Les vendeurs à découvert suscitent souvent la méfiance des investisseurs particuliers. Ils parient sur la baisse des actions que ces derniers soutiennent. Pourtant, Michael Burry échappe en grande partie à ce rejet. L’investisseur rendu célèbre par « The Big Short » bénéficie d’une attention singulière, malgré des paris réguliers contre certaines des actions les plus populaires du marché.
Une notoriété entretenue depuis 2008
Le fondateur de Scion Asset Management a bâti sa réputation en anticipant la crise financière de 2008. Ses gains de 700 millions de dollars pour ses clients et d’environ 100 millions de dollars pour lui-même ont marqué durablement les esprits. Son succès s’est construit au détriment des grandes banques de Wall Street, souvent critiquées sur les forums d’investisseurs particuliers. Cette dimension contribue encore aujourd’hui à la perception positive dont il bénéficie.
Alors que des vendeurs à découvert comme Andrew Left ou Gabe Plotkin ont été pris pour cible en ligne, Burry semble échapper à cette hostilité. L’intérêt mondial pour son nom a progressé de 769 % ce mois-ci, selon l’outil Google Trends Glimpse. La fermeture de son fonds cette semaine a ravivé les spéculations sur ses intentions futures.
Une figure singulière dans l’écosystème financier
Michael Brown, chercheur chez Pepperstone, souligne que Burry « parle le langage de l’investisseur particulier », notamment en allant contre le consensus. Sa présence sur les réseaux sociaux contribue à cette image. Depuis son retour sur X, il publie des mèmes Star Wars et répond à des rumeurs personnelles, ce qui contraste avec le style plus conventionnel d’autres acteurs du marché.
Burry a également évoqué son œil de verre et son diagnostic de syndrome d’Asperger dans un entretien de 2010. Ces éléments façonnent une perception d’authenticité qui renforce l’adhésion d’une partie du public.
Un penseur dissident, suivi mais contesté
Les publications de Burry alimentent régulièrement les discussions en ligne. Il met souvent en garde contre de nouvelles bulles spéculatives, ce qui nourrit les théories des investisseurs particuliers. Les réactions restent toutefois partagées. Sur Reddit, certains s’interrogent sur l’efficacité de ses paris, tandis que d’autres ironisent sur sa tendance à annoncer un krach imminent.
Selon Brown, une partie des investisseurs continuera à le considérer comme une figure de référence, même si ses positions ne se révèlent pas toujours gagnantes. Les inquiétudes croissantes autour d’une possible bulle boursière donnent aujourd’hui plus d’écho à ses avertissements.
Une posture assumée dans un marché inquiet
Burry rappelle régulièrement qu’il avait alerté avant la crise de 2008. Dans une publication de 2021, il affirmait que ses avertissements n’avaient pas été entendus. Il a récemment changé son nom de profil en « Cassandra Unchained », référence à la prophétesse grecque condamnée à être ignorée malgré ses prédictions exactes.
Pour David Morrison, analyste chez Trade Nation, ces messages trouvent un écho particulier à l’heure où les investisseurs questionnent la solidité des valorisations liées à l’IA. Ses prises de position alimentent ainsi le débat sur le niveau réel des risques dans un marché en pleine effervescence.
A propos de la Vente à découvert
La vente à découvert est une stratégie d’investissement qui consiste à parier sur la baisse du cours d’une action.
L’investisseur emprunte un titre auprès d’un courtier, le vend immédiatement sur le marché, puis cherche à le racheter plus tard à un prix inférieur. La différence entre le prix de vente initial et le prix de rachat représente le gain potentiel.
Si le cours monte au lieu de baisser, l’investisseur subit une perte, puisqu’il doit tout de même restituer le titre emprunté.
Cette pratique expose donc à un risque potentiellement illimité. Elle reste courante dans les fonds spéculatifs et dans certaines stratégies de couverture.
Une notoriété entretenue depuis 2008

