Le chercheur universitaire Lassaad El Waer a présenté, samedi 6 décembre 2025 à Tunis, son ouvrage en arabe “Dans la pensée de Farhat Hached – Articles de 1949”, soulignant que l’objectif de cette publication en trois volumes était de redécouvrir Hached non seulement comme leader syndical et symbole national, mais également comme écrivain et penseur.

Ce vendredi 5 décembre 2025, la Tunisie a commémoré le 73e anniversaire de l’assassinat de Farhat Hached. Né le 2 février 1914 à El Abbassia, dans l’île de Kerkennah (Sfax), et assassiné le 5 décembre 1952 près de Radès, dans la banlieue sud de Tunis, Hached est l’une des figures les plus emblématiques de la lutte pour l’indépendance de la Tunisie et des droits des travailleurs.

Fondateur de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) en 1946, Hached a profondément marqué l’histoire politique et sociale du pays. Son parcours et son assassinat par la main rouge, émanation des services secrets français, durant la période coloniale (1881-1956), font l’objet de plusieurs ouvrages et documentaires télévisés.

Dans une intervention tenue à la salle Le Rio, au centre-ville de Tunis, El Waer a expliqué avoir entamé cette recherche en 2010, avant de publier les deux premiers volumes en 2022. Le troisième volume, qui rassemble « près de 130 articles, porte à entre 600 et 650 le total des écrits collectés ».

Ces articles se répartissent en deux catégories principales : les “écrits de terrain syndical” (communiqués, rapports de grèves, etc.) et les “écrits théoriques” (analyses politiques, sociales et économiques), a indiqué le conférencier. Ces textes illustrent « la culture et la polyvalence de Hached, notamment son usage du français, dans près de 80 % des écrits ».

El Waer a détaillé les débuts de Hached dans le journal Tunis Socialiste en 1930 et expliqué comment son déménagement dans la région du Sahel (la côte tunisienne) l’a amené à s’impliquer dans un espace syndical et intellectuel novateur, aiguisant ainsi sa conscience politique et sociale. Il a également souligné la rapidité d’écriture de Hached, capable de rédiger un article en quelques heures malgré ses lourdes responsabilités syndicales.

L’académicien a également abordé la relation de Hached avec l’écrivain Mahmoud Messaadi (1911-2004), précisant que ce dernier avait été intégré au bureau exécutif de l’UGTT à la demande de Hached. Il a noté que la pensée de Hached et celle de Messaadi se croisaient sur de nombreux plans, notamment politiques et sociaux.

El Waer a évoqué l’implication de Hached sur la scène internationale, mentionnant un message reçu en 1949 de l’ONU, enregistrant la note de l’Union générale tunisienne du travail sur “la situation actuelle en Tunisie”. Ce document, déposé auprès de l’Assemblée des Nations Unies, a contribué à faire connaître au monde les revendications des travailleurs tunisiens et la lutte pour l’indépendance. Cette reconnaissance internationale a marqué une étape importante dans la carrière de Hached, affirmant son rôle de leader syndical de portée mondiale.

L’universitaire a aussi rappelé la participation de Hached à une conférence mondiale à San Francisco en 1951, où il prononça « un discours en anglais, malgré une maîtrise limitée de la langue ». Cette intervention illustre l’influence croissante de Hached sur la scène internationale.

Enfin, El Waer a expliqué avoir choisi de présenter les articles « dans un ordre chronologique, afin de mieux rendre compte de l’évolution de la pensée de Hached et de ses réflexions politiques », allant de ses premières années de lutte à son engagement contre les intérêts coloniaux français.