Une famille tunisienne de quatre personnes doit disposer d’environ 3 448 dinars par mois, hors loyer, pour couvrir ses besoins essentiels. C’est ce qu’a rappelé Lotfi Riahi, président de l’Organisation d’Ershad al-Moustahlik, dans une interview à Express FM. Cette estimation intègre les dépenses de base : alimentation, transport, santé, éducation, habillement, culture et loisirs.
Un écart marqué entre revenus et besoins
Face à ce chiffre, la réalité salariale est bien différente. Le salaire moyen s’élève à 924 dinars, soit moins du tiers du revenu jugé nécessaire pour vivre décemment. Seule une minorité de travailleurs dépasse les 3 000 dinars par mois, accentuant les inégalités sociales. Pour de nombreux ménages, la fin du mois se traduit par des arbitrages douloureux entre besoins prioritaires.
Inflation et pouvoir d’achat sous pression
La situation est aggravée par une inflation persistante. La hausse des prix n’a pas été accompagnée d’une augmentation équivalente des salaires, en particulier dans le secteur privé. Le secteur public a enregistré une légère progression, mais insuffisante pour compenser la perte de pouvoir d’achat. Le décalage entre revenus et dépenses essentielles accentue la précarité des classes moyennes et populaires.
Études et méthodologie
Ces chiffres s’appuient sur une étude participative menée par des instituts européens et tunisiens. L’objectif : définir un “panier minimal de biens et services” garantissant une vie digne. En 2019, ce panier de consommation s’élevait à 2 400 dinars. Avec une inflation estimée à 8 % par an, son coût aurait atteint 3 168 dinars en 2024. Les 3 448 dinars avancés aujourd’hui témoignent de la poursuite de cette tendance.
Un signal pour le débat social
Au-delà des chiffres, cette analyse illustre la difficulté croissante des ménages à joindre les deux bouts. Elle alimente le débat sur l’équilibre entre salaires, prix et dignité sociale. Pour les défenseurs des consommateurs, l’enjeu est clair : mettre en place des mécanismes permettant d’atténuer le fossé entre revenus et coût réel de la vie en Tunisie.