui ne sont pas avec nous sont contre nous,
avec les terroristes
» ou en lisant ce passage d’un article publié dans
le Washington Post « Par ailleurs, ce pays (la France) ne devra jouer
aucun rôle en Irak, ni pendant la guerre, s’il venait à changer d’avis, ni
après. Pour lui, ni maintien de la paix ni contrats pétroliers. S’agissant
du paiement de la dette Irakienne, la France devra passer en dernier, après
la Russie. Moscou, après tout, s’est simplement opposé à notre politique, il
n’a pas essayé de mobiliser le monde contre nous
» (article paru en
Français sur JA l’Intelligent du 16-3-2003).

Ces événements stimulent et réveillent les vielles animosités, querelles
entre nations ; qui s’expriment par des appels aux boycotts des marques,
produits et sociétés des pays opposés à la guerre en Irak. On imagine la
suite, commandes annulées ou réduites, campagnes commerciales reportées, gel
de certains investissements,… en somme le virus s’installe.

Dans ce climat il devient risqué d’imaginer la suite sur le plan politique,
économique ; de prévoir les futurs alliances ou les conflits à venir.
Difficile, également, de faire des projections sur la durée. C’est le
blocage.


La guerre après, c’est un
compte « Pertes et Profits »


Aujourd’hui que la guerre s’est installée en l’absence d’un consensus
international, en dépit des oppositions des gouvernements et des
populations, y compris dans les pays de la coalition, tout le monde sait que
les raisons n’ont jamais été celles du 1er acte de ce feuilleton (ONU-Inspections).

On ne peut s’empêcher, alors que la population Irakienne vit sous la menace
des bombes quotidiennes, d’avoir le vertige en lisant avec quelle simplicité
on procédera, après, à la détermination (expression comptable) du compte «
Pertes et profits » de la guerre.

Sur le financement de la guerre du golfe en 1991, les calculs (plusieurs
années après) s’avèrent si simples et tellement plus claires, avec des
rubriques du genre « Coût des interventions » (on vous épargne le détail de
cette rubrique, style coûts des bombes larguées, avions perdus,
dédommagements des familles des victimes,…) et « Plus-value sur les revenus
pétroliers » (pour les détails on aura la ventilation par catégorie de
bénéficiaires en passant par une analyse des chemins parcourus par ces
plus-values), au terme de ces calculs on arrêtera le solde de ce compte «
Pertes et Profits ».

En attendant, l’économie mondiale va probablement être acculée à attendre la
fin de l’alerte, la dissipation des nuages de fumées et des odeurs de
pétrole (à quel prix ? et dans le tableau « Pertes et Profits » à quelles
rubriques se retrouveront les victimes de cette guerre?).

 

24-03-2003


Hechmi AMMAR

 

 

(1) : sur une échelle de risque pays de 0 à 5,
le dernier équivaut à une évacuation totale.
(2) :BackBone (définition) Littéralement épine dorsale. Dans le contexte des
réseaux de télécommunications désigne la partie qui supporte le gros du
trafic, en utilisant les technologies les plus rapides et une grande bande
passante sur des distances importantes. Les petits réseaux (internes à une
entreprise ou à une région) se rattachent à ce réseau fédérateur, comme les
rivières viennent grossir le cours d’un fleuve. (source : Journaldunet.com )