Exportations FruitsUne remarque : depuis, deux ou trois années, les consommateurs tunisiens se plaignent des prix trop élevés des fruits de saison(à l’exclusion ici des produits de terroir classiques (huile d’olive, dattes, grenades, agrumes,  fruits de mer..). Même l’Organisation tunisienne pour informer le consommateur (OTIC) est du même avis. L’argumentaire de l’OTIC est particulièrement convaincant. Elle estime que cette hausse des prix n’est aucunement justifiée au regard du rapport  coût de production/ prix de vente en détail.

Une explication possible : l’exportation

En dépit de cette analyse, une autre explication est avancée. Le gouvernement tend à exporter davantage de fruits afin d’obtenir des devises pour financer les importations et le service de la dette. Cette stratégie s’inscrit dans un contexte marqué par le refus du FMI d’accorder des facilités de paiement et par un quasi-embargo financier extérieur. La Tunisie rencontre ainsi de grandes difficultés à accéder aux marchés financiers internationaux, et lorsqu’elle obtient des crédits, c’est souvent à des taux élevés, comme avec l’Afreximbank.

Le rôle du GIF dans l’export

Concernant les fruits, le Groupement interprofessionnel des fruits (GIF) s’est chargé de l’exportation, mettant en avant la qualité reconnue des produits tunisiens. Cela explique leur forte rémunération à l’export et, par effet d’entraînement, leur cherté sur le marché intérieur. En 2025, la Tunisie a exporté durant les sept premiers mois pour 96,3 MD. Ces recettes apparaissent désormais dans les statistiques officielles du commerce extérieur.

Croissance des exportations en 2025

Selon le GIF, les exportations de fruits tunisiens ont connu une croissance significative en 2025 grâce à de nouveaux débouchés et une demande accrue pour les produits à haute valeur ajoutée. Du 1er janvier au 15 août 2025, la Tunisie a exporté 24 000 tonnes de fruits pour une valeur de 96,3 MD, contre 20 600 tonnes et 64,1 MD à la même période en 2024.

  • Libye : premier client, avec 20 200 tonnes pour 57 MD, contre 16 300 tonnes et 45,2 MD en 2024.
  • Émirats arabes unis : deuxième rang avec 775 tonnes pour 13,8 MD.
  • Nouveaux marchés : Inde (5,2 MD) et Qatar (2,5 MD).
  • Partenaires traditionnels : la France (1 031 tonnes pour 2,7 MD) et l’Italie, en baisse (886 tonnes contre 2 482 tonnes en 2024).

Les exportations concernent particulièrement la pastèque et les fruits à noyaux (abricots et pêches).

La performance de Gabès

Mention spéciale pour la région de Gabès, qui a particulièrement progressé en matière d’exportation de primeurs. Selon le commissariat régional au développement agricole, les exportations de primeurs géothermiques ont augmenté de 51 % en 2024–2025 par rapport à la campagne précédente.

Les quantités exportées ont atteint 36 397 tonnes contre 24 175 tonnes la saison passée. Elles proviennent d’une superficie exploitée par neuf entreprises et un groupe de 49 petits agriculteurs dans la région de Ben Ghilouf, à El Hamma Ouest. La superficie cultivée était de 183 hectares.

Le secteur des primeurs géothermiques, concentré à El Hamma, El Hamma Ouest et El Hicha-Bouderf, reste l’un des plus prometteurs du gouvernorat. Une dynamique renforcée par de nouveaux investissements, dont l’extension du projet « Farhat El Hicha » à Bouderf. Ce partenariat tuniso-néerlandais prévoit 10 hectares de serres pour la tomate cerise, pour un investissement de 35 MD.

Une question éthique en suspens

Au-delà de cette percée à l’export, une question d’éthique se pose. Les Tunisiens ne méritent-ils pas de consommer ces fruits à des prix acceptables ? Si la tendance se poursuit, les consommateurs, déjà fragilisés par un pouvoir d’achat en baisse, risquent de ne plus avoir accès à leurs propres produits.

C’est, tout simplement, dramatique et  affligeant !!!.

ABOU SARRA

Indicateurs clés

  • 96,3 MD : valeur des exportations de fruits du 1er janvier au 15 août 2025.
  • +51 % : hausse des exportations de primeurs géothermiques à Gabès en 2024–2025.
  • 20 200 tonnes : exportées vers la Libye en 2025.
  • 13,8 MD : recettes issues des exportations vers les Émirats arabes unis.