Ras Jebel, petite ville accrochée aux contreforts du cap de Bizerte (Nord de la Tunisie), déploie sa médina comme un livre ouvert sur l’histoire de la ville. Ses ruelles étroites sont bordées de maisons traditionnelles dégageant un parfum d’authenticité et de mosquées andalouses blanchies à la chaux.
“Ras Jebel” est une combinaison de deux mots en arabe: “Ras” qui signifie sommet ou extrémité, et “Jebel” qui désigne la montagne. L’appellation signifie ainsi le point culminant ou l’extrémité d’une chaîne montagneuse, ce qui correspond à l’emplacement de la ville à l’extrémité de la chaîne de l’Atlas.
Ici, le quotidien s’écoule au rythme des pas pressés des habitants, des appels des marchands et du tintement métallique des artisans, qui résistent aux changements et conservent leur savoir-faire artisanal.
La médina de Ras Jebel n’est pas seulement un vieil espace urbain, elle est l’âme vivante de la ville. Ses origines remontent à plusieurs siècles, lorsque la cité s’est développée autour d’un noyau ancien, façonné par les influences culturelles venues de la Méditerranée, alliant héritage arabo-musulman et ouverture maritime. Chaque ruelle de ce lieu de mémoire raconte un fragment d’histoire : celle des marchés animés, des fêtes populaires et des veillées familiales qui ont rythmé la vie des habitants de Ras Jebel.
Mais derrière le charme des vieilles pierres, se pose aujourd’hui la question de la préservation et de la revitalisation.
Projet de régénération du centre ancien
Consciente des défis, la municipalité de Ras Jebel se penche sur un projet de régénération et de valorisation de son ancien centre urbain, lancé en février 2024 et actuellement en phase d’études.
Doté d’un budget d’environ 5,8 millions de dinars, ce programme s’inscrit dans le cadre national de régénération des centres anciens (PRCA), avec l’appui de l’État, de l’Agence française de développement (AFD) et de la Banque européenne d’investissement (BEI), a fait svoir, Ibtissem Rezgui, secrétaire générale chargée de la gestion de la commune.
L’objectif est double, précise-t-elle : préserver l’identité séculaire de la médina tout en améliorant la qualité de vie de ses habitants.
Concrètement, selon elle, le projet prévoit la mise à niveau des infrastructures de base (eau potable, assainissement, enfouissement des réseaux, voirie) et la restauration du patrimoine bâti.
Pour l’aspect culturel et artisanal, la secrétaire générale a souligné que la municipalité a décidé d’allouer une enveloppe de 1,1 million de dinars pour la rénovation et le réaménagement du centre, autrefois connu sous le nom de « Dar El Bey », qui abritera les expositions culturelles et artisanales de la ville.
Des projets urbains pour toute la ville
Ras Jebel mise également sur d’autres projets d’envergure qui concernent l’ensemble de la ville, ajoute Sondes Fnaiech, cheffe du service des biens communs et des litiges.
Elle a, dans ce sens, affirmé que les services municipaux ont entamé les travaux de mise en place de 1000 points lumineux LED, dont 30 % du coût est pris en charge par l’Agence nationale pour la maîtrise de l’énergie, afin d’améliorer l’éclairage public et la sécurité nocturne, tout en promouvant l’efficacité énergétique.
Par ailleurs, un projet mené en partenariat avec la commune de Colombes en France prévoit la plantation de 500 bigaradiers dans tous les quartiers de Ras Jebel.
Cette initiative vise à embellir la ville tout en renforçant sa couverture végétale, contribuant ainsi à la protection de l’environnement et au bien-être des habitants.
Grâce aux efforts des services municipaux en collaboration avec la société civile, Ras Jebel a été l’une des cinq villes tunisiennes récompensées pour la qualité de son environnement en 2025, aux côtés de Aïn Jaloula, Saned, Bir Lahmer et Lamta.
À travers ces initiatives — modernisation urbaine, régénération patrimoniale et reconnaissance environnementale — Ras Jebel se réinvente, confirmant que tradition, modernité et qualité de vie peuvent coexister harmonieusement dans toute la ville.