Le Musée d’Art Contemporain et Moderne de Tunis (MACAM Tunis) inaugure, ce vendredi, à son siège à la Cité de la Culture, une exposition des expositions collective temporaire intitulée « Illuminations contemporaines », dédiée à la vitalité de la scène artistique tunisienne.

Plus de 70 œuvres appartenant au Fonds national d’arts plastiques, sont visibles à cette première exposition de la saison artistique 2025-2026 qu’abrite la salle des expositions temporaires, située au 3ème étage de Macam Tunis, offrant durant plus de trois semaines un large panorama des démarches contemporaines en Tunisie à travers les travaux d’une cinquantaine d’artistes plasticiens.

Approche scénographique d’«Illuminations contemporaines »

Organisée par le MACAM Tunis sous l’égide du ministère des Affaires culturelles, l’exposition est placée sous le commissariat d’Ahlem Bousandal, artiste-plasticienne et Directrice générale du Macam Tunis.

Au vernissage de l’exposition, marqué par la présence de certains artistes plasticiens, Bousandal a déclaré à la TAP, que cette nouvelle exposition vise à mettre en valeur et promouvoir le patrimoine national d’arts plastiques dans toute sa richesse et sa variété.

Pensée comme un parcours ouvert, la scénographie invite le public à découvrir un espace esthétique où se croisent abstraction et engagement sociétal. Les œuvres exposées reflètent les mutations formelles qui traversent aujourd’hui la création plastique, tout en donnant à voir la profondeur des questionnements conceptuels des artistes.

Les œuvres de peinture, sculpture, céramique, photographie et d’art contemporain, présentées dans cette exposition, traduisent des sensibilités diverses allant de la recherche esthétique au questionnement philosophique des transformations profondes dans le pays.

Les œuvres exposées sont réalisés par les artistes suivants : Mejed Zalila, Insaf Saada, Aïcha Filali, Yassine Kalala, Nesrine Lamine, Mohamed Ghassen, Mahdi Kriaa, Mourad Ben Brika, Walid Zouari, Saif Eddine Ben Hadmed, Hamda Saidi, Zakaria Chaibi, Wissem El Abed, Salwa Aydi, Sarhana Kolsi, Faycel Mejri, Imed Jmaiel, Najet Dahbi, Mofida Ghodhbene, Feten Chouba, Nadia Jelassi, Hssine Mssadak, Samir Makhlouf, Omar Ben Brahim, Tarak Souissi, Mohamed Sami Bchir, Adnen Hadj Sassi, Mejri Thameur, Taher M’guedmini, Rachida Amara, Rym Karoui, Nizar Megdiche, Sarra Ben Attia, Chahrazed Fekih, Lynda Abdellatif, Besma H’lel, Amor Ghdamsi, Amira Mtimet, Mohamed Amine Inbouli, Meriem Bouderbala, Awatef Bejaoui, Mohamed Ben Soltan, Noureddine Jgirim, Khaled Abida, Sawsen Laouiti, Chahla Soumer, Mohamed Bouaziz, Mouna Jemal Siala, Najet Gherissi, Khaouter Jellazi, Abdelhamid Hajjem et Ilhem Sbaiii.

L’exposition devra être enrichie d’une autre sélection d’oeuvres contenues dans ses réserves, a annoncé la curatrice assurant que le Catalogue de l’exposition, – indispensable outil pour l’exploration des œuvres -, “devra être édité dans les prochaines semaines”.

Pleins feux sur le sculpteur Abdelhamid Hajjem

En parallèle à l’exposition, le Macam Tunis rend un hommage posthume au sculpteur Abdelhamid Hajjem (13 novembre 1940 – 12 mars 2025) décédé au terme d’un riche parcours artistique entamé dans les années soixante. Il a notamment exposé en Tunisi, en Suisse, aux Pays-Bas, en Allemagne…

Placées à l’entrée de la salle des expositions temporaires, les œuvres de Feu Hajjem témoignent d’un langage artistique singulier où la matière devient mémoire et émotion.

Au milieu de l’espace qui lui a été réservé, le visiteur peut observer une trilogie de couleurs à travers trois sculptures de taille moyenne dont deux en marbre blanc et noir : “Femme allongée” et “Femme se coiffant”, créant un contraste entre le noir, synonyme de puissance et d’obscurité et le blanc symbolisant la pureté et la lumière. Baptisée “Maternité », la troisième est une sculpture en bois, de couleur, marron synonyme de terre et d’authenticité, mettant en scène une femme et son enfant, ”

Des séquences vidéo présentent une sélection des oeuvres du sculpteur et des extraits de ses interviews parus dans les médias. Une courte biographie retrace également son parcours et rappelle la contribution majeure de cet artiste, originaire de la ville de Sfax, à la scène contemporaine.

Diplômé de l’École des Beaux-Arts de Tunis et de l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris (gravure en médaille et sculpture), feu Hajjem est lauréat de distinctions à l’échelle nationale et internationale avec notamment le prix Sculpture du président de la république disparu, Habib Bourguiba, en 1979, pour une sculpture réalisée en collaboration avec feu Zoubeir Turki.

Macam Tunis : une vitrine de la scène picturale nationale

Inauguré le 20 mars 2018 à l’occasion de l’ouverture de la Cité de la culture, le Macam Tunis est un musée unique dédié à toutes les formes d’arts plastiques et visuels en Tunisie, avec pour mission de rassembler le patrimoine pictural tunisien, le restaurer, le conserver, l’étudier et le partager, en plus de promouvoir les expériences visuelles et plastiques contemporaines.

Le Macam est composé notamment d’une grande salle d’exposition semi-permanente, d’une deuxième salle d’exposition temporaire et d’une galerie d’art moderne et contemporain (Galerie MAKAM), ainsi que d’un hall d’accueil aménagé en circonstances pour abriter divers événements. Il dispose d’une réserve dédiée au stockage des collections d’un atelier d’assistance technique et d’un atelier de restauration, aménagés sous des conditions de conservation hautement étudiées.

En septembre 2022, suite à son inauguration officielle, le musée avait abrité, sur cinq mois, une exposition rétrospective grandiose explorant l’histoire de l’art et l’expérience plastique en Tunisie sur plus d’un siècle et demi. « Arts plastiques en Tunisie : voyage avec le Fonds national (1850 – 2021) » présentait près de 400 œuvres de peinture, sculpture, céramique, photographie et d’art contemporain, appartenant à différents courants, mouvements, écoles et périodes notoires de l’histoire récente des arts plastiques en Tunisie.

« Illuminations contemporaines » s’inscrit également dans une continuité historique, retraçant le cheminement de générations d’artistes qui ont contribué, chacun à leur manière, à façonner l’identité visuelle tunisienne. Quoique les œuvres exposées soient moins importantes que celles de 2022, la richesse des styles, des techniques et des approches illustre un paysage artistique en perpétuel renouvellement.

Plus qu’une vitrine pour la dynamique de la scène picturale locale, cette première exposition de la saison se veut un espace de réflexion et de questionnement sur les frontières de l’expression artistique et la place que pourrait occuper l’art dans une société en pleine mutation.