Sans institutions et sans cadres législatifs adéquats, des politiques environnementales adaptées et une collaboration étroite entre les pays de la régions, la protection des côtes méditerranéennes contre des risques multiples de pollution, d’érosion marine et d’autres vulnérabilités causées par les changements climatiques, risque d’être entravée, constatent les intervenants à la Journée Méditerranéenne du littoral (Coast Day 2025), célébrée, jeudi, à Gammarth (banlieue nord de Tunis).

Lors de cette journée organisée par l’Agence de protection du littoral (APAL), le Programme des nations Unies pour l’environnement (PNUE) et le Plan d’action pour la méditerranée et le centre d’activité régionales pour le programme d’actions prioritaires (CAR/PAP), sous l’égide du ministère de l’environnement et estimée à 150 millions de personnes, va continuer de croitre et d’augmenter encore de 20 à 30 % d’ici le milieu du siècle.

Avec les 400 millions de touristes qui visitent la méditerranée chaque année, selon l’OMT, une pression énorme sera exercée davantage sur des ressources naturelles limitées et fragiles.

Des projections alarmantes issues d’un récent rapport du Plan bleu du PNUE/PAM, illustrent la gravité de la situation. La hausse des températures en Méditerranée devrait dépasser 2°C d’ici 2040, ce qui témoigne d’un réchauffement de la région bien plus rapide que la moyenne mondiale.

Cette donne entrainera un environnement marin radicalement modifié ainsi que des sécheresses, des inondations et des vagues de chaleur plus fréquentes. Une élévation du niveau de la mer de 40cm rendra la protection côtière extrêmement difficile dans de nombreuses zones, ce qui nécessitent une coopération plus étroite et plus rapide pour des côtes plus résilientes, confirment les intervenants.

Elyes Hamza, directeur du Centre d’activités régionales pour le programme d’actions prioritaires (CAR/PAP), qui intervenait à cet évènement,  a évoqué quatre premières menaces qui pèsent sur les côtes méditerranéennes.

Il s’agit de la pression et la surexploitation des ressources marines, dans la mesure où 73% des espèces commerciales sont surexploitées par de biais de pratiques destructives pour leurs habitat, la pollution terrestre et maritime (hydrocarbures, déchets urbains..)- 600 mille tonnes de plastiques sont rejetées chaque année dans la  Méditerranée, dont 55% résident dans le fond marin, les émissions de gaz à effet de serre (GES) et les effets des changements climatiques, dont, entre autres l’invasion de 1000 espèces non indigènes, parmi lesquelles 73% se sont installées pour le long terme.

“Tout le paysage marin est en train de se transformer à cause de l’activité humaine et de l’aménagement urbain qui réduit les habitats endémiques, dont celui des herbiers de posidonie”, a-t-il dit, relevant que “les aires marines protégées sont à la fois à conserver et à observer, pour évaluer  l’impact de l’homme et du climat sur le littoral et le milieu marin, pour identifier des solutions et pour que les parties prenantes adhèrent aux propositions et adoptent les recommandations des études scientifiques”.

Selon le responsable, pour plus d’efficience, il est indispensable d’associer les populations et les acteurs locaux qui vivent sur les côtes aux processus de protection du littoral engagés par les institutions et les acteurs régionaux.

Mehdi Ben Haj, directeur général par intérim de l’APAL est revenu lors de cette journée, sur les interventions de l’APAL, qui pilote les efforts de gestion intégrée des zones côtières et les actions de protection du littoral.

Pour lui, “la résilience côtière est un besoin non seulement environnemental, mais aussi socio-économique. Face à des défis majeurs dus au changement climatique, il faut agir ensemble et travailler de concert pour réaliser les objectifs escomptés”.

Les actions de l’APAL et les démarches engagées en Tunisie pour la protection du littoral et en matière de conservation ont été, par ailleurs, louées, par des acteurs régionaux, lors de cette journée.

“Nous sommes très reconnaissants pour la Tunisie, pour les efforts qu’elle déploie en matière de protection de ses côtes. La question de la résilience côtière n’a jamais été aussi cruciale dans notre région et ce que fait un pays peut servir pour toute la région”, a déclaré Tatiana Hema, coordinatrice du PNUE/PAM.

Christina Haffner Sifakis, représentante de MedProgramme est allée jusqu’à dire que “la Tunisie est pionnière dans  la mise en Å“uvre d’actions pour la protection du littoral”, recommandant, en outre, de tirer des leçons des projets crées dans chaque pays de la région pour davantage d’efficience et un impact plus concret.

Daria Povh Skugor, directrice du CAR/PAP a, de son coté, souligné que pour rendre les côtes plus résilientes et les protéger contre les diverses menaces, il est nécessaire de travailler “main dans la main, dans le cadre de la coopération entre les divers acteurs (populations, scientifiques, entreprises, pêcheurs et toutes les institutions impliquées)”.

Selon un récent rapport du Plan Bleu, la Méditerranée est la zone marine la plus polluée par les plastiques au monde, soit 8 fois plus que la moyenne mondiale. Les rejets de plastique en mer devraient être multipliés par 1,5 à 2, en 2050. selon l’OCDE.

Ont pris part à la journée  tenue sur le thème “institutions méditerranéennes pour la résilience côtière”, les données exposées montrent que la population côtière de la région, plusieurs acteurs nationaux et régionaux et représentants d’institutions onusiennes actives dans la protection du littoral méditerranéen.

La célébration de la Journée méditerranéenne du littoral s’inscrit dans le cadre de la Convention de Barcelone pour la protection de la mer Méditerranée contre la pollution, adoptée le 16 février 1976 à Barcelone et est entrée en vigueur en 1978.