La production de café en Colombie, troisième producteur mondial et premier fournisseur d’Arabica, a baissé de 10 % en octobre par rapport au même mois de 2024. Cette contraction ouvre une phase descendante après une récolte historiquement élevée, selon les données publiées par la Fédération des caféiculteurs de Colombie (FNC). Le secteur entre dans une période charnière alors que la demande mondiale reste soutenue.

Un cycle bisannuel qui pèse sur les rendements

Pour le directeur général de la FNC, German Bahamon, cette baisse marque « un tournant » après une campagne exceptionnelle. Il explique que la filière aborde un cycle bisannuel de moindre productivité. Les effets climatiques sur la floraison du premier trimestre 2025 accentuent cette tendance, alors que les marchés internationaux continuent de tirer la consommation vers le haut.

La campagne 2024-2025 s’est achevée sur une production de 14,87 millions de sacs de 60 kg, le meilleur résultat enregistré depuis 33 ans. Entre janvier et octobre 2025, la Colombie totalise 11,17 millions de sacs, soit une progression de 7 % sur un an. Les exportations gagnent 10 % et atteignent 10,8 millions de sacs. Ces performances confirment l’ampleur du cycle positif qui se referme.

Importations en hausse : un signal de déséquilibre

Bahamon alerte cependant sur une évolution inquiétante : les importations ont atteint 998.000 sacs sur les douze derniers mois. Leur forte progression pourrait, selon lui, refléter une distorsion du marché interne. Cette dynamique questionne la cohérence entre volumes exportés, besoins domestiques et conditions de prix.

Les données de l’institut de la statistique confirment la vigueur récente du secteur. Au troisième trimestre, la culture permanente du café progresse de 9,8 %, contribuant à un PIB agricole en hausse de 2,4 %. Par rapport au trimestre précédent, la production bondit de 32 %, portée par une performance exceptionnelle en juillet.

Un tournant commercial avec la suppression des droits de douane

Sur le plan commercial, la suppression fin novembre des droits de douane de 10 % sur le café colombien modifie l’équilibre concurrentiel. Pour Bahamon, cette décision « rétablit des conditions de concurrence loyales » et corrige « des incitations perverses à la triangulation ». Elle supprime aussi une surtaxe de 40 % qui touchait plusieurs produits brésiliens, dont le café, et replace les deux géants du secteur dans une concurrence directe.

En 2024, les exportations colombiennes vers les États-Unis atteignent 18 milliards de dollars, composés notamment de carburants, de café, de fleurs, de fruits, de sucre et de produits agro-industriels. Dans ce contexte, le recul de la production intervient à un moment stratégique pour la Colombie, qui cherche à consolider sa position sur son principal marché.

La filière aborde ainsi une période de transition où s’entremêlent cycle naturel, effets climatiques et réajustements commerciaux, tandis que la demande mondiale demeure soutenue.