
Le pays cherche alors à consolider sa position dans la région euro-méditerranéenne tout en anticipant les transformations sectorielles à venir.
Revisiter ces archives permet de comprendre les dynamiques qui, vingt ans plus tard, influencent encore les débats actuels : diversité économique, stratégie d’attractivité, place du numérique, rôle du secteur privé. Pourquoi revenir sur cette période ? Parce qu’elle révèle les fondations politiques et économiques qui façonnent toujours l’environnement tunisien contemporain.
Économie, tourisme et communication : les grands dossiers tunisiens en 2002–2003
Un secteur textile en quête de repères
À Bruxelles, la conférence dirigée par Pascal Lamy ouvre un débat sur l’avenir du textile après le démantèlement de l’Accord Multifibres prévu en 2005. Mondher Zenaidi représente la Tunisie aux côtés de professionnels et d’organisations patronales. Les discussions rappellent le poids stratégique d’un secteur exposé à la concurrence internationale et à une libéralisation appelée à s’accélérer. Les participants s’interrogent sur les outils capables d’accompagner cette transition.
Vers un espace arabo-méditerranéen intégré
Quelques mois plus tôt, la Tunisie participe à la signature de la Déclaration d’Aghadir avec le Maroc, la Jordanie et l’Égypte. Le projet prévoit la mise en place progressive d’une zone de libre-échange avant le 1er janvier 2006. L’accord met en avant la complémentarité industrielle et la volonté d’attirer davantage d’investissements extérieurs. Il inscrit la coopération commerciale dans un cadre régional structuré.
Tourisme : élargissement de l’offre et ancrage régional
Le tourisme fait l’objet d’initiatives multiples. À Hammamet, le premier Salon nautique international réunit près de 100 exposants tunisiens et européens. L’événement vise à renforcer les contacts d’affaires et signale une volonté d’élargir l’offre au-delà du balnéaire classique.
À Tanger, la participation tunisienne à Meditour 2003 confirme cette dynamique. Le forum rassemble 850 professionnels et se conclut par la signature de 22 accords de coopération par des entreprises tunisiennes.
En parallèle, la Conférence nationale sur le tourisme intérieur cherche à consolider le marché local. Les participants adoptent un Code de déontologie prévoyant des prix préférentiels pour les agences et des services adaptés à la clientèle tunisienne.
Investissement et technologies : renforcer l’attractivité
À Berlin, un séminaire organisé par la Fipa met l’accent sur l’investissement direct allemand. Les échanges soulignent l’importance d’intégrer l’économie tunisienne dans les flux européens.
Sur le plan technologique, la conférence internationale sur l’IPv6 réunit experts tunisiens et étrangers. Les discussions portent sur le protocole Internet de nouvelle génération et sur ses implications techniques et stratégiques pour la région.
Ouverture médiatique et essor du mobile
L’année est marquée par deux lancements majeurs. Mosaïque FM devient la première radio privée du pays et commence à émettre sur le Grand Tunis après la signature de sa convention.
Quelques mois plus tôt, Tunisiana, premier opérateur privé de téléphonie mobile, met fin aux listes d’attente pour l’obtention d’une ligne.
Dynamique institutionnelle, culturelle et sportive
La Banque africaine de développement choisit Tunis comme siège provisoire pour au moins deux ans, décision perçue comme un signe de confiance institutionnelle.
Le décès du peintre Hatem El Mekki rappelle la place centrale d’une œuvre reconnue pour sa modernité plastique.
Sur la scène sportive, la Tunisie présente à Zurich son dossier de candidature au Mondial 2010, accompagné d’un film mettant en avant infrastructures, tourisme et tradition footballistique.
Vingt ans plus tard : regards croisés
Certaines évolutions annoncées en 2003 ont trouvé un prolongement clair. La libéralisation du textile, par exemple, a profondément remodelé la chaîne de valeur régionale. D’autres ambitions, notamment en matière d’intégration euro-méditerranéenne, ont connu des trajectoires plus contrastées.
Le lancement de Mosaïque FM et de Tunisiana préfigure l’ouverture médiatique et la transformation numérique des années 2010. Quant au tourisme, la diversification amorcée en 2003 reste un enjeu central en 2025, notamment face aux fluctuations géopolitiques régionales.
Conclusion
Ce retour en arrière montre une Tunisie engagée dans une dynamique d’ouverture économique et d’innovation institutionnelle. Les archives éclairent les continuités et les ruptures de 2025 : diversification, attractivité, mutation numérique. Elles rappellent surtout que chaque avancée repose sur des choix politiques inscrits dans le temps long.


