Il s’agit d’un programme dédié au renforcement de l’utilisation et de la présence de la langue française dans les médias tunisiens.

Vendredi 7 courant, à l’auditorium de l’IFT (ex Lycée Bourguiba/Carnot), a eu lieu la présentation à la presse du programme “Je m’exprime en français“. Il est destiné à aider les medias tunisiens à satisfaire à leurs exigences de qualité en matière de production journalistique.

La présentation dudit programme a eu lieu en présence de Ferid Memmiche (représentant de la Tunisie auprès de l’Organisation internationale de la Francophonie), Olivier Poivre d’Arvor (ambassadeur de France), Patrick Flot (directeur de l’Institut Français de Tunis) et Tancrède de La Morinerie (attaché audiovisuel régional Maghreb à l’IFT, administrateur du programme).

Ce programme que nous devons à Olivier Poivre d’Arvor, son initiateur, est doté d’une enveloppe de financement de 300.000 euros, soit la contrevaleur de près de 800.000 dinars tunisiens. Il s’agit d’un financement public français. Chemin faisant, l’ambassadeur croit que le Canada, la Suisse ou la Belgique   pourraient y contribuer.

Un incubateur qui relève l’employabilité

Au concret, cette initiative est destinée à relever l’employabilité des journalistes tunisiens d’expression française. Il existe une plainte existentielle chez les directeurs de journaux: «Nous ne trouvons pas de journalistes francophones de niveau».

Désormais, un incubateur sera mis sur pied dans le cadre de ce programme et des groupes de journalistes seront engagés dans des modules de perfectionnement pour les qualifier à une formation de qualité pour tous les formats de productions journalistiques: du texte, du documentaire, de l’investigation. Cette production s’adresse à tous les titres -la presse écrite, la radio, la télé et autres sites en ligne.

Outre les journalistes, le programme cible également les managers des médias, ainsi que les administrateurs de sociétés de production audiovisuelle qui développent des projets de contenu en français. Olivier Poivre d’Arvor souhaite que le mentorat proposé parvienne à une mise à niveau des médias tunisiens. Il voudrait que les exigences de qualité des directeurs de titres trouvent un répondant via ce programme. Le but n’est pas de faire revenir en puissance la langue française. Il ne s’agit pas d’une initiative hégémonique. Le diplomate rappellera que la langue française n’est plus la propriété de la France. C’est devenu un élément de patrimoine d’un vaste ensemble culturel, qui se reconnaît dans un ensemble de valeurs et dans le triptyque de liberté, égalité fraternité. La Francophonie matérialise bien cette réalité.

Un impératif de qualité

Le paysage médiatique tunisien fait une place dominante à la langue arabe et c’est une configuration naturelle. Le français se classe en deuxième position. Plus de 50% du contenu national est rédigé en langue française. Sur les 40 titres papier, 13 sont d’expression française. Le Facebook local est à 74% arabophone. Le français avec 17% conserve une niche, bien devant l’anglais qui ne recueille que 8%. Tweeter fait une meilleure place au français avec 41% contre 42% pour la langue arabe et 15% pour l’anglais.

Le programme table sur une bonne adhésion des directeurs des médias et sur une réaction favorable du lectorat et de l’audimat. Olivier Poivre d’Arvor estime que le public tunisien accorde le préjugé favorable à la french touch. Et pour cela, il faut voir ‘engouement des familles tunisiennes pour l’enseignement dispensé dans les établissements français.

Le diplomate annonce que 7 nouvelles écoles avec des programmes homologués par la Mission française ouvriront à la rentrée prochaine. Et, beaucoup de ces écoles ouvriront dans les régions, notamment à Sfax et Djerba. Olivier Poivre d’Arvor se battra jusqu’au bout pour la réussite de son projet. Il est disposé à convier des entreprises françaises de renom pour leur solliciter des rallonges de financement, au besoin.

Par ailleurs, il aimerait que le programme soit un vecteur d’émulation et suggère d’inviter des journalistes français à collaborer, ponctuellement, dans les médias tunisiens. Un programme à la carte et en ligne avec les besoins des médias tunisiens.