“Tahar Haddad: réformateur social et défenseur des droits de la femme tunisienne”, tel est le thème d’une conférence organisée, vendredi, par le Centre de recherches, d’études, de documentation et d’information sur la femme “CREDIF” en commémoration du 90e anniversaire de la disparition de Tahar Haddad, l’un des pionniers de la pensée réformiste en Tunisie.

Cette conférence a offert l’occasion aux participants parmi les universitaires, de mettre en lumière la pensée de Tahar Haddad, soulignant que ce grand penseur tunisien considéré comme le pionnier du féminisme, n’est pas seulement un défenseur des droits de la femme, mais porte aussi un projet de réforme global.

” Taher Haddad était connu en tant que défenseur des droits de la femme en Tunisie, mais a contribué également aux réformes et au changement du paysage culturel et institutionnel dans le pays” ont ils souligné.

Ils ont affirmé que Tahar Haddad avait façonné de manière cruciale le débat sur l’émancipation de la femme tunisienne dans une société réputée par son conservatisme, notant qu’il a été vivement attaqué par divers groupes (cheikhs de la Zitouna et des conservateurs) et isolé socialement, ce qui a fortement affecté son état de santé.

Le chercheur et écrivain Mohamed El May a souligné, dans une intervention intitulée ” Peut-on considérer Taher Haddad comme réformateur social”, que Haddad est porteur d’un projet réformiste global qui ne se limite pas à l’émancipation des femmes, mais inclut la défense des droits des travailleurs en Tunisie, illustrée dans son ouvrage “Les travailleurs tunisiens et le mouvement syndical”.

Il a noté que Haddad a abordé, dans ses essais et articles, plusieurs questions sociales  dans le cadre de son projet réformiste, mais n’a pas pu achever ce projet qui a été avorté par certains conservateurs, en raison d’une violente campagne lancée contre lui après la publication de son livre “Notre femme dans la charia et la société”.

De son côté, l’universitaire Mabrouk Manai a souligné que Tahar Haddad a rédigé plusieurs articles qui n’ont pas été publiés malgré la richesse de leur contenu.

“Haddad a critiqué dans un article la question de la polygamie et plaidé en faveur du droit des femmes à l’héritage, en s’appuyant sur une “interprétation moderniste du Coran” et “les principes universels d’équité et de justice”  tout en les adoptant au contexte temporel.

A cette occasion, la ministre de la famille, de la femme, de l’enfance et des personnes âgés Asma Jebri a salué le thème de cette conférence, affirmant que la valorisation des références sociales et intellectuelles et leur exploitation pour l’analyse des faits et la prospection de l’avenir ont pour effet d’élaborer des visions permettant de promouvoir la société à la lumière des mutations démographiques et culturelles.

Par ailleurs, la directrice générale du CREDIF Sonia Ben Jemii, a annoncé le lancement d’une initiative scientifique visant à collecter les photos et les biographies des hommes Tunisiens ayant défendu les droits de la femme tunisienne entre 1856 et 1956.

Il convient de rappeler que Tahar Haddad, né à Tunis en 1899, a grandi dans un milieu populaire. Ecrivain politique et social, il est considéré comme l’un des précurseurs de la pensée éclairée en Tunisie et dans le monde arabe.